Pour le cours privé qu’Ajartiel avait promis à Dieter (genre 11 mois auparavant, ça allait, il était pas siiiii en retard dans sa promesse), le Chef des Anges avait demandé l’aide d’une de ses amies chez les Vampires : Vay.

Vay était belle, ce n’était même pas sujet à débat. Transformée dans la fleur de l’âge (probablement vers 17 ou 18 ans), son visage pâle aux traits fins demeurait dépourvu de la moindre ride malgré ses quelques centaines d’années de vie réelle. Merci l’immortalité. Elle avait des yeux vert clair et de long cheveux blonds qui cascadaient normalement jusque dans le bas de son dos, mais qu’elle avait, ce jour-là, tressés et remontés dans un chignon complexe. Pour l’occasion, elle avait également revêtit son uniforme de mission, y compris la veste et les gants.

Ajartiel aimait beaucoup Vay, pour autre chose qu’une question de physique. Oui, okay, il restait un homme et donc il n’était pas totalement insensible à certaines choses, mais Vay avait un truc en plus : Tous les deux nés à des époques pas trop loin, dans des régions plutôt proches, ils parlaient la même langue.

L’hongrois, comme beaucoup de langages exclusifs à peu de régions du monde, n’était pas très répandu à la CAT. Mais le pire, c’est qu’une langue, ça évolue. Et donc, entre le moment où Ajartiel était mort et celui où il était devenu un Ange... et ben ouais, les gens qui parlaient sa vraie langue maternelle pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Okay, il n’avait pas dû déployer des efforts surhumains pour réapprendre l’hongrois, mais parler sa langue sans que ce soit vraiment son dialecte... meh. C’était pas pareil. Il y avait eu Tallulah, mais... Nop ! Tallulah était un sujet qu’Ajartiel refusait d’aborder, même en pensées avec lui-même.

Donc voilà. Vay. Il ne la voyait pas tellement souvent, cette petite soeur, mais pour une fois qu’il trouvait une excuse. Parce qu’en plus, Vay connaissait Will ! Genre, ils n’avaient pas fait causette (Évidemment. Will ne parlait à personne.), mais elle avait déjà dû aider à le surveiller et à le maîtriser, une fois. Ce qui faisait d’elle l’une des personnes les mieux placées pour assister Dieter ! Parfois, la vie était sympa.

« Il évolue forcément lentement, c’est un Vampire. », argua Vay, dans leur magnifique langue natale à Ajartiel et elle, en parlant de Will.

« Il faut pas avoir une si mauvaise opinion des tiens, Vay. Les Vampires aussi sont assez intelligents pour apprendre des choses. La plupart du temps. », la taquina le Chef des Anges. Et il avait beau avoir un talent pour les langues, franchement, il n’y avait rien de tel que l’hongrois moyenâgeux !

Portant lui aussi son uniforme de mission (mais que le pantalon, les bottes et le gilet), Ajartiel était assis sur l’un des rares pupitres de la salle. Vay, qui était en train de déplacer une chaise pour l’amener tout au fond de la pièce et dégager le plus d’espace possible, s’arrêta une seconde pour tourner vers lui un regard blasé. Un léger sourire joua cependant sur ses lèvres, démontrant qu’elle n’était pas offusquée par la blague.

« J’ai confiance en monsieur Anderson. Moins en un Ange qui n’a même pas fini ses classes et ne participe pas encore aux missions. », contra la Vampire.

« D’où le fait qu’on doive lui venir en aide. Hey, je fournis les outils, moi. Les gens en font bien ce qu’ils veulent après. »

Ajartiel n’était pas (trop) inquiet. Dieter n’était pas non plus un petit nouveau. Il avait participé à une guerre de son vivant (Oui, le Magyar avait peut-être un peu lu les archives du jeune Braun finalement.), il s’impliquait dans la base, il progressait bien en classe... S’il voulait dompter des Vampires dans son temps libre, qui Ajartiel était-il donc pour juger ?

« Et encore moins en ce Vampire tordu. », termina Vay en revenant se tenir debout, bras croisés, devant l’Ange.

Ajartiel pouvait difficilement la contredire (ou, non, réalistement, il ne pouvait pas du tout la contredire), mais il n’en eut de toute façon pas l’occasion, car c’est à cette instant qu’apparu Dieter dans le cadre de porte laissée ouverte de la salle de classe des Anges.

« Dieter ! », s’exclama le Chef des Anges en lui faisant joyeusement signe de s’approcher. « Prêt à faire du sport ? »

En espérant qu’il n’ait pas eu trop à en faire pendant les onze derniers mois où il avait été abandonné à lui même... Mais Ajartiel n’avait rien vu à propos d’une seconde altercation entre Will et Dieter dans le dossier de ce dernier. Le jeune Ange devait avoir trouvé le moyen de faire profil bas.

[HJ : N'ayant pas vraiment de spécialisation en hongrois moyenâgeux, j'ai laissé tomber l'idée des traductions. Question de facilité, disons que quand des paroles sont en italique, c'est qu'elles sont en hongrois. =P]