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 Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin

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Léanne Cissé
Chef des Fées

Léanne Cissé

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MessageSujet: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 28 Déc - 14:55

Une semaine et un jour avaient passés depuis le bal du Solstice d’été. La chef des Fées avait pris l’après-midi de congé. Pas qu’elle avait pris la décision de se reposer, mais disons que son cousin l’avait forcé. Ils avaient donc passés un moment agréable ensemble. Après avoir pris un thé et des biscuits au salon, ils profitèrent du sauna et du spa adjacents à la salle d’entrainement. Séraphin avait vraiment insisté pour qu’ils relaxent. Léanne l’avait donc suivi, sachant que ça lui ferrait plaisir et espérant qu’elle réussirait à se détendre.

Et elle en avait besoin, de se détendre, même si elle ne l’admettrait jamais. Les semaines de préparation du bal et de l’après-bal avaient été demandantes et stressantes. La semaine qui venait de passer, elle, avait été décevante et remplis de questionnement. Elle avait essayé de parler avec Ajartiel pour s’excuser de la façon qu’elle l’avait traité au bal, après avoir perdue patience. Mais le chef des Anges semblait l’éviter. À plusieurs reprises, il s’était éclipsé avant qu’elle ait put lui adresser la parole et il été disparu à toute vitesse à la fin de la réunion des chefs. Inquiète par son comportement, elle craignait l’avoir trop blessé.

Heureusement, son après-midi au spa avec son cousin lui avait fait le plus grand bien. Elle avait réussi à se détendre et à oublier quelques-unes de ses préoccupations.

Après avoir profité du spa jusqu’à ce que leurs ailes soient bien ratatinées, les cousins soupèrent et puis allèrent à la hutte de la chef des Fées. Ils rirent en écoutant de la musique pendant que Séraphin défaisait méticuleusement les nombreuses tresses de Léanne. Le Fae quitta la hutte de sa cousine vers les 21h.

Une fois seule, Léanne se mit en pyjama et commença à se prépare pour se coucher tranquillement. Elle tressa ses cheveux en une grosse tresse qu’elle roula sur elle-même pour faire un chignon. Elle était contente d’avoir enlevé les rallonges de ses cheveux, elle sentait sa tête plus légère. Elle s’installa finalement dans son lit avec les dossiers de 2 nouvelles Fées qu’elle prévoyait lire. Elle hésita un moment et puis décida de déposer les documents pour plutôt aller cherche un roman graphique qu’elle avait reçu en cadeau il y avait plusieurs mois et qu’elle n’avait pas encore lu.

Elle était à moitié endormie en lisant lorsque l’on frappa à la porte. Confuse, elle se frotta les yeux et échangea un regard avec Lilou avant de se lever. Elle prit une couverture qu’elle utilisa pour se couvrir, puisqu’elle ne portait qu’un grand t-shirt et des sous-vêtements, et alla à la porte pour l’entrouvrir.

« Bonsoir? » fit-elle alors que ses yeux s’habituaient à la pénombre pour essayer de discerner qui se tenait devant elle.
Ajartiel
Chef des Anges

Ajartiel

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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 28 Déc - 18:13

Il arrivait parfois certaines situations si ostentatoires que le déni habituel d’Ajartiel envers la possibilité qu’il pu ressentir la moindre émotion négative se trouvait vaincu. La grandeur de la déraison qu’il employait dans sa recherche de distraction, pour garder son esprit occupé et ainsi s’empêcher de porter un regard sur une hypothétique douleur psychique, se corrélait alors avec la gravité de l’hypothétique douleur en question. Car il est évident que, si le déni ne fonctionne pas... il faut juste nier plus fort.

Le problème avec les distractions, c’est qu’elles périment généralement vite. Aussi s’agissait-il un peu d’une lutte, à savoir s’il parviendrait à rester inattentif à ses sentiments suffisamment longtemps de sorte que l’émotion négative (hypothétique !) s’estompe assez pour être faisablement niée. Il s’agissait d’une lutte, ou d’un course, parce qu’à un moment où à un autre, il lui fallait bien aller dormir... se retrouver seul avec lui-même... laisser son esprit libre d’exprimer toute l’imagination qu’il possédait, sous forme de pensées parasites... de rêves... de souvenirs... de cauchemars.

Depuis sa renaissance, Ajartiel avait des cauchemars. Probablement que n’importe quelle personne normalement constituée aurait jugé la chose prévisible et compréhensible au vu des circonstances, mais l’Ange n’avait jamais voulu se pencher sur l’analyse des pensées qu’il pouvait avoir dans son sommeil. Il s’était focalisé sur l’idée d’oublier et le phénomène nocturne désagréable s’était estompé avec le temps. Sauf que la plaie, même si elle n’était plus symboliquement hémorragique, n’était pas guérie. Il ne l’avait même jamais regardée en face pour essayer d’y poser un pansement métaphorique. Et donc, quand Ajartiel allait mal, son cerveau semblait prendre un malin plaisir à lui rappeler jusqu’à quel point. Comme les douleurs de l’arthrite qui augmentent lorsque vient le mauvais temps. (Yup. Meilleur analogie du monde.)

Quand Tallulah avait été tuée, la première vraie blessure que l’Hongrois ait subit depuis sa propre mort, il était complètement retourné en arrière et avait passé des jours (des semaines ?) sans pouvoir faire de nuit complète.

Lorsqu’il avait découvert le génocide des Fées, il s’était forcé à l’éveil pendant au moins deux jours, jusqu’à être dans un état de fatigue si avancé que son corps n’avait pas eu d’autres choix que de s’enfoncer dans un sommeil de plomb. Ça n’avait quand même été qu’une semi-réussite, parce qu’il avait dû se résoudre à retourner à un cycle de vie plus orthodoxe éventuellement... mais ça avait aidé.

Il avait ensuite vécu d’autres pertes... La plupart attribuables à la CAT et les foutues valeurs vertueuses qu’elle enfonçait dans la tête de ses membres. À chaque fois, il ne savait pas comment les gérer. À chaque fois, il devait masquer son irritabilité, camoufler son inconfort, faire des efforts pour aller bien. C’était épuisant, alors que ça aurait dû être plus facile, avec le temps. Non?

Et là... Là, Hannah était morte. Logiquement (parce que, oui, il en était rendu à cet extrême : à rationnaliser !), c’était une information qui n’aurait pas dû être si troublante. Bien qu’il ait décidé, près de deux ans plus tôt, d’ignorer la venue prochaine de cette éventualité, ce qui pouvait peut-être expliquer qu’elle ait un pseudo effet de surprise sur lui, il avait vécu sans Hannah pendant plus de quinze ans. Puis il l’avait revue, genre... une journée ? Bref, il n’y avait pas de raison que ça l’affecte, si le dicton "Loin des yeux, loin du coeur" avait le moindre fondement.

Peut-être que c’était parce que la mort d’Hannah était inacceptable.

Ou parce qu’on l’en informait avec des mois de retard.

Parce qu’Holly le détestait ?

... Ou parce que certaines des choses qu’Hannah avaient dites n’étaient peut-être pas si ridicules, maintenant que son décès forçait ces souvenirs dans son esprit ?

Ugh. Il n’était pas supposé réfléchir. Il avait décidé d’arrêter de réfléchir. Et aussi de dormir, parce qu’il était tout à fait conscient de ce qui l’attendait s’il fermait les yeux.

Ajartiel, et ses quelques vingt heures (ou trente... il ne gardait pas le compte) d’éveil consécutives derrière lui, s’était mis en tête d’aller voir Léanne. Elle était inexplicablement fâchée contre lui et il l’avait peut-être un peu volontairement évitée dans la dernière semaine, mais... elle accepterait de passer par-dessus ça, n’est-ce pas ? Il avait même apporté un cadeau de réconciliation !

Bon, okay, Léanne allait peut-être juste l’engueuler, mais c’était une distraction comme une autre. Il ne s’imaginait pas aller voir quelqu’un d’autre alors...

L’Hongrois toqua à la porte de la hutte de Léanne en refusant d’hésiter. YOLO. (Pour un Ange, devait-on dire YOLT ?)


« Bonsoir? », fit la chef des Fées en n’ayant pas l’air complètement réveillée.

« Hey ! », s’exclama joyeusement Ajartiel sans tenir compte de l’état d’esprit de Léanne. Et probablement un peu trop fort, mais, ça, il s’en rendit compte et reprit la parole en baissant un peu le volume.

« Est-ce que tu as envie de partager... », commença-t-il, laissant sa phrase en suspend pour regarder l’étiquette de la bouteille qu’il tenait. La lumière tamisée venant de l’intérieur de la hutte était juste suffisante pour qu’il puisse réaliser que c’était une bouteille de grenadine (et non de n’importe lequel des alcools forts espérés) qu’il tenait. Quoi ?

« C’est pour ça que Doug2 m’a regardé bizarrement... », marmonna-t-il pour lui même.

Il était passé par la discothèque pour piocher une bouteille au hasard, en se penchant par-dessus le comptoir. Il avait supposé que c’était pour ça (et/ou à cause de son air peut-être un peu fatigué) que le barman l’avait dévisagé. Il n’était pas resté pour vérifier, évidemment, vu que ce n’était pas tellement légal de piquer des bouteilles d’alcool à la discothèque.

Toujours est-il que, là, son beau plan tombait à l’eau. Merde. Plan B. PLAN B !

Avec une pointe de panique, Ajartiel se détourna de la bouteille et chercha le regard de Léanne.


« Uh... Okay... Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu acceptes que j’entre ? J’offre c’que tu veux. », proposa-t-il, étonnamment sérieux. Était-ce risqué de lui donner carte blanche ? Est-ce qu’il était à ce point désespéré ? Peut-être qu’il aurait dû utiliser un ton suggestif ou blagueur... Il n’y avait pas pensé. Zut. Ouais ben réfléchir c’est pas si facile quand on n’a pas dormi depuis au moins vingt-quatre heures.

« Grenadine ? », tenta-t-il d’une voix piteuse.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMer 30 Déc - 12:18

Alors que ses yeux s’habituaient à la pénombre, un « hey » jovial lui indiqua que son intru nocturne n’était nul autre qu’Ajartiel. Un mal de tête lui prit en réponse à la voix forte de l’Ange et elle plissa à demi les yeux en fronçant les sourcils pour essayer de le dissiper.

Son esprit embrumé essayait d’organiser ses pensées confuses. Elle ne comprenait pas ce qu’il faisait là. Et il était quelle heure? Est-ce qu’ils étaient rendus le matin? Elle se frotta les tempes pour combattre la douleur à sa tête et ne porta donc pas tout à fais attention à ce que disait le chef des Anges avec sa bouteille. Pourquoi il avait une bouteille? Elle essaya de se rappeler s’ils s’étaient donné rendez-vous avant le bal et qu’elle l’avait oublié après leur « dispute » et le fait qu’il l’évitait dans la dernière semaine. Mais rien ne lui vint. Elle jeta un coup d’œil pardessus son épaule à Lilou pour le questionner du regard et il répondit : Ne me regardes pas, je ne sais pas plus ce que cet idiot fait ici.

« Grenadine? » fit Ajartiel, forçant Léanne à sortir de ses pensées et reporter son attention sur lui.

Ses idées commençaient à se structurer. Il n’était pas là suite à un ancien rendez-vous et clairement pas pour le travail. Il n’était pas fâché, mais plus la Fée l’observait et plus elle trouvait que quelque chose clochait chez lui.

Subitement, elle prit le poignet de la main libre de l’Ange et l’entraina à l’intérieur de sa hutte, jetant un coup d’œil dehors avant de fermer la porte. Pas qu’il ne courait pas déjà des rumeurs sur leur relation, mais bon valait mieux être prudent et elle n'avait heureusement vu personne.

En se retournant vers lui, elle le guida plus doucement vers le lit pour qu’il s’y assoit. Bon, ce moment était mieux que jamais pour lui présenter les excuses qu’elle essayait de lui offrir depuis le soir du bal. Elle prit la chaise à son bureau et l’apporta devant l’Ange pour s’asseoir face à lui.

Elle prit la bouteille de grenadine des mains du Hongrois et la déposa au sol. Elle prit ensuite une grande inspiration et le regarda droit dans les yeux.

« Ajartiel, je m’excuse si, le soir du bal du solstice, mes mots t’ont été blessants et mon ton sec. Ce n’était pas le bon moment, ni la bonne façon de te parler de ça. S’il-te-plaît, est-ce que tu peux me pardonner? » dit-elle doucement en récitant les mots qu’elle avait pratiqués dans sa tête depuis une semaine pour le moment où elle allait pouvoir lui parler.

Beuh, moi je trouve que tu as été trop gentille avec lui. C’est cet emplumé qui devrait s’excuser! Il est vraiment le pire des idiots de t’éviter et il ne mérite pas ton attention, fit Lilou bougon dans son coin.

Léanne leva on regard sombre vers lui.

« Lilou, sort. » dit-elle sur un ton sans équivoque en pointant le petite sortie pour Totem de la hutte.

Je voulais partir depuis qu’il est arrivé de toute façon
, ajouta-t-il en se dirigeant vers la dite sortie.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMer 30 Déc - 20:46

Ajartiel regarda Léanne le regarder la regarder. Cette phrase donnait plus mal au coeur que l’idée de boire de la grenadine en shooters, tiens...

L’air affiché par la chef des Fées était indéchiffrable et l’Hongrois en était à conclure qu’elle allait probablement juste refermer la porte en l’ignorant, quand elle lui attrapa plutôt le poignet pour l’entraîner à l’intérieur de la hutte. Son cerveau fatigué enregistra l’information avec un cran de retard et Léanne était déjà en train de le guider (plus gentiment, tout de même) vers son lit. Il s’y assit docilement, quoique profondément incrédule. Qu’est-ce qui était en train de se passer exactement ?

La Fée ne le rejoignit pas sur le lit (Meh... Il avait eu un espoir, le temps d’une seconde...), allant plutôt chercher une chaise pour venir s’asseoir bien en face de lui. Elle lui prit la grenadine des mains, abandonna la pauvre bouteille sur le sol, puis le fixa avec un sérieux qui faisait peur.


« Ajartiel, je m’excuse si, le soir du bal du solstice, mes mots t’ont été blessants et mon ton sec. Ce n’était pas le bon moment, ni la bonne façon de te parler de ça. S’il-te-plaît, est-ce que tu peux me pardonner? », énonça Léanne avec calme et sincérité.

L’Ange la regarda, surpris, et cligna des yeux sans répondre. L’instant suivant, elle ordonnait à Lilou de partir.


« O... kay... », articula lentement Ajartiel, tout à son étonnement, en regardant le Totem disparaître par une petite ouverture probablement faite juste pour lui. Il n’était pas trop sûr d’avec quoi il était d’accord...

Est-ce qu’il devait prendre personnel le fait que Léanne juge nécessaire d’envoyer Lilou voir ailleurs ? Est-ce qu’il venait encore de causer un désaccord entre la Fée et son Totem ? Parlant de désaccord, pourquoi Léanne s’excusait-elle ? Ce n’était pas elle qui était fâchée contre lui ? Ajartiel n’avait définitivement pas l’impression d’avoir quelque chose à pardonner. L’inverse, peut-être, comme d’habitude.

En grognant, le chef des Anges ramena ses jambes près de lui, s’installant en tailleur sur le lit, et se passa les deux mains sur le visage en se frottant les yeux. Il appuya ensuite ses coudes sur ses genoux, se penchant un peu vers l’avant, et laissa son regard errer autour.

Il était... nerveux. Il ne savait pas trop à quoi il s’était attendu, mais assurément pas à une Léanne désolée. Ça n’aidait pas.


« Donc... Tu ne vas pas m’engueuler ? », vérifia-t-il stupidement, à court d’idées de sujet de conversation, avec un regard en biais pour son amie.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 4 Jan - 23:14

Léanne dévisagea Ajartiel. Il ne semblait vraiment pas dans son état normal. Il paraissait perdu, en fait, comme s’il ne comprenait pas ce qu’elle venait de lui dire. Il était agité aussi. Une agitation nerveuse, plutôt que celle joviale qui l’habitait normalement.

Et puis… il semblait fatigué. Était-ce possible? Ajartiel fatigué? Elle avait un vague souvenir que ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait dans cet état. Mais ce souvenir était flou, elle n’avait pas trop porté attention à la situation à ce moment. L’état de l’Ange l’inquiétait. Était-il malade? Mais non, les Anges ne pouvait pas tomber malade… Alors qu’est-ce qui se passait?

« Donc... Tu ne vas pas m’engueuler ? » fit-il, brisant le silence, faisant réaliser à la chef des Fées qu’elle s’était perdue dans ses pensées en le fixant.

Elle se releva dans son siège en clignant des paupières, surprise par sa question. Elle fronça rapidement les sourcils en dévisageant Ajartiel.

« T’engueuler? Mais pourquoi? Je croyais que c’était toi qui étais fâché contre moi! » répondit-elle, mi-surprise, mi-confuse.

Ça ne lui prit que quelques secondes pour réaliser qu’il y avait eu un gros malentendu et qu’elle comprenne ce qu’elle avait assumée. Mais cela voulait dire…

« Si tu n’étais pas fâché contre moi, pourquoi tu m’évitais ?! » fit-elle soudainement insultée qu’il avait passé les derniers jours à la fuir.

Bon… Peut-être qu’elle allait l’engueuler un peu finalement…
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMar 5 Jan - 17:25

« T’engueuler? Mais pourquoi? Je croyais que c’était toi qui étais fâché contre moi! », répondit tout bonnement Léanne.

S’il avait été honnête avec lui-même, Ajartiel aurait eu à admettre qu’il savait que le discours sec que lui avait servi la Fée à la fin du bal du solstice n’était pas la prémisse d’une colère durable. Elle ne l’avait pas insulté, elle n’avait pas crié ou fait une scène. Il avait vu pire. Il n’était pas certain de ce qui avait causé le changement d’humeur de son amie (outre que c’était de sa faute à lui, comme souvent), mais il était plutôt sûr qu’il aurait été facile d’aller la voir le lendemain sans qu’elle ne lui claque la porte au nez. Elle avait proposé le statu quo, après tout. Que ce soit une vraie offre ou pas, elle l’avait suggérée !

Par contre, après ça, il l’avait fui et elle n’était pas assez stupide pour ne pas s’en être rendu compte, même en supposant qu’Ajartiel ait été aussi subtil dans son évitement que ce qu’il s’imaginait. Elle aurait pu être en colère contre cette attitude. Elle aurait eu raison de l’être, probablement. Bref, trouver des arguments (avec divers niveau de plausibilité) pour justifier que Léanne ait envi de l’engueuler, ce n’était pas trop difficile.


« Si tu n’étais pas fâché contre moi, pourquoi tu m’évitais ?! », ajouta l’Afro-américaine avec plus de vigueur que sa question précédente. Ouais, voilà, comme il se disait...

Léanne le fixait comme s’il y avait une chance que la réponse soit écrite sur son front. Ajartiel grogna inintelligiblement et baissa les yeux. Puis il se passa inconsciemment une main dans les cheveux, ce qui lui rappela un truc que Séraphin avait dit, et il jeta un regard vers Léanne. Ça aurait évidemment été trop beau qu’elle tombe soudainement en pâmoison et que le sujet soit clôt. En même temps, c’était mieux que ce ne soit pas le cas... Pas agréable, pas ce qu’il voulait, mais mieux. Ouais.

Il se gratta distraitement la nuque, ravalant sa nervosité, en détournant à nouveau la tête.


« Je pense... », commença-t-il, avortant presque tout de suite la phrase. Ça n’allait pas. C’était trop direct. Il appuya son menton dans la paume de sa main et laissa son regard errer quelque part sur le mur.

« Une fois, je sais pas si tu t’en rappelles, tu as dit que je ne le devais qu’à moi-même, d’être mort. J’me rappelle pas la phrase exacte, et je pense que tu disais ça juste pour avoir le dernier mot. Genre, l’expérience démontre qu’on devrait pas se fier à ton jugement parce que, duh. Et t’en avais rien à faire que ce soit le cas ou pas, tu voulais juste que je la ferme. »

Ajartiel haussa les épaules d’un air désintéressé. Il n’était pas rancunier. Il se rappelait de l’insulte surtout parce qu’elle l’avait surprise. Ce n’était pas nécessaire de revenir dessus et il reprit la parole sans laisser le temps à Léanne de supposer qu’il fallait qu’ils parlent de ça.

« Le truc, c’est que c’était pas faux. », avoua-t-il sur un ton neutre. « Certaines personnes ont un talent inné pour prendre les pires décisions pour elles-mêmes. »

Ce qui était un comble, vu combien il plaçait toujours ses intérêts au sommet de ses priorités, non ? Peut-être qu’il était juste mauvais pour définir ses besoins ou qu’il n’avait aucune habileté à choisir lesquels valaient le coup ? Hannah aurait dit un truc dans le genre, en tout cas.

Ajartiel n’avait pas envie d’entendre l’opinion de Léanne sur le sujet. Dans le cas présent, c’était bien plus simple de parler que d’écouter. Surtout aussi fatigué qu’il l’était. Il considérait que ses divagations répondaient à la question de la Fée, mais peut-être qu’elle ne le verrait pas ainsi et qu’elle se mettrait juste plus en colère devant son discours indirect. L’Hongrois n’attendit pas de voir comment elle réagissait avant de rapidement reprendre la parole, toujours sans la regarder, élevant un peu la voix pour couper une possible réplique de la Fée, si besoin.


« Quelqu’un m’a demandé, une fois, si je faisais juste être ce qu’on attendait de moi. Ce qui est con, parce que, de toute évidence... » Un sourire amusé s’étira sur ses lèvres le temps d’une seconde. Il n'avait pas besoin de finir cette phrase. De toute évidence, il prenait surtout des décisions débiles et, passé l’aspect superficiel de sa personnalité, les gens ne pouvaient pas avoir une opinion positive de lui. Sûrement, leurs attentes n’étaient pas ce qu’il offrait.

« Mais elle pensait aussi que je choisissais la solution de facilité en restant dans ce que je connais. » Donc peut-être qu’Hannah n’avait pas tord et qu’il s’auto-sabotait parce que c’était plus prévisible et simple à gérer. Elle avait dit un truc vraiment sensé sur la sécurité qu’il trouvait dans le fait de décevoir...

« Donc, c’est bon, tu peux m’engueuler si tu veux. », conclu le chef des Anges en acceptant finalement de regarder Léanne en face. « Ce serait justifié. »

Il lui offrit un léger sourire effronté, déterminé à ne pas faire preuve de regret. La plus grande part de lui souhaitait qu’elle saisisse la proposition. Léanne qui l’engueulait était une distraction acceptable – prévisible et simple – à ses problèmes actuels.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyDim 10 Jan - 17:09

Alors que Léanne attendait la réponse d’Ajartiel, fulminante, celui-ci passa sa main dans ses cheveux. Il releva son regard vers elle et elle lui répondit en fronçant les sourcils Est-ce qu’il allait arrêter de faire le beau gosse et répondre!? Ou il allait encore éviter de dire quoi que ce soit qui faisait du sens?

La chef des Fées sentait déjà son sang bouillir à l’idée qu’il esquive la question lorsqu’il détourna le regard. C’était ce qui lui avait fais perdre les nerfs le soir du bal, la réalisation qu’Ajartiel déviait fréquemment les conversations sérieuses et épineuses avec un sourire et une blague. Il le faisait si souvent qu’il ne devait même pas s’en rendre compte! Pas qu’il le faisait à chaque fois qu’un sujet plus sérieux se présentait, Léanne avait eut quelques conversations en privé avec où elle lui avait fait part de ses inquiétudes et malgré qu’il ne semblât pas à l’aise, l’Ange avait sut écouter. Elle pouvait au moins lui donner ça. Mais elle ne souvenait pas l’avoir entendu dire quoi que ce soit sur lui-même. Il n’était que farces et sourires charmeurs, mais ce n’était pas assez pour faire une personne complète ça. Surtout pas une personne qui était morte de façon tragique, un dénominateur commun des Anges.

C’est pourquoi elle fut bien surprise lorsqu’il aborda le sujet de leur dispute lors du camp d’entrainement. Elle ne croyait pas qu’il avait le cran pour aborder ce sujet. Si elle était honnête avec elle-même, elle était bien heureuse d’éviter d’en parler, parce qu’elle se souvenait très bien les mots qu’elle lui avait balancé, insinuant qu’il méritait sa mort. Elle se souvenait aussi du lourd silence qui avait suivi. Certes, elle avait eu le dernier mot, comme elle le souhaitait, mais à quel prix? Elle regrettait terriblement de lui avoir dit ces choses aussi terribles, devant des élèves en plus…

La Fée ouvrit la bouche, voulant s’excuser, mais le Hongrois n’avait pas apporté le sujet pour cette raison et continua de s’expliquer. Léanne ferma donc la bouche et l’écouta, toute trace de sa colère évaporé.

« Le truc, c’est que c’était pas faux. Certaines personnes ont un talent inné pour prendre les pires décisions pour elles-mêmes. » fit-il lançant une pointe glacée dans le cœur de Léanne qui regrettait encore plus, si c’était possible, de lui avoir dit qu’elle était meilleure que lui pour rester en vie.

« Quelqu’un m’a demandé, une fois, si je faisais juste être ce qu’on attendait de moi. Ce qui est con, parce que, de toute évidence... »
dit-il avec un léger sourire et une vulnérabilité que Léanne ne se souvenait pas d’avoir vu chez lui avant.

Surprise qu’il s’ouvre à elle, elle répondit timidement à son sourire, mais il évitait son regard, visiblement peu à l’aise dans cette situation. Elle ne dit rien, préférant le laisser continuer, craignant qu’en disant quelque chose, elle briserait le moment et qu’il regretterait ses aveux.

« Mais elle pensait aussi que je choisissais la solution de facilité en restant dans ce que je connais. » ajouta-t-il.

Elle comprit qu’il essayait de lui expliquer, un peu maladroitement, pourquoi il l’avait évité dans les derniers jours. C’était parce qu’il avait tendance à prendre les mauvaises décisions et choisir la route facile. Cette nouvelle information sur son collègue et ami permit à la Fée de faire du sens de plusieurs comportements de l’Ange qu’elle avait trouvé, jusqu’à maintenant, illogiques.

Lorsqu’il releva finalement les yeux pour la regarder en l’invitant à l’engueuler, l’Afro-Américaine sourit sincèrement et secoua doucement la tête. Non, elle n’avait pas (ou du moins plus) envie de lui crier dessus, sauf peut-être pour le fait qu’il avait mis ses souliers sur son lit. Elle allait devoir lui enseigner à enlever ses chaussures à l’entrée de sa hutte comme une personne civilisé… Mais ce serait pour une autre fois.

Elle tira légèrement sa chaise pour se rapprocher de lui et étira le bras pour prendre sa main dans la sienne. Elle serra doucement ses doigts, baisant son regard pour regarder leurs mains. Elle attendit un instant pour s’assurer qu’il ne souhaitait pas ajouter quelque chose avant de prendre elle-même la parole.

« Cette personne semble avoir une certaine sagesse et ses mots t’ont marqué. » dit-elle en retenant difficilement sa curiosité.

Elle voulait l’inciter gentiment à continuer de parler, sans non plus insister trop et le faire se refermer sur lui-même. Elle se sentait privilégiée qu’il ose enfin lui parler sérieusement, aller un peu plus profondément que le masque jovial qui servait à cacher ses insécurités.

« Tu crois que je m’entendrais bien avec? »
ajouta-t-elle pour essayer d’alléger la conversation tout en guidant Ajartiel à continuer de se confier. Il semblait en avoir lourd sur le cœur ce soir et parler aidait à se sentir plus léger.

La Fée craignait toutefois que la personne mentionnée par l’Ange soit décédée et que ce soit un sujet difficile. Elle prenait toutefois cette chance et souhaita mentalement qu’il soit prêt à en parler.

« Vous vous êtes rencontrés comment? » dit-elle finalement en relevant le regard vers lui, se retenant de faire une blague en lui demandant si elle devait être jalouse.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyDim 10 Jan - 23:13

Léanne ne mordit pas à l’appât. Évidemment, vu que c’était à peu de choses près une courtoise demande d’engueulade dépourvue de la moindre tromperie, le terme "appât" s’appliquait probablement mal. "Suggestion" ? Bref. La Fée ne s’y intéressa pas. Peut-être parce que crier sur des gens volontaires pour se faire crier dessus, ce n’était pas divertissant. Ou que c’était trop sadique pour Léanne, qui savait être douce quand ça comptait. D’ailleurs, la voyant sourire gentiment en refusant silencieusement l’offre, Ajartiel maugréa intérieurement. Il aurait possiblement mieux fait de balancer un truc sarcastique, pour qu’elle s’indigne... Il était vraiment trop mauvais avec cette notion d’honnêteté. Aussi mauvais que de gérer une discussion où il n’y avait pas au moins un des deux parties impliqués qui soit irrité par l’autre. (Pas qu’il soit nécessairement doué lorsque c’était le cas, mais au moins il en avait l’habitude, donc ça facilitait le truc.)

Léanne rapprocha sa chaise, glissa un bras entre les pans de la couverture qui recouvrait lâchement ses épaules, et lui prit la main. Déviant le regard vers un coin du plancher proche d’une des pattes de la chaise occupée par la Fée, Ajartiel se tendit instinctivement, même si le contact était tout sauf malveillant. Bien sûr, Léanne avait touché des parties de son corps autrement plus compromettantes qu’une main. Il y avait pourtant une intimité différente (et malaisante) à ce contact précis, dans ce contexte précis, que les moments de proximité qu’ils avaient pu avoir précédemment ne possédaient pas.

Par réflexe, il voulu récupérer sa main, mais hésita et, au final, décida d’ignorer la situation en laissant juste sa main reposer mollement dans celle de Léanne, laissant la Fée en faire ce qu’elle voulait. Ça allait dans la même veine que son désir de continuer à laisser son regard se perdre n’importe où sauf sur l’Afro-américaine.

Il craignait le bref aperçu qu’il avait eu de l’expression de la Fée avant qu’elle ne s’avance. C’était trop aimable. Ajartiel espérait ne pas s’être suffisamment emmêlé dans son discours pour s’être, malencontreusement, attiré la pitié de son amie. Il supposait que non, que Léanne valait mieux que ça, de toute façon. Néanmoins, entre sympathie, compassion et pitié, il n’était pas certain de parvenir à voir la différence. Et il ne voyait pas quelle autre émotion qu’une de ces trois là pouvait animer la Fée, maintenant qu’il était clair que la réponse de l’Ange n’avait pas alimenté sa colère.


« Cette personne semble avoir une certaine sagesse et ses mots t’ont marqué. », commenta d’abord Léanne.

Ajartiel ne confirma pas plus l’affirmation qu’il ne la nia. Il reste juste là, crispé, à attendre la suite. Hannah était peut-être sage, mais apparemment pas assez pour lui léguer un guide sur comment gérer ce genre de discussion. Elle aurait dû lui accorder moins de crédit sur ses aptitudes sociales... Ou il aurait dû moins retenir ce qu’elle avait à dire, peut-être, et il ne se serait pas retrouvé en face de Léanne, dans cette situation.


« Tu crois que je m’entendrais bien avec? », demanda la chef des Fées avec légèreté.

Le Magyar, son menton enfoncé dans la paume de sa main libre, serra la mâchoire, mais parvint à garder une expression relativement neutre en dehors de ça. La remarque eut toutefois le mérite de ramener son regard sur Léanne, qu’il dévisagea silencieusement, en se disant que, oui, de toute évidence, Hannah et elle se seraient bien entendues.


« Vous vous êtes rencontrés comment? », continua la Fée en levant les yeux. Ajartiel croisa alors son regard brun-vert, qui était ouvert, amicale, curieux...

« Elle est morte. », cingla-t-il, beaucoup plus sèchement que nécessaire. Parce qu’il était en colère. Il le réalisa en parlant. Il était furieux. Au point de ne même pas comprendre comment il était arrivé à le contenir jusque là.

« Mais c’est pas important. », cracha-t-il avec un sarcasme évident en se penchant vers Léanne, laissant tomber le bras qui soutenait son menton jusque là. Son animosité n’était cependant pas dirigée vers la Fée. Plutôt vers lui-même. Ou Émilienne. Ou Holly. Ou l’Univers.

Ajartiel récupéra brusquement sa main et enserra son torse de ses deux bras, se repliant un peu sur lui-même, empêchant ainsi Léanne de pouvoir à nouveau l’atteindre. Il grimaça, ferma les yeux une seconde en détournant la tête et, les dents serrées, il s’obligea à ravaler sa rage. Il en fit un beau paquet métaphorique solidement ficelé et l’envoya dans les tréfonds de son esprit, d’où elle n’aurait jamais dû s’extirper d’ailleurs. Du moins, il espérait faire ça. Il n’était, sans aucune surprise, pas très bon en métaphysique. Toujours est-il que, lorsqu’il rouvrit les yeux, l’instant suivant, son expression était plus contrôlée (quoique pas vraiment plus calme). Il offrit un léger sourire désolé à Léanne, ce qui était loin de son habituelle expression joviale, mais... Même si c’était forcé, c’était mieux que d’avoir l’air en colère, quoi...


« Si t’étais pour pas m’engueuler, j’espérais au moins que tu serais moins sobre. », fit-il savoir, comme une blague, mais qui manquait d’entrain. Et puis, ce n’était peut-être pas de l’humour, au fond. Parce que ça aurait quand même été plus facile si Léanne n’avait pas été si attentive. Et s’il y avait eu une possibilité qu’elle oublie cette histoire, après coup.

Ajartiel jeta un regard mécontent à sa bouteille de grenadine (dont c’était aussi partiellement la faute, tiens), et son attention resta sur elle alors qu’il reprit la parole d’un ton détaché.


« Un instant t’es en train de mourir. Et puis, t’as pas vraiment le temps de te dire que t’es mort. Parce que... ben... t’es mort. Sauf que non. La seconde suivante t’es tout nu dans un champ... dans un pays qui n’existe pas... où les gens parlent une langue qui n’existe pas... Et, finalement, c’est pas un champ, c’est un route. Et apparemment que l’humanité a décidé que les chevaux, c’était pas assez bien, alors ils ont inventé ces monstruosités infernales... »

Son récit ne faisait pas beaucoup de sens, mais il permit à Ajartiel de retrouver un semblant de bonne humeur. Sa rencontre avec Hannah était l’une des pires expériences de sa vie, mais ça le faisait quand même sourire d’y repenser, avec le recule. Et, surtout, c’était loin de ses problèmes actuels.

Il releva la tête vers Léanne en ayant moins besoin de feindre avoir le contrôle de sa colère.


« Le moteur à combustion est la pire invention au monde. Je te jure. », confia-t-il, amusé. « Et je viens d’une époque où le trip du moment c’était de voir si tu pouvais inventer un outil de torture encore plus gore que celui du voisin. Alors je sais de quoi je parle. »

Peut-être que Léanne pensait pareil... Elle avait vécu l’apparition des automobiles de façon plus progressive que lui, évidemment... Ajartiel se demanda soudainement ce que ça avait pu être, de voir le monde évoluer progressivement, plutôt que d’être catapulté 400 ans dans le futur. Bien sûr, Léanne n’avait "que" 200 ans, mais... quand même...
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 11 Jan - 21:46

Lorsqu’elle toucha la main d’Ajartiel, Léanne sentit l’Ange se tendre et cela l’attrista. Elle l’avait touché des centaines de fois sans problèmes. Était-ce à cause de ses révélations? Peut-être, si dit-elle, qu’il se sentait exposé et que sa confiance en la Fée n’était pas assez grande pour qu’il se sente à l’aise dans ce contact alors qu’il se révélait à elle?

Malheureusement, ses efforts pour alléger la conversation et éviter qu’il ne se repli sur lui-même ne portèrent pas fruits.

« Elle est morte. Mais c’est pas important. » dit-il avec une hargne qu’elle ne lui connaissait pas.

Cette colère qu’Ajartiel cracha à son visage la fit se redresser sur sa chaise. Ramenant sa main vers elle, elle croisa les bras, son expression durcit et ses dents serrées. Elle était prête à l’écouter et à l’aider, si c’était ce qu’il souhaitait, mais n’accepterait pas de se faire traiter ainsi.

À ce moment, alors qu’il était en colère, elle trouva qu’il avait l’air d’un petit animal blessé qui n’arrivait plus à faire la différence entre la main qui l’avait frappé et celle plus douce qui voulait soulager sa douleur. La différence pour Léanne, c’est qu’elle arrivait à parler à ces animaux et, la plupart du temps, à les rassurer. Avec les humains et les autres créatures au psyché compliqué, c’était une autre paire de manche. Séraphin était bien meilleur qu’elle dans ce domaine. Mais Ajartiel n’était pas aller le voir lui, mais plutôt elle. Elle allait donc devoir faire de son mieux.

Il se força à se calmer, toutefois. Étant quelqu’un de colérique, elle savait que ce n’était pas la meilleure tactique sur le long terme. Elle savait aussi que les plus grandes colères prenaient leurs sources dans la tristesse, la peur et l’insécurité. Elle se demandait quel était la source de la colère du Hongrois.

Au sourire désolé de chef des Anges, elle se décrispa un peu, mais garda son expression sévère. Elle voulait faire comprendre à Ajartiel qu’elle n’accepterait pas une autre qu’il déverse sa colère sur elle sans provocation. S’il recommençait, elle allait devoir lui demander de partir.


« Si t’étais pour pas m’engueuler, j’espérais au moins que tu serais moins sobre. » finit-il par dire en semi-blague.

Léanne ne rit pas et ne sourit même pas. Elle comprenait que c’était surement un mécanisme que l’Ange utilisait pour essayer de se détendre, mais elle ne trouvait pas drôle qu’il insinue qu’il souhaite qu’elle l’engueule. En y repensant, il semblait vraiment vouloir qu’elle soit en colère contre lui. Mais pourquoi? Parce que ça lui permettrait de ne pas se confier et après de mettre l’échec sur elle? Clairement, ce n’était pas très sain comme façon d’agir. En fait… que comptait-il accomplir en venant la voir comme ça, si tard le soir? Qu’est-ce qui avait guider ses pas vers sa hutte?

L’Ange la sortit de ses questionnements en reprenant la parole sur un ton détaché.

« Un instant t’es en train de mourir. Et puis, t’as pas vraiment le temps de te dire que t’es mort. Parce que... ben... t’es mort. Sauf que non. La seconde suivante t’es tout nu dans un champ... dans un pays qui n’existe pas... où les gens parlent une langue qui n’existe pas... Et, finalement, c’est pas un champ, c’est un route. Et apparemment que l’humanité a décidé que les chevaux, c’était pas assez bien, alors ils ont inventé ces monstruosités infernales... » dit-il.

La Fée fut un peu perdue au début, ses mots semblant sortir de nulle part. Mais elle finit par réaliser qu’il parlait de son retour à la vie. Elle fut bien surprise qu’il accepte de continuer de sujets difficiles. Attentive, elle ramena ses genoux vers elle et les entoura de ses bras pour venir les cacher dans la couverture.

Son commentaire sur le moteur à combustion la fit sourire. Elle ne partageait pas son opinion, mais ça devait venir de la différence entre pouvoir voir l’apparition et l’évolution de l’automobile et faire un saut de quelques centaines d’années dans le futur et voir ces monstres se promener sur la route sans avertissement au préalable.

Elle réalisa soudainement que tout ça, la façon dont elle analysait Ajartiel, comment elle était assise à le regarder, ça faisait trop cabinet du psychologue. Et elle ne se considérait vraiment pas comme une bonne psychologue! En plus, ça ne devait pas aider son ami à se sentir en confiance et à l’aise. Elle décida donc de changer complètement son approche et d’essayer de partir une vraie conversation au lieu d’inciter le chef des Anges à parler de lui. Au pire, il prendrait cette occasion pour changer de sujet et ça l’agacerait, mais il reviendrait la voir à un autre moment, lorsqu’il serait d’avantage prêt à se confier. En attendant, sa curiosité prendrait son trou et allait devoir patienter.

Elle se releva donc et s’assit sur le bord de son lit, en gardant une distance avec Ajartiel. Elle dit : « Personnellement, je trouve que les moteurs à combustions sont moins pires que les inventions de tortures du moyen âge. Ils ont leurs défauts et les chevaux sont de bien meilleure compagnie, mais au début, c’était bien, les gens découvraient le monde. Certes, la nature humaine a encore tout gâcher en les utilisant pour la guerre et la déforestation et en s’obstinant à ne pas trouver d’alternative moins polluantes. Le train à vapeur par contre, ça! Ça c’était toute une invention. C’est encore mon moyen de transport préféré. Il n’y a rien de mieux que de se promener paisiblement en regardant le paysage défiler par la vitre du wagon. »

Elle fit balances ses jambes sur le bord de son lit en gardant le silence un moment, un sourire sur ses lèvres en se remémorant son premier voyage en train avec son père et sa mère. Elles étaient allées aider à guérir un cousin au propriétaire de la plantation. Le père de Léanne avait réussi à être celui qui les accompagnait. C’était probablement le seul moment où ils avaient été, pendant un instant, une famille.

Elle réajusta sa couverture sur ses épaules et tourna son visage vers Ajartiel avec un vrai sourire sur ses lèvres.

« Je peux quand même comprendre ta répulsion pour les automobiles. Ta première rencontre avec une voiture à du te faire tout un choc. Un beau : Bonjour! Bienvenue au 21e siècle! Tu ne t’es pas fait frapper, au moins? » demanda-t-elle en blaguant à moitié et n’attendant pas vraiment de réponse sérieuse.

Léanne était maintenant bien décidée à ne pas traiter cette soirée autrement que leurs autres soirées qu’elle avait partagé avec Ajartiel. S’il souhaitait se confier, qu’il se confit, mais elle n’allait pas lui tourner le bras pour qu’il le fasse.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMar 12 Jan - 1:10

Léanne se leva de sa chaise et la première supposition qui traversa l’esprit d’Ajartiel, dans la fraction de seconde que dura ce geste, ce fut qu’elle allait lui balancer une remarque exaspérée, tourner les talons et partir. Ça n’aurait fait aucun sens, sachant qu’ils étaient chez elle, mais... il était fatigué, okay ? Il n’avait pas la tête à considérer ce genre de détail insignifiant dans ses hypothèses.

De toute façon, Léanne ne le planta pas là. Elle vint plutôt s’installer elle aussi sur le lit, enroulée dans sa couverture, à distance plus que raisonnable de lui. Ce qui était un deuxième surprise. Elle n’allait pas essayer de lui attraper la main à nouveau ? Lui faire remarquer, avec beaucoup trop de sollicitude, qu’il était totalement incohérent ? Essayer de lui soutirer des informations structurées ? Bref, pousser le sujet qui devait être abordé jusqu’à le convaincre de, justement, ne plus jamais faire même mine de vouloir en parler, et qu’il parte, furieux ?

Elle accepta juste, comme ça, tout bonnement, le sujet du moteur à combustion. Léanne, la femme toujours directe et franche, celle qui n’abandonne jamais, voulait bien vivre dans le déni avec lui ?


« Ils ont leurs défauts et les chevaux sont de bien meilleure compagnie », concéda-t-elle, ce qui fit légèrement sourire Ajartiel. Il s’imaginait effectivement mal qu’on puisse se lier d’amitié avec une camionnette, mais l’idée était amusante. Il avait soudain en tête l’image très nette d’un mec bichonnant sa mustang. La voiture, pas l’animal. Peut-être un film qu’il avait vu, un jour...

« Certes, la nature humaine a encore tout gâcher en les utilisant pour la guerre et la déforestation », nota-t-elle. Ajartiel n’avait pas trop d’opinion là-dessus. Genre... si quelque chose (n’importe quoi) n’était pas utilisé à la guerre, c’était probablement juste par manque d’imagination, de toute façon.

Moins tendu, il dévisagea sans gêne la Fée pendant qu’elle continuait de parler et qu’il n’écoutait qu’à moitié. Il n’était pas encore trop certain de comprendre ce qui se passait, là, maintenant.


« Le train à vapeur par contre, ça! », s’exclama-t-elle et l’Ange n’enregistra pas vraiment la suite. Il la regarda juste sourire, apparemment perdue dans ses pensées.

L’Afro-américaine se tourna éventuellement vers lui, toujours en souriant. En y repensant, peut-être qu’il aurait dû lui laisser sa main. Quoiqu’il aimait bien qu’elle soit venue le rejoindre sur le lit... Mais la distance entre eux était désagréable.


« Je peux quand même comprendre ta répulsion pour les automobiles. Ta première rencontre avec une voiture à du te faire tout un choc. Un beau : Bonjour! Bienvenue au 21e siècle! Tu ne t’es pas fait frapper, au moins? »

« Triple fracture de la hanche. », répondit-il presque automatiquement. Il lui offrit cependant presque aussitôt un sourire mutin, pour signifier qu’il blaguait. Elle ne rirait probablement pas (ce qui était franchement dommage), mais il avait espoir d’un jour réussir à lui faire aimer son humour pourri.

Ajartiel se détendit tout d’un coup beaucoup plus, en soupirant. Cela eut le défaut de faire revenir en puissance la sensation de fatigue de son pas-assez d’heures de sommeil, accompagnée de l’envie de juste se coucher collé contre Léanne. Sauf qu’ils n’avaient pas ce genre de relation platonique. Parce que ça aurait été... bizarre. Et il n’était pas tellement en état d’être performant pour autre chose que de ronfler. Et il ne voulait pas (ronfler, mais aussi juste céder au sommeil). Ses pensées étaient trop confuses pour qu’il se permette de dormir. Pas tout de suite.

Il y avait un fil qui dépassait de la couette du lit de Léanne et l’Hongrois se mit à jouer avec distraitement, regardant ses doigts plutôt que la Fée à côté de lui. Il fit quand même gaffe à ne pas tirer dessus, parce qu’il savait qu’elle n’aimerait pas qu’il abime la couverture.


« Non. Elle s’est arrêté en me voyant. », corrigea-t-il.

« Elle te dirait qu’elle a d’abord vu les ailes, mais je préfère penser autrement. », blagua-t-il en jetant un regard à Léanne, un sourcil suggestivement relevé. « J’veux dire. Raining men. Littéralement. »

Ce serait définitivement la chanson qu’il choisirait pour ce moment, s’il devait faire un film sur sa vie. Ce serait une grossière déformation de la réalité ignorant totalement l’était d’horreur dans lequel il avait été, mais, de toute façon, il ferait une parodie, pas un documentaire.

Ajartiel ne poussa pas la blague plus que nécessaire et revint à son observation de ses doigts sur le lit de Léanne.


« Ou alors elle te dirait ça, juste pour me faire réagir... », songea-t-il, à voix haute. Il releva la tête vers Léanne et la dévisagea suspicieusement.

« En fait, c’est probablement une bonne chose, que vous vous soyez jamais vu. Vous vous seriez beaucoup trop amusées à mes dépends, toutes les deux ensemble. », décida l’Ange. « Hannah est– tait, terrible. Quand elle voulait. »

Il grimaça en buttant sur le temps de verbe à utiliser et sa bonne humeur redescendit. Mais il n’avait pas envie d’être déprimé ! Ou frustré. Ou n’importe quoi de désagréable. Ajartiel continua donc de parler, histoire de faire comme si de rien n’était.

« Ce serait un peu comme si Séraphin et moi parlions de... Oh. Attends. Ça, ça s’est passé. », taquina-t-il.

Il changea de position, s’appuyant sur un coude pour s’approprier la zone vide que Léanne avait laissée entre eux, se rapprochant donc de son amie.


« Tu t’es vengé contre lui ? », demanda-t-il.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMer 13 Jan - 23:05

« Triple fracture de la hanche. » fit Ajartiel en réponse à sa question.

Léanne laissa sortir une exclamation surprise et lui lança un regard horrifié. Mais il se moquait d’elle. Son sourire tannant lui révélant que ce n’était pas vrai. La Fée fit la moue, agacée et puis lui donna un coup dans son ventre du revers de sa main.

Elle détourna le regard vers le mur en face d’eux, secouant légèrement la tête, un sourire flottant sur ses lèvres. Quel adorable idiot.
« Elle te dirait qu’elle a d’abord vu les ailes, mais je préfère penser autrement. » dit-il avec un regard suggestif.

La chef se tourna vers lui, le dévisageant un instant, pas trop certaine de comprendre ce qu’il insinuait et puis elle se souvient que les Anges revenait à la vie, nu, comme tout être vivant naissant, juste… adulte.

« Oh! Tsss. Moun sòt! » fit-elle en levant les yeux au ciel.

Mais à la défense de cette personne, les ailes des Anges étaient énormes et impressionnantes. Elle pouvait facilement attirer d’avantage l’attention que la vue d’un homme dans ses habits de naissance.

Elle réalisa également pourquoi Ajartiel lui parlait de son retour à la vie. Certes, elle était bien contente d’entendre cette histoire, mais elle n’avait pas saisi pourquoi il avait apporté le sujet. Elle comprenait maintenant que c’était pour répondre à la question qu’elle lui avait posé plus tôt sur les circonstances de sa rencontre avec cette personne qui lui avait offert des paroles très sages.

Il continua de parler d’elle puis se tourna pour dévisager la chef qui releva un sourcil interrogatif.

« En fait, c’est probablement une bonne chose, que vous vous soyez jamais vu. Vous vous seriez beaucoup trop amusées à mes dépends, tous les deux ensembles. », finit-il par dire, faisant apparaitre un grand sourire sur les lèvres de la Fée.

Oh, elle aurait bien aimée pouvoir agacer Ajartiel avec quelqu’un! Quelqu’un qui n’insinuait pas à chaque conversation qu’il y ait peut-être quelque chose de romantique entre elle et le chef des Anges. Elle pensait à Séraphin et Émilienne, pour les nommer.

Ajartiel buta sur le temps de verbe de sa dernière phrase, lui attirant un regard inquiet de son amie. Bien qu’elle s’en doutait, cela lui confirma que la mort était relativement récente et encore douloureuse. Elle se demandait comment il avait été mis au courant et quand ça c’était produit. Est-ce que la C.A.T. informait ses habitants quand un de leurs amis humains décédaient? Non, elle aurait été au courant si ça avait été le cas. Mais l’organisation pouvait se renseigner sur une personne lorsqu’un Catien le demandait avec une raison valide pour le faire. Elle avait eut à le faire quelque fois pour certaines Fées.

Mais cette phrase avait apporté une autre information importante. Le nom de cette personne importante. Elle relâcha sa couverture pour appuyer ses mains sur ses cuisses. Elle les regarda distraitement, se disant que c’était un beau nom, Hannah. Elle espérait qu’Ajartiel continu de lui parler de cette femme, sa curiosité était piquée et elle souhaitait en savoir plus sur elle.

« Ce serait un peu comme si Séraphin et moi parlions de... Oh. Attends. Ça, ça s’est passé. » fit l’Ange, faisant lever les yeux au ciel de Léanne.

Elle claqua la langue agacée. Oui, ça c’était bien passé! Et sous son nez en plus, ce foutu cousin, il aimait bien trop foutre son nez dans ses affaires. Il était chanceux qu’elle l’aimait, parce que il se m’héritait une bonne raclée!

Un mouvement de la part d’Ajartiel ramena son attention sur lui. Elle le regarda, du coin de l’œil, se rapprocher. Un petit sourire apparu sur ses lèvres. Elle était contente qu’il souhaite sa proximité. Elle s’était assise sur son lit à une certaine distance pour lui permettre de se rapprocher à son rythme.

Suite à la question du Hongrois, elle garda le silence pendant un moment, continuant de l’observer à la dérobé. Elle finit par soupirer et ramena sa tresse sur le devant de son épaule.

« Non… » fit-elle en grommelant. La vérité était qu’elle n’y avait pas vraiment réfléchit.

Elle releva sa main pour la rapprocher d’Ajartiel, mais hésita, la gardant dans les airs un instant avant de se décider à la glisser dans les cheveux blonds de l’Ange. Elle était contente d’avoir changée de tactique. C’était beaucoup plus agréable comme ça. Ajartiel semblait plus détendu. Elle espérait qu’il aurait le courage de lui dire ce qui pesait sur son cœur. Mais si ce n’était pas le cas, elle souhaitait au moins l’avoir rendu assez confortable pour qu’il vienne la voir lorsqu’il aurait enfin la force de parler de ses problèmes.

« Tu penses que je devrais? Je pourrais peut-être aller voir Josh et lui dire des secrets humiliants sur Séraphin… » dit-elle avec un sourire mesquin avant de se tourner vers son ami. « D’ailleurs, qu’est-ce que mon cousin t’a dit sur moi? Est-ce que je devrais m’inquiéter? »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyJeu 14 Jan - 23:52

Léanne ronchonna sa réponse, suggérant qu’elle avait soit échoué à se venger, soit n’avait pas encore eu le temps d’essayer. Ajartiel aurait bien aidé son amie, mais, d’un autre côté, il n’avait rien contre Séraphin et ne voyait pas pourquoi il y aurait eu à intervenir dans la relation qui unissait les deux cousins depuis deux cents ans. Il préférait assister à cette petite querelle de loin et faire comme s’il n’avait absolument rien à y voir, merci bien. Alors il n’insista pas lorsque la Fée ne donna pas plus de détails.

De toute façon, quelques instants plus tard, il sentit les doigts de Léanne glisser dans ses cheveux et à partir de là il n’avait plus trop envie de réfléchir à quoique ce soit. Il ferma les yeux, appréciateur. Heureusement, sa position inconfortable l’empêcherait de s’endormir, n’est-ce pas ?


« Tu penses que je devrais? Je pourrais peut-être aller voir Josh et lui dire des secrets humiliants sur Séraphin… »

Ajartiel ouvrit les yeux et fronça les sourcils, tiquant sur le nom. Josh..? Ah, le mec qui était peut-être ou pas en couple avec Béthanie ? Quel était le lien avec Séraphin ? C’était probablement quelqu’un d’autre, Josh étant un nom tout de même commun, mais Ajartiel ne pu s’empêcher de grimacer. Josh-le-mec-de-Béthanie, il en avait assez entendu parler pour trois vies.

Bref, l’Hongrois ne comprit pas d’où sortait la suggestion de Léanne, mais comme il s’en fichait... Meh.


« D’ailleurs, qu’est-ce que mon cousin t’a dit sur moi? Est-ce que je devrais m’inquiéter? »

Cette question le sorti de sa torpeur. Tout sourire, Ajartiel se laissa rouler sur le dos et leva les yeux vers Léanne. Bien sûr qu’elle voulait savoir ! Haha !

« Toujours, quand je fais partie de l’équation. », blagua-t-il.

Un peu plus sérieux, il se mordit la lèvre en réfléchissant, ses mains posées sur son ventre, regardant le plafond devant lui. Il n’allait assurément pas ramener Lilou dans la discussion. Chat échaudé, tout ça, tout ça... Et il ne pouvait pas lui révéler sa super botte secrète qu’il n’avait pas encore tellement pu tester. Est-ce qu’il avait une chance de parvenir à faire avouer à Léanne de quel instrument elle jouait, ou bien elle trouverait la question trop suspecte pour accepter d’y répondre ?


« Rien d’humiliant, en fait... », avoua-t-il, songeur. Qu’il lui arrivait de pleurer. Qu’elle avait besoin d’affection, dans ces temps-là...

Ajartiel se redressa brusquement, chassant à la fois le sommeil qui risquait de l’emporter s’il restait couché et les pensées déprimantes qu’il avait en tête. Plutôt que de reprendre sa place originale cependant, il glissa d’un mouvement décidé sur le lit de façon à être assit contre Léanne. Fini la distance, bon. Les pieds posés par terre, les mains sur le matelas de chaque côté de lui, il bouscula légèrement la Fée d’un mouvement d’épaule.


« Que tu chantes mieux que Gustave. Pas très choquant, comme info. », mentionna-t-il avec humour.

Finalement, ça allait, de faire semblant. Peut-être qu’il pouvait... effacer le souvenir d’Hannah ? Il fixa son regard fatigué sur un mur, hésitant, oscillant une fois de plus entre les différentes versions de lui-même. Il grimaça, détestant cette sensation d’incertitude, puis s’obligea à adopter une expression nonchalante masquant son trouble.


« Tu veux pas savoir ce qui cloche chez moi ? », demanda-t-il soudainement, avant d’avoir le temps de changer d’idée, sur un ton banal.

Il s’était attendu à cette question et il ne comprenait pas pourquoi Léanne ne semblait même pas envisager de la poser, pendant qu’il tournait stupidement autour du pot par peur d’il ne savait trop quoi.


« Ce soir. », précisa-t-il après coup. « Parce que, globalement, la liste serait beaucoup trop longue. Tiens, d’ailleurs, Gustave à rajouter un truc dessus y’a quelques jours. "Gouapeur". J’ai dû le chercher dans le dictionnaire, sérieux. Respect. »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 18 Jan - 20:02

Alors qu’Ajartiel se laissa tomber en inquiérant Léanne que ses inquiétudes étaient toujours justifiées lorsqu’il était question de lui, la Fée laissa retomber sa main sur son lit avec un sourire pour la remarque de l’Ange. Il n’avait pas tort… Il était prompt à causer des problèmes.

Il la rassura toutefois en lui disant que son cousin ne lui avait pas partager des anecdotes humiliantes. La chef releva un sourcil, surprise, mais aussi un peu dubitative. Est-ce que Séraphin avait réellement été modeste dans les informations qu’il avait échangé avec le Hongrois? C’était difficile à croire. Est-ce qu’Ajartiel essayait de protéger son nouvel informateur? Dans tout les cas, Léanne se demandait à quoi jouait son cousin. Parfois, elle souhaitait pouvoir voir se qui se tramait sous les dreadlocks du Fae.

Elle l’observa un moment, alors qu’il était étendu sur le lit et souhaita le rejoindre et se coller contre lui. Mais elle n’eut pas le temps d’hésiter à sa voir si c’était la bonne chose à faire que l’Ange se relevait brusquement et vient s’installer plus près d’elle. Il lui donna un coup d’épaule en disant : « Que tu chantes mieux que Gustave. Pas très choquant, comme info. »

Léanne lui retourna son coup d’épaule en riant un peu.

« Difficile de faire pire. » dit-elle en exagérant un peu pour la blague, le chant du chef des Elfes n’était pas des plus mélodieux, mais ce n’était quand même pas une casserole.

À la suite de sa remarque, un silence tomba. Le sourire de Léanne s’estompa doucement et elle tourna son regard vers son ami. Elle remarqua que lui non plus ne souriait pas et même qu’elle le vit grimacer. Elle fronça les sourcils, se demandant ce qu’y le tracassait.

« Tu veux pas savoir ce qui cloche chez moi ? » finit-il par dire, sur le ton de la banalité.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre avant de rajouter rapidement une blague, comme pour insister qu’il s’en foutait un peu de ce qu’elle pouvait penser. Ou peut-être pour essayer de détourner le sujet qu’il regrettait d’avoir aborder? Ou un peu des deux?

Léanne expira rapidement par le nez, s’amusant un peu du commentaire de son ami. Gouapeur? Elle n’avait aucune idée de ce que ça signifiait. Elle accota sa tête contre l’épaule d’Ajartiel en gardant le silence, réfléchissant à sa réponse. Elle ne voulait pas lui faire croire qu’elle s’en fichait, ni qu’elle allait insister pour savoir à tout prix. Elle voulait trouver les bons mots.

« Oui. » finit-elle par dire après quelques secondes de silence. « J’aimerais savoir pourquoi tu as ressenti le besoin de venir me voir ce soir, c’est vrai. Mais j’ai remarqué que tu ne semblais pas tout à fais prêt à t’ouvrir tout à l’heure, alors j’ai préféré te laisser aborder le sujet lorsque tu en aurais envie. Que ce soit ce soir, demain ou dans dix jours. »

Elle laissa son regard errer sur le mur de bambou devant elle, puis ferma à demi les yeux. La Fée comprenait que le chef des Anges avait de la difficulté à parler de lui et de ses problèmes. Du moins, c’était ce qu’elle avait finit pas déduire du fait qu’il se cachait toujours derrière des sourires et des blagues et qu’il ne lui avait pas partager beaucoup de choses sur son passé… Sauf la fois qu’ils étaient saouls. Elle ne laissa toutefois pas Ajartiel prendre la parole tout de suite et rajouta :

« Est-ce que tu es prêt à en parler maintenant? » fit-elle doucement en relevant son regard vers le sien avec un petit sourire encourageant avant de réaccoté sa tête sur l’épaule de l’Ange en resserrant sa couverture sur ses épaules.

Elle n’avait pas vraiment d’attentes. Elle ne faisait que s’informer. S’il le souhaitait, ils pouvaient continuer de discuter, comme ça, avec elle blottit contre lui, en attendant qu’il rassemble son courage pour dire ce qui pesait sur son cœur. Mais s’il attendait trop longtemps, il prenait le risque qu’elle s’endorme contre lui…
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMar 19 Jan - 22:57

Léanne s’appuya contre lui et Ajartiel, encore amusé par sa blague, lui jeta un regard en coin, mais il ne passa aucun commentaire et ne songea même pas à s’éloigner. Il était bien, contre elle, comme ça... Le silence était un peu moins confortable, par contre, surtout qu’au fil des secondes qui s’égrainaient, Ajartiel prenait de plus en plus conscience que c’était forcément dû à ce qu’il venait de dire. Pas sur le fait d’être un gouapeur, mais avant ça. Léanne devait remuer la question dans sa tête. Elle n’avait pas besoin de prendre ça aussi au sérieux, pourtant. Mais, évidemment, c’était Léanne. Il aurait mieux fait de laisser tomber l’idée d’en parler...

Il s’apprêtait à dire une débilité, n’importe quoi juste histoire de changer de sujet pour de bon (« Donc, quand est-ce qu’on se fait un karaoké ? »), mais elle se décida à répondre juste à cet instant.


« Oui. »

Pas la réponse qu’il voulait. Ou peut-être que oui. Il ne savait pas. Probablement qu’aucune réponse ne l’aurait satisfait, en fait. L’absence de réponse, pas davantage... Pourquoi est-ce qu’il fallait que ce soit si compliqué ?

« J’aimerais savoir pourquoi tu as ressenti le besoin de venir me voir ce soir, c’est vrai. Mais j’ai remarqué que tu ne semblais pas tout à fais prêt à t’ouvrir tout à l’heure, alors j’ai préféré te laisser aborder le sujet lorsque tu en aurais envie. Que ce soit ce soir, demain ou dans dix jours. », expliqua la Fée.

« Mmm. », fit simplement Ajartiel, sans la regarder, et peut-être même pas assez fort pour qu’elle entende.

Il baisse les yeux sur ses chaussures. Tiens, Léanne n’avait pas une animosité envers le fait de porter des chaussures à l’intérieur ? Est-ce qu’elle n’avait pas remarqué ou bien elle voulait le ménager ? Peut-être qu’il devrait les enlever... Ou peut-être que c’était parce qu’elle présumait qu’il n’avait pas l’intention de rester bien longtemps. Elle voulait probablement dormir. Il était tard.


« Est-ce que tu es prêt à en parler maintenant? », demanda-t-elle gentiment. Elle croisa son regard, lui sourit, puis se réinstalla contre son épaule, visiblement prête à ne pas insister. Et Ajartiel retourna à l’observation de ses godasses.

« Non. », répondit-il assez facilement, sur un ton neutre. Pas maintenant, pas demain, pas dans dix jours et pas dans dix ans. Il ne pouvait raisonnablement pas attendre d’être prêt, parce que ça n’arriverait jamais.

« J’ai un genre de réputation à maintenir. », ajouta-t-il à la blague, même si ça avait un fond de vérité.

Sa réputation de mec simple, insouciant et invariablement de bonne humeur était probablement déjà ruinée auprès de Léanne. Il l’avait fait exploser en écoutant le conseil d’Hannah et en allant voir la chef des Fées avec un début d’honnêteté au lieu de juste mentir à tout le monde (et à lui-même) jusqu’à ce que ça devienne crédible (même pour lui). Il regrettait un peu...


« J’avais pas, littéralement, besoin de venir. », précisa-t-il en appuyant sur le mot "besoin". Il était capable de se sortir de ses problèmes tout seul. Et il aimait l’idée que, s’il s’entendait bien avec Léanne, c’était parce qu’il avait pour mission de montrer à la Fée comment s’amuser. Pas parce qu’il avait besoin d’elle. Après tout, il avait décidé de n’avoir besoin de personne, à la CAT.

« Et j’ai pas envie d’en parler. », continua-t-il, en mettant cette fois l’accent sur le mot "envie", un peu irrité. Comment il aurait pu avoir envie de s’enliser dans la déprime ? Ridicule. Juste le fait d’admettre qu’il y avait bien un truc qui clochait, c’était déjà amplement désagréable.

« Ce que je veux, c’est... » Ne trouvant pas le mot sur le coup, il leva un bras (celui qui n’était pas accaparé par Léanne) et fit un vague geste agacé de la main dans l’espace devant lui, avant d’arriver à traduire ça en paroles. « Effacer tout ça. »

La limpidité incarnée ! Ajartiel soupira et se frotta les yeux de sa main libre. Puis il tourna la tête vers Léanne.

« Si je te disais que, avant, j’étais... je sais pas... un gigolo à la solde de Soliman. Tu dirais peut-être que tu t’en fous, mais ça changerait quand même quelque chose. Que tu le veuilles ou pas. », expliqua-t-il.

« J’ai pas envie d’avoir une histoire. », résuma-t-il ensuite, en prononçant le dernier mot comme si c’était quelque chose de honteux. Il ne savait pas en quoi l’opinion des gens changerait s’ils savaient son passé, mais, en bien ou en mal, ça lui donnerait une profondeur dont il ne voulait pas. Parce que le bonheur, ce n’est pas en s’enfonçant qu’on le trouve.

« Mais, de toute façon, c’est pas... » Ajartiel soupira une nouvelle fois, agacé contre son incapacité à construire une idée qui tienne debout. Il retourna à son observation d’un des murs, décidant que c’était plus facile de parler à des objets inanimés.

« J’étais pas un gigolo. Et je devais même pas avoir cinq ans quand Soliman est mort. Vas pas t’imaginer des trucs. »

Léanne avait presque deux cents ans... Elle devait bien avoir vécu des choses désagréables. Incluant la mort de son ex-mari, mais aussi des choses juste... des choses dont on ne parle pas. En fait, Ajartiel ne connaissait pas tant que ça le passé de la Fée. Il était ami avec la Léanne de maintenant. Il n’avait pas eu besoin de savoir qui elle avait pu être pour se faire une opinion... Et elle n’avait pas besoin de parler de ce passé ou, en tout cas, pas avec lui. Peut-être qu’elle se reposait sur Séraphin ? Mais son cousin l’avait vraisemblablement vécu avec elle, ce passé, alors c’était facile. Léanne n’avait aucun lien avec les problèmes d’Ajartiel. Et ce n’était pas comme si elle pouvait l’aider à oublier, n’est-ce pas ? Hannah l’avait encouragé à s’ouvrir, mais elle n’avait pas dit qu’il devait tout déballer non plus...

« Hannah était importante. », dit-il, en changeant une fois de plus de direction dans son discours décousu. Il abandonna l’idée d’expliquer pourquoi elle était importante, mais il utilisa un ton suffisamment grave pour que Léanne ne mette pas en doute l’affirmation. Peut-être qu’il donnerait plus de détails plus tard. Ou un autre jour. Peut-être jamais.

« Mais moi je suis personne. C’est... okay ? Je suppose. », il haussa les épaules en oubliant que ça risquait de déranger Léanne, mais posa son regard sur elle en y songeant après coup. « C’est quand même... »

Et puis il décida de balancer tout le reste rapidement, pour s’en débarrasser.

« Sa fille me déteste, même si je comprends pas pourquoi spécifiquement. C’est pas grave, sachant que, réalistement, je la reverrai jamais. Mais je me dis que c’était peut-être une espèce de vengeance de décider que je méritais pas de savoir que sa mère était morte, et de me faire parvenir l’info, genre, des mois en retard. Comme si c’était pas important, comme si j’en avais rien à faire. Et sachant que je me fous de tout, difficile de la blâmer ? Mais ça... c’était un truc dont je me foutais pas. La preuve que c’était une erreur. Je devrais apprendre une fois pour toute à en tirer une leçon. »

Ajartiel se laissa tomber sur le dos sur le matelas avec un grognement découragé. Il détestait se sentir comme ça ! Frustré, déprimé...

« Et je peux pas dormir. », fini-t-il hargneusement, en direction du plafond.

« Toi, comment ça va ? », demanda-t-il après un instant d’hésitation, contrôlant sa mauvaise humeur.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 25 Jan - 21:02

« Non. » fit Ajartiel, faisant froncer le nez à Léanne qui n’avait pu se retenir d’espérer d’entrevoir une partie de ce qui se passait dans la tête de son ami.

Elle leva les yeux au ciel à sa remarque sur sa réputation, mais resta la joue accotée sur son épaule. Elle avait, elle-même, une réputation de dure à cuire, mais n’étaient-ils pas au-delà des faux-semblants? Ne pouvaient-ils pas se montrer sous leur vrai jour l’un à l’autre quand ils étaient seuls?

« J’avais pas, littéralement, besoin de venir. »
, continua-t-il et Léanne trouva le commentaire inutile. Un moyen de protection surement, pour quoi? Elle n’en était pas sûre. Mais elle savait qu’il avait ressenti le besoin de venir la voir malgré l’heure tardive. De plus, ce ne semblait pas d’être juste pour une partie de jambes en l’air, il souhaitait quelque chose de sa part. Du réconfort, une distraction, une oreille attentive ou peut-être juste un corps chaud contre lequel dormir. Il ne pouvait pas nier être venu pour une raison. S’il était venu que pour parler, il aurait pu attendre au lendemain. De plus, il avait admis qu’il y avait quelque chose qui clochait ce soir.

« Et j’ai pas envie d’en parler. », dit-il « Ce que je veux, c’est... Effacer tout ça. »

Léanne resta silencieuse, comprenant un peu plus où il voulait en venir. Il avait en effet, besoin, de parler, parce que ses techniques habituelles pour régler ses problèmes ne fonctionnaient pas, mais il le faisait à contrecœur. Du moins, c’était ce qu’elle pensait. Séraphin aurait su avec plus de certitude.

Lorsqu’il se tourna vers elle, elle releva la tête pour croiser son regard. Elle releva les sourcils alors qu’il se mit à parler de Soliman. Il avait connu le Magnifique? Pfff, avec un nom comme ça, elle aurait même pu parier qu’Ajartiel avait été Soliman! Par contre, l’excitation qu’elle venait de ressentir à la ‘’révélation’’ de son ami, confirmait ses dire. S’il lui révélait son passé, cela pourrait changer comment elle le percevait et change leur dynamique. Mais elle ne voyait pas ça nécessairement comme une mauvaise chose. À moins qu’il ait tué, violé et/ou mit en esclavage des gens dans son autre vie, son opinion de lui ne changerait probablement pas. Même s’il avait vécu une vie simple ou plate, à ses yeux, à elle, c’était tout de même une vie impressionnante et remplis de mœurs d’un autre temps qu’elle ne connaissait pas.

Elle se doutait toutefois déjà qu’Ajartiel ne souhaitait pas partager la vie qu’il avait vécu avant sa mort. Pourtant, ce qu’il lui disait à l’instant lui permettait de comprendre un peu plus les motifs de son refus. Il ne voulait pas que les gens le juge par son passé, mais par son présent. Léanne trouvait que c’était honorable, elle-même partageait avec peu de gens qu’elle était née esclave. La différence entre eux deux, était qu’elle avait, pour la plupart, accepté son passé difficile et avait pu partager ses doutes, ses peurs et ses traumatismes avec quelqu’un. Elle avait réussi à gérer son passé pour qu’il ne vienne plus déranger son présent. Ce n’était pas infaillible et il lui arrivait d’avoir des moments difficiles, mais, lorsque ça arrivait, elle avait Séraphin ou Lilou en lesquels elle pouvait se confier et recevoir l’apaisement dont elle avait de besoin. Finalement, elle n’était pas contre l’idée de partager ces fragments de son passé avec Ajartiel s’il était confortable avec cette idée. Elle réaccota sa tête contre l’épaule de son ami pour regarder le mur avec lui lorsqu’il arrêta de la fixer.

« J’étais pas un gigolo. Et je devais même pas avoir cinq ans quand Soliman est mort. Vas pas t’imaginer des trucs. » finit-il par dire, obligeant Léanne a essayer de cacher sa déception. Elle murmura tout de même un : « Dommage.», dans son souffle. Elle aurait eu des questions pour lui si ça avait été réellement le cas.

Il eut par la suite un certain silence, il ne dura longtemps que dans l’esprit de la chef des Fées. Elle n’avait pas voulu répondre à la dernière réplique de son ami pour qu’il continu, à sa manière un peu pêlemêle et pleine de détour, à dire ce qu’il voulait dévoiler. Il brisa finalement le silence en disant, sérieusement : « Hannah était importante… Mais moi je suis personne. C’est... okay ? Je suppose.»

L’Afro-Américaine fronça les sourcils à cette dernière affirmation et releva la tête à la secousse des épaules de l’Ange. Elle ne niait pas qu’Hannah était importante, quelle l’ait été chez les humains, possible, mais elle l’était certainement pour Ajartiel. Elle ne comprenait toutefois pas pourquoi Ajartiel disait qu’il n’était personne. Était-ce un souhait ou une constatation? Parce que si c’était une constatation, il constatait mal. À ses yeux et aux yeux des Catiens qu’il avait aidé depuis le début de la C.A.T., il n’était pas personne, il était Ajartiel, le plus meilleur! Un être exubérant qui était toujours là pour remonter les morals et briser la glace. Il n’était pas personne.

Mais elle n’eut pas l’occasion de le lui faire remarquer, parce qu’une avalanche de mots sortit de la bouche du Hongrois. La Fée y décela un fouillis d’émotions; de la colère, de la tristesse, de la frustration, du regret, un sentiment d’impuissance et un besoin d’essayer de se détacher de tout ces troubles. Elle le regarda se laisser tomber sur le dos et tourna le haut de son corps vers lui en appuyant une main sur le matelas, penchant sa tête sur le côté pour l’observer. L’idée de monter par-dessus lui pour l’embrasser effleura son esprit, mais elle fit vite de chasser cette image de sa tête.

Après avoir jeter sa hargne contre le plafond, le chef des Anges demanda, plus calmement à la Fée : « Toi, comment ça va ? »

Un peu surprise par cette question vraisemblablement sortie de nulle part, la femme fronça les sourcils et dévisagea son ami avec un demi-sourire. Ah? C’était à son tour de parler? Il avait besoin d’une pause de confidences? Elle haussa finalement les épaules et bailla en s’étirant les bras et les ailes pour finalement se tourner complètement vers lui et plier ses jambes en indien sous elle.

« On peut bien parler un peu de moi, mais on va revenir sur toi tantôt, parce que tu n’es pas personne » dit-elle en mettant l’emphase sur le pas. Elle n’incita pas plus que ça, toutefois, et continua : « Je vais bien. Séraphin m’a forcé à prendre l’après-midi de congé et on a pris ça très relax. On a pris le thé et on a été au spa. C’était agréable. On s’est ensuite fais une soirée musique et beauté. Regarde mes orteils! »

Elle défit ses jambes pour un agiter une au-dessus d’Ajartiel, ses ongles d’orteils étant tout propres avec un beau vernis vert forêt dessus. Elle ramena sa jambe sous elle et glissa sa tresse sur le devant de son épaule pour la lisser distraitement d’une main.

« Et… je suis contente que tu sois là. Je suis contente de parler avec toi. Même si c’est peut-être moins agréable pour toi, je suis contente d’apprendre à te connaître un peu plus. De voir ce qu’il y a sous les apparences… Je me suis inquiétée, au bal. J’ai eu peur que tu ne me fasses pas assez confiance pour… » dit-elle en s’arrêtant, réalisant que ce n’était pas le bon moment pour parler de ce qu’elle ressentait. Elle baissa les yeux vers ses mains et fronça le nez avant de dire : « Bah, ce n’est pas important pour l’instant. Pourquoi tu ne peux pas dormir? Tu n’arrives pas à trouver le sommeil? »

Elle avait changé le sujet pour qu’il ne puisse pas lui poser des questions sur son commentaire sur sa confiance. Elle ne voulait pas s’empêtrer dans ces plats-là. Ils pourraient en reparler éventuellement s’il le souhaitait, mais la situation était pour l’instant résolue et elle ne souhaitait pas en parler ce soir.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMer 27 Jan - 0:17

« Regarde mes orteils! » était une phrase pas mal insolite, surtout venant de Léanne, et Ajartiel rigola en jetant un oeil aux ongles colorés de la Fée. Il ne comprenait pas l’intérêt des pédicures, mais l’important c’était que Léanne Je-suis-assez-badass-pour-faire-pleurer-un-Vampire Cissé soit contente de pouvoir maintenant botter des derrières avec des pieds décorés. Hey, il n’allait sûrement pas se plaindre de découvrir qu’elle pouvait avoir un intérêt aussi futile ! C’était marrant. Et mignon.

Malheureusement, le côté loufoque de Léanne retourna aussitôt se terrer et l’Afro-américaine revint à des considérations plus sérieuses. Oui, lui aussi était content d’être en sa compagnie, mais... ugh. Il n’allait pas le lui dire dans cette ambiance lourde. Surtout que, au final, il ne se sentait pas revigoré ou quoique ce soit.

En fait, il n’avait aucune idée de ce à quoi il s’était attendu, vu qu’il n’avait pas voulu y réfléchir. Il avait juste suivi le conseil d’Hannah, parce que c’était Hannah. Il avait parlé... en quelque sorte. Et il se sentait toujours autant frustré. Donc, par déduction, le conseil d’Hannah avait été nul. Et il ne savait pas encore si ça venait de briser quelque chose entre Léanne et lui, mais c’était une possibilité. La preuve qu’il aurait mieux fait de se fier à son instinct.


« Pourquoi tu ne peux pas dormir? Tu n’arrives pas à trouver le sommeil? » fut tout ce qu’Ajartiel accepta de considérer dans les aveux de Léanne. Le reste était trop... trop.

« C’est une longue histoire compliquée. », répondit nonchalamment l’Ange. « Trop pour que j’arrive à rendre ça intéressant et drôle. »

Il se redressa sur ses coudes pour mieux voir Léanne sans se tordre le cou. Et parce que ce n’était pas tellement confortable d’être couché sur le dos sur un lit avec les jambes dans le vide, mais c’était moins dur sur les lombaires en se redressant un peu. "Dur sur les lombaires"... Wow... Il se faisait vieux...

« Est-ce que Séraphin a précisé que, pour que le congé serve à quelque chose, ça t’interdisait d’abattre le double de boulot le lendemain pour reprendre le temps soi-disant perdu ? », demanda-t-il en haussant un sourcil, pas dupe. Comme si Léanne pouvait réussir à procrastiner !

« Je l’aime bien, ton cousin. C’est pas un très bon informateur et ma déception est incommensurable, mais bon. S’il a réussit à te faire relaxer (pour de vrai !), ça compense. », blagua ensuite l’Hongrois avec un sourire espiègle.

Son sourire s’effaça doucement et il dévia le regard en faisant mine de réfléchir. Il se passa distraitement une main dans les cheveux (Tout à fait involontairement, bien sûr. Uh uh.) avant de reprendre sa position initiale, sur ses coudes. Il attendit un instant supplémentaire, pour une fois réellement subtil, avant de reporter son attention sur la Fée.

Ajartiel était généralement un idiot, mais il était un foutu bon menteur quand il le voulait. Et, là, il avait une hypothèse à tester ! C’était sérieux !


« En vrai, je vois pas de quoi tu aurais pu t’inquiéter. », continua-t-il, avec l’attitude du mec qui sort de ses pensées, afin que Léanne ne se doute de rien de sa petite expérience scientifique. Son ton était plus perplexe que curieux, mais curieux quand même. « C’est ton cousin, pas ton frère siamois. Pourquoi tu lui aurais confié les pires trucs ? Ou alors c’est le roi des fouineurs et il faudrait que j’en ai peur... »

Il n’y avait aucune chance qu’il ait un jour peur de Séraphin, mais c’était amusant à imaginer.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptySam 30 Jan - 15:34

Ajartiel ne voulu pas répondre directement à la question de Léanne, expliquant que c’était une histoire compliquée et que ce ne serait pas drôle. Léanne fit la moue. Ça ne lui dérangeait pas que ce soit compliqué et pas drôle… Et il avait bien peu de foi en lui-même, parce que la Fée ne croyait pas qu’il y existe quelque chose que l’Ange n’arriverait pas à tourner au ridicule.

« Est-ce que Séraphin a précisé que, pour que le congé serve à quelque chose, ça t’interdisait d’abattre le double de boulot le lendemain pour reprendre le temps soi-disant perdu ? » dit le Hongrois avec un air de doute.

Léanne croisa les bras et fronça le nez. Beuh, elle avait réussi à ne pas penser à tout le travail qu’elle allait devoir rattraper le lendemain et il lui ramenait ça à la mémoire! Maintenant, elle allait se repasser en boucle dans sa tête les dossiers sur lesquels elle avait besoin de travailler demain matin.

« Ce n’était pas une journée de congé complète, alors ta règle ne s’applique pas et je peux bien faire ce que je veux! » répondit-elle en vraie petite délinquante avec un regard de défi pour son ami. « Si tu veux m’évitez ça, je te lèguerais volontiers de mes tâches… » Ou pas, elle était un peu/beaucoup contrôle freak et risquerait de repasser derrière lui pour s’assurer que ce serait ‘’bien fait’’, ou plus exactement, fait à sa manière.

Ajartiel ne resta pas sur le sujet toutefois et continua plutôt en parlant de Séraphin avec un air tanant.

« Je l’aime bien, ton cousin. C’est pas un très bon informateur et ma déception est incommensurable, mais bon. S’il a réussi à te faire relaxer (pour de vrai !), ça compense. » fit l’Ange.

Léanne pencha la tête sur le côté et sourit en le dévisageant. Est-ce qu’Ajartiel s’inquiétait pour sa santé mentale? C’était bien… étonnant de sa part, mais aussi réconfortant. Il ne démontrait pas vraiment qu’il tenait à elle normalement, du moins pas avec des mots. Elle se retient de le taquiner sur ce fait, surtout qu’il semblait maintenant parti dans ses pensées… Il se replaça distraitement les cheveux et le regard de Léanne ne put s’empêcher de suivre le mouvement. Elle se mordit la lèvre inférieure et continua de l’observer sans s’en rendre compte. Ses pensées divaguèrent à nouveau vers des sujets moins PG13…

« C’est ton cousin, pas ton frère siamois. Pourquoi tu lui aurais confié les pires trucs ? Ou alors c’est le roi des fouineurs et il faudrait que j’en ai peur... » fit Ajartiel, sortant Léanne de ses rêveries. Elle secoua la tête en réalisant qu’elle avait manquée le début de ce qu’avait dit son ami.

Par contre, en réponse à ce qu’elle avait compris, elle fronça les sourcils et dévisageant le Hongrois. Woah, elle ne lui avait vraiment pas parler assez d’elle s’il croyait vraiment ça! Elle allait devoir rectifier ça! Bon, c’était Ajartiel qui avait besoin de parler, mais elle pouvait bien l’inciter à se livrer en partageant elle-même de son passé.

« Séraphin est officiellement mon cousin, mais nous avons une relation qui est plus près de frère et sœur. On a grandi ensemble. On a vécu plus souvent sous le même toit que séparés. Il était présent à presque tous les moments importants de ma vie. Alors, je n’ai pas besoin de me confier pour qu’il ait des choses honteuses à lui dire. Mais il est aussi mon confident, alors oui, il a beaucoup de matériel à partager sur moi. Et comme il est presque mon petit frère, il aime bien m’agacer et tu es la nouvelle façon qu’il a trouvé pour le faire. »
confia-t-elle, sans gêne.

Séraphin avait toujours été là pour elle quand en avait eu de besoin et elle avait toujours essayé d’être là pour lui dans ses moments difficiles. Léanne sourit tristement, son regard se perdant dans le vide, en se remémorant certains de ces souvenirs. Elle eut un petit soupire et puis se reconcentra sur le chef des Anges. Elle fronça les sourcils et croisa les bras.

« Tu vas enlever tes souliers ou tu vas continuer à salir mes draps? » dit-elle, en feignant être frustrée.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptySam 30 Jan - 21:30

Est-ce que ça avait marché ? Yo ! Léanne avait définitivement eu l’air ailleurs pendant un instant. Séraphin ne s’était pas moqué de lui ? Wow. Ajartiel n’allait pas remercier l’Afro-américain, parce que ça serait beaucoup trop bizarre de ramener le sujet, mais... Ouaip. Info de qualité.

L’Ange ne pu se retenir de sourire devant sa petite victoire, mais il fit l’effort de camoufler le reste de sa satisfaction et s’intéressa innocemment à la réponse de son amie.

Ajartiel, malgré ses sept frères et soeurs, ne pouvait pas dire qu’il comprenait vraiment ce que Léanne entendait par relation "de frère et soeur". Aucun des membres de sa famille n’avait été son confident et aucun en s’était amusé à l’agacer. Est-ce que c’était censé aller dans les deux sens ? Est-ce que Léanne agaçait Séraphin aussi ? Le Magyar avait du mal à s’imaginer que ce fut le cas. Peut-être que ça pouvait être unilatéral... En y repensant, personne de sa fratrie n’avait trouvé intéressant de se payer sa tête, mais l’inverse n’était pas vrai. Au moins jusqu’à ce que leur père détermine que Siegl était une trop mauvaise influence et que, à partir de là, il n’ait plus tellement eu de contact avec les autres...


« Tu vas enlever tes souliers ou tu vas continuer à salir mes draps? », fit soudainement Léanne d’un air sévère qui tranchait avec le reste de la conversation. Ajartiel sourit de plus belle.

« Wi manman. », répondit-il, s’amusant à caser, avec une prononciation approximative, un échantillon du maigre vocabulaire qu’il avait en créole.

Il fit un clin d’oeil à Léanne, puis se rassit et se pencha pour retirer ses espadrilles, qu’il abandonna sur le sol. En se redressant, il ramena ses pieds sur le lit, se tourna, glissa un bras autour de la taille de Léanne, et se laissa tomber sur le matelas en l’entraînant avec lui.

Ajartiel n’était pas prêt à affirmer qu’avoir mis des mots sur ses problèmes du moment changeait quoique ce soit. Parce que ça ne changeait rien, logiquement. Pas plus que son choix habituel de vivre dans le déni, certes, mais, justement, en quoi sortir du déni était une bonne chose si l’autre option n’apportait rien de plus ?

Cependant, aller voir Léanne avait été plus agréable qu’il ne l’avait anticipé. Il était... confortable, dans cette situation où elle acceptait ses élucubrations et continuait de le traiter comme elle l’aurait fait normalement.

En fait, peut-être que ça changeait une chose, cette histoire. Il était fatigué et il aurait pu passer encore plusieurs heures à errer dans la base pour être certain d’assommer suffisamment son subconscient. Mais l’idée de s’installer contre Léanne était plus intéressante. Ça ne faisait techniquement pas partie du "truc" qu’ils avaient. Ils n’étaient pas intime à ce niveau. Mais... meh.

Ajartiel embrassa Léanne sur la tempe avant d’appuyer la tête sur l’épaule de la Fée et de fermer les yeux.


« J’avais, à ma connaissance, sept frères et soeurs. Y’en a pas un dont j’étais proche. », confia-t-il d’un ton de voix indifférent qui penchait déjà vers le sommeil. « Peut-être Szávay... Elle me ressemblait... mais elle est morte adolescente, j’pense. »

Il n’était pas tellement en mesure de réfléchir posément à la question, mais, distraitement, il se demanda qu’elles histoires honteuses Séraphin pouvait bien connaître. En fait, plus précisément, Ajartiel ne voyait pas quelle situation aurait pu faire honte à Léanne. Il l’avait déjà vu anxieuse, hésitante, irritée et tout un tas d’autres variantes d’émotions déplaisantes. Mais pas honteuse.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 1 Fév - 20:49

« Wi manman. » fit Ajartiel en réponse à la ‘’demande’’ de la Fée pour qu’il retire ses souliers.

« Bon. » répondit Léanne dans la même langue que son ami venait d’utiliser, avant de réaliser qu’il avait parlé créole. « Attends. Qué-quoi? »

Elle releva la tête vers lui, mi-incrédule et mi-insultée, mais il ne s’expliqua qu’avec un clin d’œil. Il ne la laissa pas le questionner et la fit tomber, couchée sur le lit avec lui. La chef des Fées se fit la remarque qu’elle pouvait bien chialer sur le manque de matelas dans la chambre du Hongrois, son lit à elle n’était quand même pas très grand pour qu’ils s’y couchent ensemble. Il avait été construit pour accueillir une Fée adulte, pas un Ange et une Fée!

Ils devaient donc bien se coller pour ne pas tomber au sol. Cela ne dérangeait pas vraiment Léanne. Ajartiel ne sentait pas mauvais, un avantage de son statut de mort-vivant, et il dégageait une agréable chaleur. Elle pourrait s’habituer à ça… Se blottir contre quelqu’un était vraiment sa façon préférée de s’endormir.

Ajartiel la surprit en posant un baisé sur sa tempe et elle sourit alors qu’il accota sa tête contre elle. Cette petite attention lui avait été agréable. Elle l’observa du coin de l’œil et puis releva sa main qui n’était pas relié à l’épaule que l’Ange utilisait pour se reposer et la passa doucement dans les cheveux du Magyar.

Son ami, les yeux fermés, se mit à parler de sa famille. Léanne fut triste d’apprendre qu’il n’ait pas pu être proche de ses frères et sœurs. Lorsqu’il finit de parler, elle déposa sa main sur son torse et ferma les yeux, allant cacher son nez dans les cheveux blonds de l’Ange.

« C’est moche… Mais parfois notre famille se trouve en dehors des liens biologiques. Personnellement, je n’étais pas très proche de me mère. Étonnement, j’avais plus d’affinité avec mon père qui était le fils de l’homme qui nous possédait… C’est étrange avec du recul, j’aurais dû le détester… » fit-elle partageant des souvenirs beaucoup plus profonds qu’elle ne l’aurait crue.

Elle se demande soudainement si Ajartiel était au courant qu’elle était une ancienne esclave. Il n’avait peut-être pas lu sa fiche… Et elle n’en parlait pas souvent, mais elle ne le cachait pas non plus. S’il avait le moindrement étudié l’histoire américaine, il aurait pu réaliser qu’une noire en Louisiane dans les années 1800, ça ne se promenait pas librement dans la rue! S’il n’avait pas fait le lien, bah, c’était un moment comme un autre pour lui de l’apprendre!
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyMar 2 Fév - 0:26

Ajartiel allait probablement le regretter s’il s’endormait, mais avec Léanne contre lui, honnêtement, il n’avait pas la volonté nécessaire pour faire autre chose que d’apprécier le moment. Et comme il avait un peu de pratique avec le déni, il ne lui fut pas trop difficile de juste décider de momentanément oublier qu’il serait plus sage de ne pas rester là.

« C’est moche... », commenta la Fée. L’Ange n’était pas trop sûr si elle parlait du fait que sa soeur soit hypothétiquement morte (quoique, réalistement, elle l’était dans tous les cas, aujourd’hui), ou du fait que Szávay et lui avait eu un tempérament similaire, ou juste de l’idée générale de l’imaginer avec une famille... Quoiqu’il était surtout mécontent que Léanne ait arrêté de lui caresser les cheveux.

La chef des Fées précisa sa pensée en continuant sur le thème de la famille. Le sujet n’était pas agréable et Ajartiel écouta, parce qu’il était curieux, mais il n’avait pas l’intention de surenchérir. Le sommeil lui offrirait une bonne excuse, si besoin.


« Étonnement, j’avais plus d’affinité avec mon père qui était le fils de l’homme qui nous possédait... C’est étrange avec du recul, j’aurais dû le détester... », confia Léanne avant d’arrêter de parler, vraisemblablement songeuse.

Le cerveau d’Ajartiel eut besoin d’un bon deux secondes de délais avant qu’il n’enregistre le sens de ses paroles. Il ouvrit brusquement les yeux.


« Quoi ?! », s’exclama-t-il en redressant la tête, bien réveillé.

Malgré la petitesse du lit de Léanne, qui ne lui donnait pas tellement la place pour bouger, il parvint à se redresser sur un coude pour la dévisager avec sérieux.

Possédait ? Comme... Uh.

Ajartiel venait peut-être d’une autre époque, mais il avait lu des livres, depuis. Et vu des films. Bref, il n’était pas resté déconnecté avec la réalité du jour et, sans être nécessairement féru d’histoire, il en connaissait les grandes lignes. Le passé esclavagiste des États-Unis se qualifiait définitivement comme étant "une grande ligne de l’Histoire". Maintenant qu’il y songeait, il aurait facilement pu faire des liens dans sa tête entre l’âge de Léanne et son lieu de naissance. Elle lui avait aussi dit, un jour, qu’elle avait travaillé dans une plantation... Wow. Il était vraiment idiot.

Sourcils froncés, Ajartiel ouvrit la bouche pour articuler quelque chose de plus intelligent que "Quoi ?!", mais il la referma presqu’aussitôt et serra les dents. Qu’est-ce qu’il était supposé dire ?

Une autre réalisation s’insinua ensuite dans son esprit et, une pointe d’irritation se glissant dans sa confusion, il détourna les yeux du visage de Léanne pour observer un point imaginaire, plus loin au-dessus la tête de la Fée. Il ne savait pas parce qu’il n’avait pas voulu savoir. Est-ce que ça changeait quelque chose, qu’il sache ? Peut-être que ça l’obligeait à considérer une complexité chez Léanne qu’il était plus facile d’ignorer. Ou peut-être que ça ne changeait rien du tout, s’il continuait de l’ignorer. Est-ce qu’elle voulait qu’il l’ignore ? Sûrement, un bagage de victime n’était pas ce que Léanne voulait qu’on retienne d’elle, sinon elle lui aurait parlé de ce passé bien avant. Elle ne se définissait pas par ça, de toute évidence. Un sentiment qu’il comprenait totalement. Et donc... et donc... rien ?

Ajartiel se laissa retomber sur le matelas et son regard revint sur le visage de la Fée, tout près de lui.


« Désolé... », commença-t-il prudemment, voulant faire pardonner la réaction qu’il avait eue. Une réaction injuste qu’il aurait, lui-même, détesté recevoir. Même si Léanne n’était pas lui, évidemment, alors qu’est-ce qu’il en savait ? Qu’est-ce qu’elle attendait de lui ?

« Est-ce que tu... ça... uh... »

Sérieusement, il avait envi de se gifler lui-même.

« Je suppose que je viens de rendre l’ambiance vraiment bizarre. », nota-t-il, exaspéré. Parce qu’il savait très bien comment, lui, aurait réagit si, un peu plus tôt, Léanne avait eu cette attitude. En gros : mal. « Je suis vraiment un imbécile. »

Il grimaça et soupira.

« Désolé. », répéta-t-il. « Je peux faire semblant que les cinq dernières minutes n’ont pas existées, si ça aide ? »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyVen 5 Fév - 20:58

La remarque glissé anodinement par la Fée sur son passé d’esclave fit son effet sur Ajartiel.

« Quoi?! » fit-il brusquement en se redressant.

Cela répondit à la question que c’était posé Léanne plus tôt. Non, Ajartiel ne connaissait pas et ne semblait même pas suspecté son passé d’asservie. Elle soutient le regard de son ami et hocha légèrement la tête pour répondre au questionnement qu’elle voyait dans ses yeux. Oui, elle avait été esclave.

Elle était un peu surprise, d’ailleurs qu’il réagisse autant, mais en même temps c’était Ajartiel, il ne faisait jamais à demi-mesure, parce qu’elle avait soupçonnée qu’il avait lui-même été esclave dans son autre vie. Cela n’avait pas été écrit dans son dossier, car la C.A.T. avait peu de données sur le passé du chef des Anges, mais les cicatrices dans son dos lui avait mit la puce à l’oreille.

Léanne avait vue et guérit, malgré son manque de talent naturel, de nombreuses blessures d’esclaves. Les sanctions contre ses compatriotes qui volaient, qui essayaient de s’enfuir ou de se rebêler étaient sévères et violentes. Les esclaves qui travaillaient aux champs étaient particulièrement susceptibles de se faire battre par des contremaîtres en abus de pouvoir. Ils étaient plus vulnérables puisqu’ils se trouvaient loin du propriétaire, qui, même s’il appréciait une correction à un ouvrier récalcitrant, ne souhaitait pas blesser ses esclaves trop sévèrement et perdre de sa précieuse main d’œuvre. Léanne pouvait encore se souvenir clairement lorsque les malheureux arrivaient sur une civière de fortune dans la hutte pour les blessés et malades. Ils étaient souvent défigurés et couverts de sangs, leurs ecchymoses, tellement importantes, que la Fée avait de la difficulté à reconnaître un visage humain.

Léanne et sa famille avaient eu de la chance dans leur situation. Leurs pouvoirs faisaient d’eux des ressources inestimables. Ainsi, personne ne pouvait lever la main sur eux sans en avoir parlé directement avec M. Lessard, le propriétaire. Cela n’avait pas empêcher Léanne de recevoir de nombreuses corrections pour insubordination, souvent de la main même de son grand-père paternel. Mais la famille Cissé avait tout de même une position enviable par rapport aux autres esclaves. Lorsqu’ils ne prenaient pas soins des malades, ce qui pouvaient occuper la plus grande partie de leurs journées, les travaux des Fées étaient relativement légers. Ils utilisaient leurs pouvoirs pour aider les plantations à germer et entretenaient les nombreux jardins de la villa. Léanne avait aussi travailler quelques années comme aide à la maison du propriétaire, sous la demande de son père, ce qui lui avait permis de passer ses quelques moments libres à lire et étudier avec lui.

Tout cela pour dire, que même si elle n’avait pas reçu le plus grand nombre de coups, elle savait depuis longtemps reconnaître les traces qu’ils laissaient. En voyant le dos d’Ajartiel, elle y avait suspecté les stigmates d’un passé d’esclavage. Elle n’avait pas abordé le sujet, parce que l’Ange semblait avoir un complexe avec les cicatrices qui ornaient son dos et elle ne souhaitait pas rapporter à sa mémoire de durs souvenirs.

Son ami se retrouva sans mot pendant que Léanne se remémorait les premières décennies difficiles de sa vie. Il était vraisemblablement mal à l’aise d’une telle révélation. Était-ce le choc d’apprendre qu’ils avaient partagé un sort similaire ou tout simplement la surprise de réalisé qu’elle avait été esclave? La Fée avait eu droit à plusieurs réactions différentes lorsqu’elle avait partagé son passé avec des proches. C’était, en général, un mélange de surprise, de pitié et d’offuscation. Le comportement du chef des Anges ne semblait pas s’éloigné de ça. Elle s’était probablement fourvoyée. Peut-être n’avait-il pas été esclave…

Le Hongrois se laissa tomber à nouveau à ses côtés et reporta son attention sur elle alors qu’il avait réfléchit le regard dans le vide juste avant. Il s’excusa, ce qui fit naître un sourire timide sur les lèvres de la Fée. Elle ne lui en tenait pas rancune.

« Je suppose que je viens de rendre l’ambiance vraiment bizarre. » ajouta-t-il.

L’Afro-Américaine se trouva aussi responsable que lui, sinon plus de la création de cette ambiance. Elle n’avait pas voulu le rendre mal à l’aise, seulement partager avec lui un petit peu de son passé.

Il s’excusa à nouveau et proposa d’oublier ces derniers instants. Le sourire de Léanne s’étira d’avantages et elle secoua doucement la tête. C’était peut-être méchant, mais elle le trouvait adorable dans sa confusion, elle devait se retenir de ne pas trop sourire pour ne pas qu’il le prenne mal ou qu’il croit qu’elle lui avait mentit pour le faire réagir.

Elle releva sa main et la posa sur sa joue, plongeant son regard noisette dans les iris bleutés d’Ajartiel. La Fée s’étira le cou et vient poser ses lèvres sur les siennes pour un bref baisé. C’était pour se faire pardonner de lui avoir fait traverser toutes ses émotions alors qu’il était sur le point de s’endormir… Et parce qu’il était absolument trop mignon!

Léanne recula son visage de celui de son ami pour croiser son regard.

« Je ne t’en veux pas. Si j’avais craint ta réaction, je ne te l’aurais pas dit, ne t’en fais pas. » commença-t-elle.

Soudainement, un peu gênée de l’avoir embrassé subitement, elle se tourna sur le dos et regarda le plafond de sa hutte en déposant ses mains sur son ventre. Elle sentit la chaleur lui monter aux joues. Qu’est-ce qui lui avait pris? Voyons. Elle se racla la gorge en essayant de reprendre un peu contenance, mais garda ses prunelles rivées sur le toit de paille de sa petite maison.

« Je vais être honnête, j’avais cru, ou du moins fortement soupçonnée, que toi aussi… tu avais été… esclave dans ton autre vie. Les cicatrices sur ton dos, j’en ai vu chez beaucoup de mes semblables. Ta réaction me fait croire que j’avais tort… Je ne voulais pas te bouleverser. » fit-elle pour expliquer, en partie, la raison de sa révélation.

Elle passa une main sur son visage en grimaçant, c’était un peu gênant de révéler son erreur.

« Et tu n’as pas à parler de la raison de tes blessures non plus. Je n’apportais pas le sujet pour ça. » rajouta-t-elle pour qu’il ne se sente obligé d’en parler. Elle avait compris qu’Ajartiel avait beaucoup de difficulté à parler de son passé.

Personnellement, elle n’avait pas honte de sa propre histoire. C’était certes des souvenirs parfois douloureux, mais elle avait plus de facilité à parler de son expérience de l’esclavage que de la perte des deux êtres les plus chers à son cœur. Elle tourna sa tête vers lui et l’observa un instant au travers de ses nombreuses mèches rebelles avant de dire :

« Ça ne me dérange pas de parler des années que j’ai vécus sur la plantation. Nous pouvons en discuter si tu veux en savoir plus. Partager cette partie de ma vie avec toi me ferrais plaisir»
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptySam 6 Fév - 1:43

Ajartiel avait craint la réaction de Léanne surtout parce qu'il n'avait réellement aucune idée de ce qu'elle serait. L'empathie, c'était loin d'être le point fort du chef des Anges. Il passait souvent du temps avec la Fée, mais ils ne partageaient normalement pas de moments profonds. Ils s'amusaient, tout simplement. Et, périodiquement, comme la semaine précédente, ils s'engueulaient. Néanmoins, Ajartiel n'était pas devenu meilleur, au cours des mois, pour deviner quand ces engueulades allaient surgirent. Léanne avait la manie de se mettre en colère sans qu'il ne sache pourquoi, mais là, présentement, il aurait compris si elle s’était effectivement offusquée.

Il fut soulagé de la voir sourire. Puis, elle l'embrassa, ajoutant une nouvelle pièce à conviction dans le dossier des réactions incompréhensibles de Léanne Cissé. Sauf qu'Ajartiel n'allait évidemment pas se plaindre, cette fois. Il ne voulait pas risquer qu’elle change d’avis.


« Je ne t’en veux pas. Si j’avais craint ta réaction, je ne te l’aurais pas dit, ne t’en fais pas. », se justifia-t-elle.

Ça ne répondait pas à la question de l'Hongrois, mais il décida d'interpréter cette remarque telle une invitation à effectivement juste passer à autre chose comme si le malaise n'avait pas été là. Bien. Il était doué pour ça.

Léanne se détourna ensuite, fixant le plafond. Avait-elle du mal à changer le sujet ? Besoin d’un coup de main du maître en la matière ? Ajartiel se mit à sourire, fort aise d’apporter son assistance. Cependant, alors qu’il ouvrait la bouche pour lancer une débilité, Léanne reprit la parole et il se figea.

Lui, esclave ? Ses cicatrices... Bizarrement, que Léanne fasse un lien entre les deux mit l’Ange plus mal à l’aise que la seule référence auxdites cicatrices, dont il ne parlait pas. Être esclave lui paraissait un destin pire que de juste être un gamin récipiendaire d’une éducation musclée. Techniquement, il aurait pu facilement éviter de se faire taper dessus. C’était juste une question de fierté mal placée (ou un truc du genre) ce qu’il avait subi. Bref. C’était deux scénarios vraiment différents, entre l’histoire de Léanne et la sienne, et son premier réflexe fut de vouloir confirmer à la Fée qu’elle se trompait effectivement. Il ne pouvait pas prétendre comprendre la vie d’un esclave et c’était juste mal, envers elle, de faire croire le contraire. Il était un mec simple avec une vie facile, bon. Et puis, aussi, d’ailleurs, il n’était pas "bouleversé", okay ?

Léanne n’avait jamais abordé le sujet des cicatrices qu’il avait et, conséquemment, Ajartiel avait facilement pu prétendre qu’elle ne les avait pas vues. Ça avait statistiquement zéro pourcent de chances d’être le cas, mais ce n’était pas des probabilités qui allaient empêcher l’Hongrois de vivre avec la tête dans le sable. Maintenant, cependant, il se demanda si la raison pour laquelle elle n’avait pas posé de questions était parce qu’elle avait juste assumé des trucs. Pas besoin de vérifier une hypothèse, quand ça nous semble une évidence. Est-ce qu’elle appréciait sa compagnie parce qu’elle s’était imaginé un lien dans leur passé respectif ?

Même si Ajartiel ne parlait jamais sérieusement de lui, encourageant ainsi indirectement les gens à émettre des suppositions, il détestait que ce soit la réaction suscitée. Que Léanne se soit livrée à ce jeu était irritant. Encore plus si elle en avait tiré de fausses conclusions et avait basé ses actions là-dessus !

Mais… non. C’était une idée stupide... Ils avaient été amis avant d’y ajouter des bénéfices..?


« Et tu n’as pas à parler de la raison de tes blessures non plus. Je n’apportais pas le sujet pour ça. », précisa Léanne en tirant Ajartiel de ses pensées. D’autres réflexions vinrent toutefois aussitôt s’insinuer dans son esprit fatigué.

Il n’avait pas remarqué de cicatrices particulièrement effrayantes sur le corps de l’Afro-américaine. Mais si elle avait été esclave… Imaginer Léanne physiquement soumise et impuissante était difficile et révulsant.


« Ça ne me dérange pas de parler des années que j’ai vécues sur la plantation. Nous pouvons en discuter si tu veux en savoir plus. Partager cette partie de ma vie avec toi me ferait plaisir. »

« Plaisir ? », répéta Ajartiel, incrédule, avant d’avoir le temps de réfléchir. Le mot était sorti tout seul, teinté de sa surprise et de son incompréhension, comme s’il s’était agi d’un nouveau terme dont il ne comprenait pas le sens.

Plaisir. Comment ça pouvait lui faire plaisir de parler de ça ? Comment pouvait-elle vouloir s’en rappeler ? Elle avait sûrement souffert.

Ajartiel n’avait pas la place pour rouler sur le dos lui aussi, le lit de Léanne n’étant pas assez large pour eux deux, alors il tourna juste la tête vers le plafond, qui avait une popularité incroyable en cette étrange nuit.

Il était curieux de tout dans la vie, mais le passé des gens était un volet de sa curiosité qu’il ne nourrissait pas trop. Ça venait probablement avec le fait de ne pas vouloir parler du sien. Il était curieux par rapport au passé de son amie, mais il ne pouvait pas interroger Léanne... Comment son père pouvait être son... maître ? Comment avait-elle pu survivre, sans être vaincue ? Ou alors elle l’avait été... Ugh. Il n’était même pas sûr de vouloir des réponses.

Hannah l’aurait traité de trouillard.


« Okay. », décida-t-il sans cependant regarder la Fée.

« Plaisir... franchement. », murmura-t-il, toujours dubitatif. Il enchaîna toutefois rapidement pour ne pas avoir le temps de changer d’idée. Il était venu ici pour foutre en l’air sa relation avec Léanne, apparemment. Il avait commencé, autant finir.

« Deux mensonges et une vérité. », déclara-t-il. Il leva un doigt pour compter, hésitant un instant avant d’annoncer : « J'ai été un criminel, capturé et condamné. »

Il leva un deuxième doigt et débattit mentalement quelques secondes sur la meilleure formulation pour sa prochaine phrase avant d’affirmer : « J'ai survécu de justesse à un incendie dont j'étais le responsable. »

Et, au troisième doigt, après un moment, il proclama : « J'ai été endoctriné par une religion croyant au bienfait des punitions corporelles. »

Trois énoncés susceptibles d’expliquer ses cicatrices. Trois énoncés qui étaient vrais, contrairement à ce qu’il avait laissé entendre, mais il pouvait bien tricher à son propre jeu. Léanne choisirait l’explication qu’elle préférait et supposerait "malheureusement" que le reste était faux.

Il aurait pu commencer par des trucs moins violent, mais il était Ajartiel. Il ne faisait pas dans la demi-mesure.

Même s’il venait de démontrer qu’Hannah avait raison.


« Plus amusant comme ça. », argua-t-il, un peu sarcastique, avec un regard et un sourire en coin pour la Fée en laissant sa main retomber. Il ne pouvait pas, ouvertement, questionner Léanne. C’était trop bizarre. Et même s’il pouvait tourner la situation sous forme de jeu, ça demeurerait déplaisant.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptySam 6 Fév - 23:08

Léanne grimaça à la réaction d’Ajartiel à son utilisation du mot plaisir. Bon, ce n’était pas le mot qu’elle avait voulu utiliser, mais elle n’avait pas trouvé mieux pour expliquer ce qu’elle ressentait. Seulement dire que ça ne lui dérangeait pas n’était pas assez précis et pouvait facilement être considéré comme une formule polie qui cachait un malaise. Mais ce n’était pas son cas. En réalité, elle voulait partager son histoire avec Ajartiel, elle l’appréciait assez et lui faisait assez confiance pour vouloir lui transmettre ses secrets. Pour qu’il puisse apprendre à mieux la connaitre, savoir les évènements marquants qui avait fait d’elle la femme qu’elle était maintenant. Alors, dire que ça lui faisait plaisir n’était pas tout à fait vrai, mais pas totalement faux non plus. Elle avait seulement une envie de partager avec son ami et elle lui avait expliquer un peu maladroitement son intention.

Un silence tomba et Léanne jeta un regard en coin au chef des Anges. Elle se mordilla la lèvre inférieure, se demandant à quoi il pensait… Comment il traitait cette nouvelle information? Il avait clairement été choqué un peu plus tôt… Elle espérait qu’il ne la prendrait pas en pitié, du moins, pas trop longtemps.

Dans un sens, elle était soulagée qu’Ajartiel n’avait pas connu la vie d’esclavage. Elle ne souhaitait cela à personne. Mais cette révélation apportait une nouvelle question. Qu’est-ce qui avait causé les cicatrices dans le dos du Hongrois? La Fée avait beau dire qu’elle ne voulait pas le forcer à en parler, elle était curieuse.

L’Ange la sortie de son questionnement en disant soudainement : « Okay. »

La Fée se tourna sur le côté et s’accota sur son coude pour l’observer, se demandant ce qu’il allait dire ou demander. Elle eut une pensée furtive sur la beauté du Hongrois, malgré ses airs fatigués.

« Deux mensonges et une vérité. » proposa-t-il.

Léanne releva un sourcil, mais accepta d’un hochement de la tête. D’accord, s’il voulait faire ainsi, elle pouvait lui inventer des mensonges…

« J'ai été un criminel, capturé et condamné. » commença-t-il à la surprise de la Fée qui pensait qu’elle serait celle à dire des mensonges et des vérités.

Elle sourit avec un air un peu surpris, mais laissa Ajartiel continuer. Il parla d’incendie et de religion. Léanne hocha légèrement la tête, son regard dans le vide alors qu’elle assimilait ses informations. Laquelle était vraie? En avait-elle simplement une seule de vraie? Il y avait une blague parmi les archivistes de la C.A.T. qui voulait qu’il ne fallait pas croire un mot lorsqu’Ajartiel parlait de son passé. Il avait vraisemblablement inventé plusieurs histoires farfelues qu’il avait servis aux pauvres archivistes.

Est-ce que c’était le cas ici? Est-ce qu’il essayait tout simplement de leurrer Léanne en lui donnant que des fausses informations? Pourtant, elle ne lui avait pas demandé de lui en donner, il l’avait fait par lui-même… Elle ne savait pas trop quoi en penser.

Elle décida d’analyser ces informations à voix haute, pour voir les réactions de son ami aux théories qui se formaient dans son esprit.

« Je n’ai aucune difficulté à croire que tu ais vécu une vie de hors la loi, connaissant ton amour de la liberté et ton dédain pour l’autorité. Capturé et condamné ça pourrait expliquer tes cicatrices et hm… ta fin. Pour l’incendie, ça expliquerait pourquoi tu es parfois tendu près du feu… Si je n’ai pas simplement imaginé ce détail… J’ai beaucoup de difficulté à croire que tu as été endoctriné. Si c’est le cas, ils ont échoué, tu ne me semble pas du tout suivre les préceptes religieux d’une religion que je connaisse… »
fit-elle en levant un doigt de sa main libre en passant au travers chacun des énoncés de l’Ange.

« Hm… Est-ce que ça te dérange que j’analyse ce que tu dis? J’essaye juste de déterminer ce qui est la vérité entre les trois et je t’avoue que je ne suis pas sûre entre les deux premiers… Mais assez parlé de toi. À mon tour. Voyons voir… » dit-elle pour ne pas rendre son ami plus inconfortable qu’il ne semblait déjà l’être.

Elle ferma les yeux un instant, réfléchissant à ce qu’elle allait dire. Elle ne savait pas ce qu’il voulait savoir. Elle craignait qu’il s’invente des scénarios d’horreurs sur la situation qu’elle avait vécu. Et inventer des mensonges… est-ce qu’ils avaient besoin d’être crédibles? Bah… peut-être pas…

Son attention revient sur l’Ange et elle plissa les yeux un instant avant de dire :
« Je vais faire le contraire. Deux vérités et un mensonge. Un. Je suis le résultat de l’affection d’un jeune fils de propriétaire d’esclaves envers une des esclaves qui le guérit d’une infection à la variole. »

Elle releva un sourcil en le regardant et se retient de rire tellement ça semblait ridicule dit à voix haute.

« Deux. Considérant que j’étais son aînée et probablement parce que ces autres enfants n’avaient pas d’intérêt pour, mon père m’a légué, à sa mort, le terrain de la plantation et tout ce qui était dessus. »


Elle n’allait pas dans les vérités violentes pour l’instant, comme l’avait fait Ajartiel. Elle n’osait pas encore aller dans les détails sur les traitements qu’elle avait reçu… Et elle devait inventer un mensonge maintenant…

« Trois. J’ai essayé deux fois de m’enfuir, sans succès. »
finit-elle.

La vérité était qu’elle avait fait 3 essais. C’était au troisième essai, après que son grand-père eut tué un de ses acolytes qui l’avait aidé et qu’il avait menacé de lui arracher les ailes que Léanne avait finalement cédée. Également, parce que l’idée de quitter sa famille lui était insupportable. Cela ne lui avait pas empêcher de préparer, mentalement, mille plans d’escapades.

« Alors? »
fit-elle avec un demi-sourire. « Quel est mon mensonge? »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyDim 7 Fév - 2:48

Léanne accueillit facilement l’idée du jeu, ce qui contribua à calmer un peu Ajartiel. Ça demeurait bizarre de parler de lui, mais c’était moins pire que ça aurait pu l’être, supposait-il.

« Je n’ai aucune difficulté à croire que tu ais vécu une vie de hors la loi, connaissant ton amour de la liberté et ton dédain pour l’autorité. Capturé et condamné ça pourrait expliquer tes cicatrices et hm… ta fin. »

Ajartiel se contenta d’un léger sourire amusé, mais demeura autrement neutre. Il n’allait pas donner des indices à Léanne !

« Pour l’incendie, ça expliquerait pourquoi tu es parfois tendu près du feu… Si je n’ai pas simplement imaginé ce détail… »

À cette remarque, il fronça les sourcils et la dévisagea, surpris. Ouais, okay, tant pis pour les indices. Il était étonné. Quand est-ce qu’elle avait remarqué ça ? Quand est-ce qu’il avait laissé paraître ça ?

« J’ai beaucoup de difficulté à croire que tu as été endoctriné. Si c’est le cas, ils ont échoué, tu ne me semble pas du tout suivre les préceptes religieux d’une religion que je connaisse… »

Ah ! Le sourire de l’Ange revint. Ça lui donnait envie de confirmer ce troisième fait, juste pour voir la tête qu’elle ferait, tiens. Bon, elle n’avait pas entièrement tort dans le sens où, effectivement, son éducation n’avait mené nulle part. Il avait fait un gigantesque doigt d’honneur à la religion. Mais, en jouant sur les mots, techniquement, l’aveu n’était pourtant pas faux.

« Est-ce que ça te dérange que j’analyse ce que tu dis? »

Il haussa une épaule. Étrangement… non ? Il trouvait amusant de découvrir comment Léanne le percevait. Possiblement parce que, finalement, c’était assez flatteur. Amoureux de la liberté, dédaigneux de l’autorité… Elle n’essayait pas de disséquer son passé pour expliquer son présent. Elle faisait plutôt l’inverse. Parce qu’elle le voyait comme il était, malgré tout ? Ou parce qu’elle n’avait pas encore assez de détails, peut-être...

« Mais assez parlé de toi. À mon tour. Voyons voir… »

Elle semblait bien trop enthousiaste. Tsss… Et, en plus, elle ne tenta même pas un verdict final.

Ajartiel la dévisagea silencieusement, surpris de réaliser que la situation lui plaisait, finalement. L’ambiance n’était pas lourde, la discussion était facile. Il adorait quand Léanne s’amusait.


« Un. Je suis le résultat de l’affection d’un jeune fils de propriétaire d’esclaves envers une des esclaves qui le guérit d’une infection à la variole. », fit-elle après avoir adapté les règles du jeu.

L’énoncé était affreusement spécifique. Il aurait donc facilement pu être faux. Et vu l’air de Léanne, ça semblait être le cas.


« Deux. Considérant que j’étais son aînée et probablement parce que ces autres enfants n’avaient pas d’intérêt pour, mon père m’a légué, à sa mort, le terrain de la plantation et tout ce qui était dessus. », continua-t-elle.

Ne le savait-il pas déjà, ça ? Ou, sans les détails, il savait au moins qu’elle avait eu une plantation… Donc ça devait être vrai. Quoique, comme l’autre énoncé, c’était tellement spécifique que ça pouvait facilement être uniquement partiellement vrai.


« Trois. J’ai essayé deux fois de m’enfuir, sans succès. », termina-t-elle avait de l’encourager à deviner ce qui était faux.

Encore une fois, Ajartiel se fit la réflexion qu’elle était bien trop enthousiaste…

Et il aimait ça.


« Numéro trois. », déclara-t-il, sans hésiter. « Léanne Cissé n’abandonne pas après juste deux essais. »

Et donc, ça signifiait que le reste était vrai. Que l’histoire entre la mère et le père de Léanne n’était apparemment pas aussi sordide qu’Ajartiel l’aurait cru en apprenant qu’elle avait été, d’une certaine façon, l’esclave de son père. En même temps, elle avait dit avoir été plus proche de son père que de sa mère. Il lui avait même légué des terres. Le mec ne devait pas être trop tordu… pour un esclavagiste…

Il y avait une infime chance qu’il se trompe. Peut-être que la Léanne du 19e siècle n’était pas la Léanne combattante de maintenant. (Ou alors elle avait effectivement échoué deux fois, mais réussi à la troisième tentative.) Mais Ajartiel ne voulait pas se lancer dans ce genre d’extrapolations, préférant détourner le sujet plutôt que de laisser un silence méditatif s’installer. L’ambiance lui plaisait comme elle était.


« Pater noster, qui es in caelis,
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra. »
, récita-t-il aisément.

« L’Église catholique. Je suis sûr que tu connais. », nargua-t-il ensuite.

Il n’avait pas envie que Léanne croit qu’il avait un jour été un genre de moine pieux versé dans l’auto-flagellation dont la doctrine de vie avait éventuellement fait volte-face et il ne pensait pas qu’elle en viendrait à cette conclusion. Même si ça aurait fait une histoire intéressante. Bref, il ne savait pas pourquoi il testait cette hypothèse, en fait... Peut-être juste pour brouiller les cartes.

Il roula sur le dos, puisqu’il en avait la place maintenant que Léanne s’était tournée sur le côté.


« Un. J’ai effectivement un... » problème ? malaise ? angoisse ? « …une relation compliquée avec le feu. Mais pas pour la raison que tu crois. » Si elle l’avait déjà remarqué de toute façon…

« Deux. » Il hésita pendant plusieurs secondes, cherchant à déterminer ce qu’il était prêt à admettre. « J’ai été puceau jusqu’à l’âge de 17 ans. Quand des amis à moi ont décrété que c’était inacceptable et ont déniché une fille pour remédier à la situation. »

Léanne pouvait bien accueillir cette information comme elle le voulait. Sans en être fier, Ajartiel n’en était pas pour autant honteux. Il ne pouvait pas balancer seulement les pires trucs de sa vie. Il refusait d’être une victime.

« Trois. J’étais un mauvais fils. »

Il n’avait pas précisé s’il jouait selon ses règles ou celles de Léanne. Ce n’était pas comme si ça faisait tellement une différence, de toute façon, de son côté. Léanne n’avait qu’à ne pas dénaturer l’idée originelle. Tant pis pour elle. Ajartiel porta sur elle un regard moqueur.

« Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Mystère, mystère... »
Léanne Cissé
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Léanne Cissé

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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin EmptyLun 8 Fév - 21:38

Léanne appréciait vraiment ce moment. Ajartiel avait eut une bonne idée avec son jeu et cela leur permettait de partager leur vécu sans que ça devienne trop lourd. Elle était contente, malgré sa fatigue. Elle avait l’impression que l’Ange acceptait enfin de baiser quelqu’une de ses défenses devant elle, ce qui était rassurant. Il commençait à comprendre qu’il pouvait lui faire confiance. Du moins, c’était l’impression qu’elle avait.

La réaction qu’eut son ami à sa remarque sur le feu lui donna un indice. Mais il était tellement difficile de savoir ce qui était vrai de ce qui ne l’était pas! Au moins, il ne semblait pas mal prendre qu’elle analyse à voix haute ses énoncés. Il semblait même s’en amuser…

Il devina facilement le mensonge dans les trois anecdotes de sa vie, mais elle ne lui avait pas rendu la tâche difficile non plus… peut-être le devrait-elle considérant qu’Ajartiel ne lui donnait pas vraiment de chance… Elle hocha la tête pour lui confirmer qu’il avait bien deviné.

« Je dois quand même te décevoir en te disant que mon troisième essai fut le dernier. On m’a donné de sérieux incitatif à ne pas recommencer. » dit-elle sans rentrer dans les détails de la morbide affaire qui lui avait fait rentrer dans le rang.

Le chef des Anges ne lui laissa même pas l’occasion d’extrapoler de toute façon, parce qu’il se mit à réciter une prière dans ce que Léanne reconnu comme étant du latin.

« L’Église catholique. Je suis sûr que tu connais. » ajouta le Hongrois.

Oui, elle connaissait et elle n’aimait pas beaucoup. Léanne et sa famille n’avait jamais été convertis au christianisme, mais ils avaient fréquemment dû prétendre pratiquer cette religion pour mieux s’intégrer à la population de la Louisiane. Leurs dons naturels et leur petite taille les faisant déjà assez ressortir du lot. Et des rumeurs de sorcelleries avait souvent voyager à leur égard. Si seulement ces pauvres idiots avaient su! C’est pourquoi la chef des Fées reconnu qu’Ajartiel récitai une des prières fréquemment marmonnées à l’Église. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle signifiait, puisqu’elle n’était allée à l’Église que pour le paraître et ne portait que rarement attention à ce qui se disait.

Mais cette révélation ne fit que mélanger d’avantage l’Afro-Américaine qui se demandait vraiment ce qui était vrai et ce qui était faux dans ce qu’avait dit son ami. Peut-être que la fausseté était dans les détails, comme elle l’avait fait avec son dernier énoncé… Hum, c’était un tout un casse-tête.

Lorsqu’Ajartiel se roula sur le dos, elle se laissa tomber contre son torse en échappant un petit soupire. Elle ne savait plus que penser. Qu’est-ce qui était vrai? Qu’est-ce qui était faux?

Elle se mit à distraitement tracer des formes de son doigt sur le torse de l’Ange alors qu’il commençait à réciter ses trois nouveaux énoncés. Le premier lui fit froncer les sourcils. Donc elle avait vraiment raison pour sa tension près des feux… À moins que ce soit un mensonge? D’ailleurs, il utilisait encore les règles du début ou celles qu’elle avait modifiées?

« Deux. J’ai été puceau jusqu’à l’âge de 17 ans. Quand des amis à moi ont décrété que c’était inacceptable et ont déniché une fille pour remédier à la situation. » continua l’Ange.

Léanne grimaça à cette idée. Elle espérait qu’ils n’avaient pas fait comme certains gardiens des plantations qui se prenaient la première noire de leur goût et qui forçait leur désir. Elle doutait que ce soit le cas d’Ajartiel, mais si c’était la norme dans son temps, peut-être qu’il ne s’était pas posé trop de question… Elle préféra ne pas trop y penser.

« Trois. J’étais un mauvais fils. » finit-il.

Elle releva sa tête pour le regarder, curieuse de savoir ce qui lui faisait penser ça… Si c’était vrai.

« Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Mystère, mystère... » dit-il, faisant écho aux pensées de la Fée quelques minutes plus tôt.

Léanne fit une moue, confuse. Elle ne savait plus top quoi penser. Elle posa son menton dans sa main pour regarder le chef avec un air suspicieux et dit : « Mon premier instinct est de croire que tout ce qui sort de ta bouche est faux, mais mon intuition me dit qu’il y a du vrai dans ce que tu as dit… Je crois, hum… Je crois que tu ne joues pas dans les règles… »

Elle haussa les épaules et se recoucha sur le torse de l’Ange. Ce n’avait pas vraiment d’importance. Il s’ouvrait à elle, ils avaient un moment agréable, c’était tout ce qui comptait.

« Si ton premier énoncé est faux, je ne vois pas pourquoi tu l’aurais dit. Alors je suis pas mal sûr que c’est vrai. Le deuxième, que ce soit vrai ou pas, j’espère seulement que la fille était consentante et que tu en avais envie. »
dit-elle doucement. Elle avait essayé de ne pas prendre un ton de jugement, mais c’était difficile puisqu’elle avait vue trop de jeunes femmes qui s’étaient fait violer. Elle espérait sincèrement qu’Ajartiel n’avait pas été ce genre d’homme, même dans un autre temps ayant d’autres mœurs…

Elle soupira, regrettant d’avoir été un peu plus sec dans sa remarque qu’elle ne l’avait voulue. Elle ne souhaitait pas briser l’ambiance.


« Finalement, peut-être que tu crois avoir été un mauvais fils, mais je serais surprise que ce soit le cas. J’ai rencontré dans ma vie beaucoup plus de mauvais parents que de mauvais enfants. Et les mauvais enfants sont souvent le reflet de l’éducation qu’ils ont reçu de leur parents… Mais je dis ça sans rien connaître de ta situation. Je me base uniquement sur mon vécu. »
dit-elle.

Elle grimaça, réalisant qu’elle parlait trop. Elle se tourna sur le dos, sa tête sur l’épaule de l’Ange. Elle était près du bord du lit, mais s’il la tenait un peu avec son bras, elle ne tomberait pas.

« Bon, je m’égare, excuses-moi. Qu’est-ce que je te dévoile cette fois… » fit-elle sur un air plus léger en tapotant son nez de son index. « Un. La seule raison pourquoi j’ai mes ailes c’est que le propriétaire c’est rendu compte que quand il coupait les ailes aux Fées, elles se laissaient mourir de faim. Mon grand-père maternel est mort de cette façon. »

Elle n’avait jamais rencontré son grand-père maternel, il était mort une dizaine d’année avant sa naissance. Son grand-père paternel avait enlevé les ailes de deux Fées avant de se rendre compte de son erreur. Mais il utilisait quand même la menace pour les Fées récalcitrantes… comme Léanne. Pour empêcher ses esclaves ailées de s’enfuirent, il en attachait un ou une avec une chaîne. Il savait qu’elles tenaient trop à leur famille pour vraiment fuir sans elle.

« Deux. Je n’ai pas pleuré avant mes 4 ans, alors Lilou m’est apparu très tard et c’est pourquoi il a un nom aussi étrange, c’est un bambin qui lui a donné. » dit-elle avec un petit sourire en quoi à son mensonge ridicule. Qui qui ne pleurait pas dans la première année de sa vie? Personne!

Elle perdit tout à coup son sourire pour dévoiler la prochaine vérité :
« J’ai plus souvent pensé à m’enlever la vie après avoir été libéré de l’esclavage qu’avant. »

Certes, sa vie d’esclavage avait été misérable, mais c’était tout ce qu’elle avait connu depuis sa naissance. La ségrégation qui était venue par la suite avait été très difficile, mais perdre son oncle, sa mère, sa grand-mère, James, son cœur… Ça avait été bien plus dur à surmonter. En partie aussi parce qu’elle avait put apprendre à vivre depuis l’esclavage et qu’elle n’était plus en mode survie. Ses deuils avaient été très difficiles.
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