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 Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin

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Ajartiel
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyMar 9 Fév - 22:04

« Mon premier instinct est de croire que tout ce qui sort de ta bouche est faux, mais mon intuition me dit qu’il y a du vrai dans ce que tu as dit… Je crois, hum… Je crois que tu ne joues pas dans les règles… »

Ajartiel rigola, appréciateur de l’adorable air confus de Léanne, mais ne répondit rien. Quelles règles ? Même si cette information avait été claire, les règles d’un jeu n’étaient que des suggestions, de toute façon.

La Fée s’installa sur son torse et l’Hongrois s’amusa distraitement à glisser ses doigts sur la peau chocolat du bras de Léanne. En vérité, malgré sa curiosité, son amusement et la légère agitation qui venait forcément avec le sujet de leur discussion, il était aussi surprenamment confortable et pas loin de s’endormir.


« Si ton premier énoncé est faux, je ne vois pas pourquoi tu l’aurais dit. Alors je suis pas mal sûr que c’est vrai. Le deuxième, que ce soit vrai ou pas, j’espère seulement que la fille était consentante et que tu en avais envie. », raisonna Léanne.

Ajartiel ouvrit les yeux (réalisant au passage qu’il les avait fermés). Il eut besoin d’une seconde pour se rappeler ce qu’il avait dit. Rozalia ? Oh, elle avait définitivement été consentante. Elle avait probablement même été plus enthousiaste que lui, tout impressionné qu’il était. Une seconde de réflexion supplémentaire et l’Ange se demanda pourquoi Léanne jugeait pertinent de faire ce commentaire. Il fronça les sourcils. Qu’est-ce qu’elle imaginait ? Il n’eut pas le temps de demander (et peut-être qu’il valait de toute façon mieux faire comme si elle ne venait pas d’insinuer qu’il aurait été capable de violer quelqu’un...), puisque l’Afro-américaine reprit la parole.

Elle mit en doute la dernière affirmation qu’il avait faite et Ajartiel haussa un sourcil, perplexe.


« Donc c’est plausible que j’ai été un criminel, mais, dans le même temps, j’aurais été un bon fils ? », demanda-t-il. Quelle logique y avait-il là-dedans ? Peut-être si son père avait été lui aussi un criminel..?

Ajartiel avait totalement conscience que, dans l’histoire entre ses parents et lui, tous les torts ne lui appartenaient pas. Loin de là. Son père n’avait pas été un bon père. Quant à sa mère, elle n’avait pas été mauvaise, elle n’avait juste pas été une mère du tout. Malgré tout, il avait quand même été un mauvais fils, comparé à ses quatre frères.

Léanne glissa à côté de lui et Ajartiel essaya de se déplacer un peu pour éviter qu’elle ne tombe en bas du matelas, s’assurant de la soutenir. Elle n’avait pas envie de demander à la CAT un plus grand lit ?


« Un. La seule raison pourquoi j’ai mes ailes c’est que le propriétaire s’est rendu compte que quand il coupait les ailes aux Fées, elles se laissaient mourir de faim. Mon grand-père maternel est mort de cette façon. », proposa la Fée, comme premier fait.

Okay. Gore. Ajartiel tourna la tête vers elle et essaya de déceler sur le visage de son amie s’il s’agissait d’un mensonge (une tâche pas facile, puisque Léanne était appuyée contre son épaule, donc qu’il ne voyait pas grand chose de son expression). Il espérait que non, parce que c’était vraiment tordu de mentir sur ça, mais, en même temps, il espérait que oui, parce que... ben, c’était juste horrible, quoi.


« Deux. Je n’ai pas pleuré avant mes 4 ans, alors Lilou m’est apparu très tard et c’est pourquoi il a un nom aussi étrange, c’est un bambin qui lui a donné. », fit ensuite Léanne sans le laisser se perdre dans ses réflexions.

Ça semblait bizarre et invraisemblable... Est-ce que Léanne était déjà badass à la naissance ? Est-ce que c’était possible, un bébé qui ne pleure pas ? Ou bien est-ce qu’elle sortait un truc aussi irréaliste parce qu’elle n’avait pas envie de se casser la tête pour trouver un mensonge crédible ? Il imaginait qu’elle avait probablement plutôt été un bébé qui hurlait plus fort que tous les autres...


« J’ai plus souvent pensé à m’enlever la vie après avoir été libérée de l’esclavage qu’avant. », termina la Fée, soudainement très sérieuse.

Ajartiel n’était pas équipé psychologiquement pour réagir à ça. Il continua de la dévisager, soudainement profondément perturbé. C’était quoi, cet aveu ? Léanne était une force de la nature. Léanne n’était pas... comme ça.

L’Hongrois détourna le regard pour le poser devant lui, sur le plafond. Il y avait eu des périodes difficiles dans sa propre vie, mais il n’avait jamais envisagé d’y mettre fin. Il n’était pas porté sur l’introspection, mais il s’était déjà demandé, une fois : s’il avait eu la possibilité de retourner dans le temps pour éviter le bûcher, est-ce qu’il aurait réussi ? Et la réponse était évidente. Non. Il était juste trop naïvement optimiste pour ça. Même attaché sur l'échafaud, il avait encore cru avoir une chance de s’en sortir. Même projeté dans le temps, avec ses connaissances d’aujourd’hui, il penserait encore avoir une chance que ça se passe différemment. Bon, il paniquerait plus... et il supplierait probablement, tant pis pour la fierté... mais il ne s’arrangerait pas pour faire le travail du bourreau à sa place. D’autant que ça reviendrait à laisser son père gagner.

Léanne avait dit "plus souvent"... Ça signifiait combien de fois, ça ? Pourquoi après avoir été libre ?

Et dire qu’il avait craint d’avoir tué l’ambiance, plus tôt. L’aveu de Léanne était juste...

Profondément inconfortable, Ajartiel n’osa pas bouger. Ou parler. Ou respirer. Il avait déjà vu Léanne triste. Mais qu’elle ait été déprimée ?

Son malaise se mua en irritation. Pourquoi elle lui disait ça ? Il n’avait ni envie, ni besoin de savoir ce genre de choses. C’était loin dans le passé, de toute façon, n’est-ce pas ? Ça ne changeait donc rien au présent. Léanne n’était pas comme ça.

Ajartiel se mordit la langue. Il était trop fatigué pour s’engueuler. Sauf qu’elle voulait qu’il réagisse comment, sinon en s’indignant qu’elle foute en l’air l’ambiance semi-légère qui s’était installée ? Damnée soit Léanne et sa foutue franchise.

Et bien sûr, elle ne pouvait pas juste enchaîner avec un "Haha, tu devrais voir ta tête. Bon, sinon, changement de sujet..." et il devrait vraisemblablement s’en charger. Il se considérait doué pour détourner des conversations, mais même lui avait des limites. Franchement. Pourquoi ?

En même temps, c’était probablement un peu sa faute. Hannah lui avait dit de s’ouvrir à quelqu’un. Il avait pensé que, sous forme de jeu, ce serait plus facile... Vraisemblablement, c’était obligé d’être difficile. Encore une preuve de la naïveté de son optimisme.

Il n’avait pas envisagé que Léanne ait aussi envie de partager des trucs et que ces trucs seraient au moins aussi pire que les siens, sinon plus. Ajartiel n’était pas quelqu’un à qui on se confiait et il en était bien heureux. Il n’avait jamais été de ce côté de la médaille. (Et il ne s’était confié qu’avec Hannah, donc il n’avait pas tellement l’expérience opposée non plus, en y pensant bien.) Léanne n’avait-elle pas dit que son confident était Séraphin ? Donc elle n’avait pas réellement besoin de lui en parler, à lui... si ? Donc elle en parlait juste... pour quoi ? Dédramatiser sa propre situation ?

Il aurait pu poursuivre le jeu comme si de rien n’était, mais dans quel but ? Il n’allait pas se lancer dans une compétition à savoir qui pouvait sortir l’anecdote la plus macabre. Il cédait ce trophée à Léanne sans rechigner. Il ne jouait pas à ça.

Séraphin avait dit que, lorsque Léanne était triste, il suffisait de la serrer dans ses bras pendant qu’elle pleurait. Sauf que Léanne n’avait pas l’air triste, là, tout de suite.


« C’était quand, la dernière fois ? », parvint-il éventuellement à articuler, en camouflant à peu près bien le sentiment à mi-chemin entre la colère et l’inquiétude qui l’habitait. Il ne tenait pas vraiment à savoir, mais il supposa qu’il était pertinent qu’il le sache si, genre, la dernière fois était il y a 2 jours. Si, finalement, il ne connaissait pas du tout Léanne.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptySam 13 Fév - 13:44

Alors qu’il passait délicatement ses doigts sur son bras, Ajartiel questionna le commentaire que Léanne avait eut par rapport au fait qu’il soit un mauvais fils. Sa question était bien étroite d’esprit. Léanne avait connu beaucoup de criminels qui n’avaient pas été rejetés par leur famille. La plupart étaient des esclaves s’étant échappés, mais il y avait aussi des gens qui volaient pour pouvoir nourrir leurs enfants ou acquérir les médicaments dont ils avaient de besoin. Lors des révolutions contre la ségrégation, plusieurs des manifestants avaient été considérés comme des criminels, alors qu’ils ne faisaient de défendre leurs droits. Il y avait aussi tout le côté de la mafia qui faisait du crime une affaire familiale, mais elle n’avait jamais côtoyé de ces gens. Ajartiel avait probablement une autre image de ce qu’était un criminel. La Fée se demanda quel genre de hors la loi il avait bien pu être…

Mais elle n’avait pas posé la question puisque ça avait été à son tour de donner des informations sur son passé, entrecoupé de mensonges… Du moins, elle respectait cette règle, elle en était moins sûre pour Ajartiel.

Elle réalisait maintenant qu’elle avait pigé dans la partie un peu trop sombre et lugubre de son passé pour l’ambiance décontracté qu’ils partageaient à ce moment. Elle ne savait pas trop ce qui l’avait poussé à faire cela. Une envie d’exprimer à son ami qu’elle avait aussi des fantômes difficiles à supporter? Que l’on pouvait avoir des moments de vulnérabilité et quand même être un guerrier badass? C’était quelque chose dans le genre… Du moins, bien loin d’elle était l’idée de faire une compétition de qui avait eut les pires expériences. Chacun réagissait différemment aux situations difficiles et parfois quelque chose de banal pour une personne pouvait être un trauma pour une autre. Se comparer aux autres pour déterminer si on n’avait le droit ou pas d’être triste et déprimé n’était pas quelque chose de sain.

Mais elle avait mal calculé et elle avait partagé des moments trop sombres. Le silence de l’Ange le lui confirma. Elle avait espéré que son mensonge tourné en blague aurait put garder la situation légère, mais elle avait échoué. Peut-être si elle l’avait dit en dernier au lieu de parler ses idées suicidaires du passé… Oups, quelle idiote elle faisait!

Elle garda son regard fixé au plafond en se retenant de grimacer à sa maladresse alors que le silence s’étiiiiraaaaaaaaiiiiiiiit. Elle en profita pour se remémorer le moment où elle avait décidé que la vie en valait la peine. Ça avait été un long processus, pénible et douloureux, mais elle était contente du chemin qu’elle avait parcouru depuis.

Le Hongrois finit par briser le silence en lui demandant :
« C’était quand, la dernière fois ? »

Léanne fut surprise et se tourna sur le côté, se relevant à l’aide d’une main pour observer le visage de son ami. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui demande une telle précision. Mais c’était probablement la meilleure question à poser à quelqu’un qui partageait ses idées suicidaires. Un petit sourire étira ses lèvres et son cœur se réchauffa que l’Ange n’essaye pas de juste dévier la conversation malaisante et qu’il prenne le temps de vérifier qu’elle n’était pas en danger.

Ce fut TRÈS difficile de ne pas l’agacer en se moquant gentiment qu’il s’inquiète pour elle. Elle trouvait ça très mignon. Mais elle ne voulait pas non plus le décourager avec ses railleries et qu’il n’ose plus poser ce genre de questions. Elle se contenta donc de s’asseoir en indien à côté de lui, une de ses jambes dépassant un peu du bord du lit. Elle du réajuster la couverture autour de ses épaules, parce qu’elle ne tenait presque plus.

« C’était il y a une quinzaine d’année, quelques années avant mon arrivée à la C.A.T. Je vais beaucoup mieux maintenant. » fit-elle avec un sourire qu'elle voulu rassurant. « Je suis désolée de t’avoir inquiété, ce n’était pas la but… »

Elle replaça quelques-unes de ses mèches folles derrière ses oreilles et plissa le nez. Bon, ce n’était pas le sujet le plus agréable, alors elle pouvait bien changer le sujet pour une fois. Peut-être seraient-ils capables de retrouver l’ambiance juste avant?

La chef des Fées se leva et alla fouiller dans sa commode, à la recherche de quelque chose.

« Pour m’aider à sortir de mon funk, Séraphin m’a appris à jouer d’un instrument de musique. Je pense que je me souviens encore de quelques partitions… Il me semble qu’il était ici… » fit-elle en jetant quelques effets personnels au sol dans sa recherche, surtout de l’équipement d’entrainement.

« Ah-Ha! Trouvé! » s’exclama-t-elle soudainement en se retournant avec un ukulélé dans une main, ses ailes s’agitant d’excitation et un grand sourire sur son visage.

Elle se rapprocha et reprit sa place sur la chaise qu’elle avait laissé à côté de son lit. Elle prit sa couverture qu’elle avait laissé sur celui-ci et s’en drapa avant de s’installer en indien, l’instrument sur ses cuisses. Elle joua un peu avec les cordes en essayant de les accordées, mais elle n’avait pas ce talent, elle allait devoir demander à Séraphin de le faire pour elle demain.

« Tu aimerais m’entendre jouer? Oh, mais il est quand même tard…Nous devrions peut-être essayer de dormir… » dit-elle remarquant la fatigue sur le visage de son ami. Elle avait un peu oublié sa propre fatigue dans son excitation.
Ajartiel
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptySam 13 Fév - 16:06

Léanne se redressa pour le regarder. Elle souriait un peu. Ce qui était... une bonne chose ? N’est-ce pas ? Ajartiel se contenta de soutenir le regard de la Fée, mais ne lui retourna pas l’expression. Il n’aimait pas la question qu’il venait de poser. Il n’aimait pas le sujet de la conversation. Il n’aimait pas envisager avoir possiblement complètement mal jugé Léanne depuis le début. Il était fatigué et irrité et cette discussion était horrible.

« C’était il y a une quinzaine d’années, quelques années avant mon arrivée à la C.A.T. Je vais beaucoup mieux maintenant. », précisa la chef des Fées.

Le regard d’Ajartiel dévia à nouveau vers le plafond tandis qu’il absorbait l’information. Quinze ans... C’était peu, non ? Ça correspondait à peu près à l’époque où il avait rejoint la CAT. Ça avait peut-être l’air appréciablement long vu comme ça, mais sur une échelle de deux-cent ans, le Magyar était moins certain. Dans les 185 années précédentes, combien de fois était-ce arrivé ?


« Je suis désolée de t’avoir inquiété, ce n’était pas le but… »

Normalement, Ajartiel aurait instinctivement nié, parce que rien n’inquiète LPM. Il hésita, cependant et fut sauvé d’avoir à réagir par Léanne, qui prit (enfin) en charge de faire quelque chose d’autre que de le laisser cogiter.

Elle se leva et se dirigea vers un meuble. Repoussant son ensommeillement (qui en avait déjà pris un coup depuis le dernier aveu de la Fée), Ajartiel se redressa et s’installa en tailleur sur le lit pour, curieux, observer Léanne foutre le bordel dans ses affaires.


« Pour m’aider à sortir de mon funk, Séraphin m’a appris à jouer d’un instrument de musique. Je pense que je me souviens encore de quelques partitions… Il me semble qu’il était ici… », expliqua-t-elle sans se retourner.

Oh ? L’attention d’Ajartiel devint alors entièrement dédiée à ce que l’Afro-américaine essayait de dénicher du fond d’un tiroir. Séraphin lui avait déjà dit qu’il avait enseigné un instrument à Léanne. Il n’avait pas expliqué pourquoi, ce qui n’était pas tellement important, mais, surtout, il n’avait pas voulu dire duquel il s’agissait. Juste qu’il n’était pas distingué... Ajartiel voulait savoir !

Ce n’était pas très gros, si ça entrait dans un tiroir... Un truc pas distingué et pas très grand..?


« Ah-Ha! Trouvé! »

Léanne exhiba avec enthousiasme ce qui ressemblait à une guitare sèche miniature. Le nom échappa à Ajartiel sur le moment, même s’il était certain de l’avoir déjà su.

Le malaise derrière lui, il observa la Fée se rapprocher et venir s’installer sur la chaise qu’elle avait désertée, plus tôt. Elle calla l’instrument entre ses jambes croisées et se mit à triturer brièvement les cordes pour en tirer des notes simples. Ajartiel n’y connaissait rien en accordage de mini-guitares (ni de guitares normales, d’ailleurs), mais juste voir ça le satisfaisait énormément et, mi-fasciné mi-amusé, il se pencha vers l’avant et admira sans gêne Léanne et son instrument.


« Tu aimerais m’entendre jouer? Oh, mais il est quand même tard…Nous devrions peut-être essayer de dormir… », remarqua l’Afro-américaine après quelques essais avec l’instrument.

Quoi ? Hors de question !


« Absolument aucune chance ! », décréta Ajartiel avec véhémence. Il ne la laisserait jamais dormir avant d’avoir entendu un morceau. Il voulait entendre Léanne jouer. C’était son nouvel objectif de vie !

« Tu me chantes la sérénade ? », blagua-t-il. « Je veux un truc en créole. T’en connais ? »
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyDim 14 Fév - 20:25

Heureusement, son effort pour dévier le sujet vers quelque chose de plus agréable semblait avoir porté fruit. Lorsqu’elle releva la tête de son ukulélé qu’elle essayait d’accorder un peu malhabilement, elle croisa le regard intéressé de son collègue. Sa fascination gêna un peu la Fée qui ne se targuait pas d’avoir quelque talent musical que ce soit. Séraphin avait hérité de toute la fibre musicale de leur grand-père, elle n’avait qu’apprit à jouer d’un instrument pour se changer les idées

Elle avait bien peur de ne pas être à la hauteur de l’excitation de son ami. S’il s’attendait à quelque chose de grandiose, il allait être déçu… Elle se demandait quelle chanson elle se souvenait assez pour lui jouer lorsqu’il lui dit : « Tu me chantes la sérénade ? Je veux un truc en Créole. T’en connais ? »

Léanne leva les yeux au ciel, mi-amusée et mi-agacée à la première remarque, mais fut bien surprise par la deuxième. Hum… Quelque chose en Créole? Elle était étonnée qu’il soit intéressé de l’entendre chanter dans sa langue maternelle. En fait, lui avait-elle seulement dit que le Créole Louisianais était la première langue qu’elle avait apprise? Si c’était le cas, elle n’en retenait aucun souvenir. Pourtant, le chef des Anges l’avait découvert. Est-ce que Séraphin lui avait dit ou il avait déduit avec ce qu’il avait entendu de ses conversations avec son cousin ainsi que leur ville natale?  Une chose était sûre, cet Ange sournois avait appris quelques mots de Créole et s’amusait à les glisser dans des conversations banales pour le perturber et ça fonctionnait! Elle se demandait s’il en avait appris assez pour comprendre les paroles d’une chanson…

D’ailleurs… quelle chanson connaissait-elle en Créole? Elle se pencha vers sa petite guitare pour essayer de l’accorder d’avantage. Tristement, il lui manquait un accordeur pour pouvoir comparer le son de son instrument au bon son. Mais elle n'irait pas en chercher un chez son cousin à cette heure, il allait lui poser des questions et comprendre qu'Ajartiel était dans sa hutte. Les railleries qui en suivraient lui casseraient les oreilles pendant des semaines.

Après un moment, elle trouva que les cordes ne sonnaient pas trop mal, mais Séraphin avait presque toujours accordé le ukulélé pour elle et elle n’avait donc que très peu de pratique.

« Je n'ai pas appris beaucoup de chansons en Créole. Il y en a une qui est une berceuse dont je me souviens qu’elle n’était pas trop compliquée. Je vais voir si ça me revient. » dit-elle toujours concentrée à pincer les cordes pour ensuite les ajuster à l’aide des clefs.

« Je ne suis pas très douée pour accorder les guitares, alors tu vas devoir m’excuser si certaines notes sonnent étranges. » fit-elle en relevant la tête, déterminant qu’elle ne pouvait pas faire mieux pour l’instrument en acajou.

L'Afro-Américaine testa les premières notes de la chanson voir si ça lui revenait. Elle manqua une note et réessaya et son visage s’éclaira alors que l’enchainement lui revenait en tête. Elle s’arrêta et releva son regard vers Ajartiel.

« C'était une berceuse un peu comique que ma mère me chantait quand j’étais jeune. Séraphin m’a appris la partition. Ça va comme si… »
fit-elle avant de commencer à gratter son ukulélé et à fredonner Gue, gue, solingaie.



(Bon dans la chanson c’est une guitare et Léanne chante avec beaucoup moins de tremolo dans sa voix, mais ça te fait une idée)

La musique était très douce, évidement, puisqu'elle servait a endormir les enfants et la chanter ramena à la mémoire beaucoup de souvenirs heureux à la Fée. Lorsqu’elle finit la chanson, elle croisa les bras sur sa petite guitare et s'y accota, offrant un sourire à Ajartiel.

« Bon, ce n’était pas aussi agréable que quand ma mère chantait, mais ça ressemblait à ça. Ça raconte une histoire de rêves où les tortues parlent et les crocodiles chantent. » fit-elle avec un petit sourire à la dernière phrase.

Il y avait quelques autres chansons qu’elle pensait pouvoir jouer, mais elles n’étaient pas en Créole. Est-ce qu’Ajartiel souhaitait qu’elle les lui joue? Elle n’allait pas lui proposer, c’était déjà un peu gênant, elle n’allait pas volontairement continuer à s’humilier. Avec Séraphin c’était drôle parce qu’il se moquait de ses erreurs et lui expliquait ensuite comment les éviter, mais elle n'était pas habituée de jouer devant publique.

« Et toi? Tu joues d’un instrument? » fit-elle pour repartir la conversation et pour satisfaire sa curiosité.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyLun 15 Fév - 22:09

Léanne, continuant de triturer les cordes et les clefs de son instrument, considéra la requête d’Ajartiel un instant avant de répondre. Elle justifia qu’elle devrait lui chanter une berceuse parce que, en dehors de ça, elle ne connaissait pas de chansons créoles. Bon, elle ne le formula pas comme ça, mais c’est ainsi qu’Ajartiel l’entendit, déduisant que la Fée aurait préféré un genre moins niais. L’Ange n’était cependant pas difficile et il fit juste un sourire encourageant à son amie tandis qu’elle continuait d’essayer de modérer ses attentes. “Je ne suis pas très douée pour accorder les guitares”. Tsss... Qu’est-ce qu’on s’en fichait. Elle le prenait pour un critique musical ? Elle n’aurait qu’à aligner trois notes et il serait déjà content, simplement parce que ça l’amusait de voir les facettes de Léanne qui ne collaient pas avec l’image sévère habituelle de la chef des Fées.

Ajartiel n’eut pas le temps de ruminer le dernier commentaire de l’Afro-américaine (comme quoi la chanson lui venait de sa mère, signifiant que Léanne avait un jour été une petite fille fragile qui s’endormait au son de la voix de sa mère) que la Fée se lança.

Le rythme était lent, comme on s’y attend d’une berceuse, et Ajartiel n’était pas sûr s’il l’aurait décrit comme triste ou drôle. Les deux ? Il faut dire qu’il ne parvint pas à comprendre le sens des paroles. Il en tira quelques mots, tout au plus, s’attardant plutôt sur la mélodie derrière. Il y avait raisonnablement peu de chances que Léanne lui serve des concerts à répétition. Il était donc mieux de bien graver l’instant dans sa mémoire, non ?

Tel qu’elle l’avait prédit, la performance de Léanne n’était pas exempte d’erreurs, mais il n’y avait pas non plus de quoi avoir honte. Ça aurait franchement pu être pire. (Et c’était définitivement mieux que ce Gustave aurait fait. Ajartiel en était certain.) La Fée avait d’ailleurs l’air relativement satisfaite, car elle lui sourit.


« Bon, ce n’était pas aussi agréable que quand ma mère chantait, mais ça ressemblait à ça. Ça raconte une histoire de rêves où les tortues parlent et les crocodiles chantent. », traduisit-elle.

Ouais, finalement, même en possédant un plus grand vocabulaire créole, il n’aurait probablement pas déduit ça. Ajartiel ne connaissait pas beaucoup de berceuses. Celles qu’il avait entendues auparavant étaient tout aussi illogiques. Est-ce qu’elles étaient toutes sans queue ni tête ?


« Et toi? Tu joues d’un instrument? », demanda Léanne.

« Non. » Il haussa les épaules et soupira tristement. « Quand est-ce que j’aurais trouvé le temps d’apprendre ? Avec mon horaire surchargé... Y’a des gens qui bossent, Léanne. »

Il termina sa complainte aux airs de reproches sur un ton abattu. Il se recula toutefois prestement, pour être hors de portée de Léanne, lorsqu’il lui offrit ensuite un grand sourire moqueur. Il supposait qu’il y avait peu de chances qu’elle lui balance sa guitare à la tête, mais... sait-on jamais.

« J’aime bien le chant. », continua-t-il rapidement, au lieu de laisser le temps à la Fée de s’exaspérer.

« Je trouve ça moins douloureux, pour apprendre une langue, que de devoir littéralement étudier. » Il prononça le dernier mot en grimaçant avec douleur, justement.

Bien sûr, dans tous les cas, il fallait éventuellement ouvrir un dictionnaire. Néanmoins, la différence était immense entre fouiller par curiosité et fouiller parce qu’un professeur l’exige. L’Ange avait un talent avec les langues, mais ça ne venait définitivement pas d’un trait de caractère studieux. Suite à son retour à la vie, alors qu’il ne parlait pas un mot d’anglais dans une maisonnée qui ne parlait pas un mot d’une des langues qu’il connaissait, la musique l’avait aidé et motivé.


« Dans le temps, c’était surtout a cappella. En tout cas, de mon expérience. », reprit-il. « Je pourrais me débrouiller avec un tambour, j’imagine. Il suffit de suivre le rythme, non ? C’est pas compliqué. »

Il désigna la guitare de Léanne du menton.

« D’ailleurs, je t’aurais plutôt imaginé avec un tambour qu’un instrument à cordes. Mais c’est bien mieux comme ça. »

Non seulement une guitare était-elle plus mélodieuse qu’un tambour, mais, en plus, la vue de Léanne, vêtue uniquement d’un grand T-shirt, serrant l’instrument contre ses cuisses, et murmurant des refrains doux... Hey, il savait apprécier le moment !

« J’ai le droit à une autre ? », tenta l’Hongrois, avec un air innocent.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyVen 26 Fév - 12:38

Ajartiel sembla avoir apprécié la chanson. Du moins, il ne se moqua pas ouvertement de sa performance. Elle ne lui en aurait pas voulu s’il s’était amusé à la taquiner sur les notes manquées ou sur le timbre de sa voix, mais elle lui était tout de même reconnaissante qu’il ne le fasse pas. Ce n’est pas facile d’apprendre un nouveau talent, ça prend du temps et il peu être gênant pour une perfectionniste comme Léanne de montrer qu’elle n’était pas parfaite en tout. Ne vous faites pas des idées, ce n’était pas parce qu’elle était gênée là… voyons!

À sa question demandant s’il jouait lui-même d’un instrument, le chef des Anges, prit un air faussement abattu et dit : « Non. Quand est-ce que j’aurais trouvé le temps d’apprendre? Avec mon horaire surchargé... Y’a des gens qui bossent, Léanne. »

La Fée leva les yeux au ciel et lui aurait bien lancé une sandale si elle en avait une au pied. Le Hongrois avait eu le bon réflexe de se reculer! Elle ne put s’empêcher, toutefois, de répondre à son sourire. Grand tannant, vas! Comme si elle ne travaillait pas constamment.

Il enchaîna rapidement en disant qu’il aimait le chant, ce qui intrigua son amie. Oh? Elle aimerait bien l’entendre chanter un de ses jours. Ils allaient devoir se faire un karaoké! Elle se demanda s’il avait fait partit des ces chorales de jeunes garçons qui se faisaient couper les chenolles pour qu’ils gardent leur voix angélique. Évidemment, il n’avait pas vécu ce traitement, elle avait vu ‘‘the goods’’, mais avait-il chanté avec de telles personnes? Il avait peut-être aussi chanté seul, comme un barde! Est-ce que c’était dans la bonne époque? Elle ne connaissait pas beaucoup de chose sur le Moyen-Âge. Peut-être devrait elle lire quelques livres sur la Hongrie du XVIe siècle pour mieux comprendre Ajartiel?  Où est-ce que ce serait trop intense? … Ouais, surement un peu trop intense…

Le Magyar la sortie de ses pensées en ajoutant qu’il avait surtout chanté a capella et qu’il pourrait probablement jouer du tambour. Léanne sourit. Elle avait eu la même idée par rapport aux instruments à percussions, mais après avoir entendu Séraphin se défouler sur un bongo et créer une musique enivrante, elle savait qu’il fallait du talent pour bien jouer d’un tel instrument.

« D’ailleurs, je t’aurais plutôt imaginé avec un tambour qu’un instrument à cordes. Mais c’est bien mieux comme ça. » dit-il ensuite, faisant perdre son sourire à la Fée.

« Parce que ça demande de taper sur quelque chose, hen? Tu ne me croyais pas capable de faire autre chose que frapper? Tsssss » fit-elle, exagérant son indignation.

Son sourire lui revient assez vite, alors qu’elle remarqua le regard appréciateur de l’ange sur sa personne. Oh? Est-ce qu’elle avait réveillée quelque chose chez son collègue?

« J’ai le droit à une autre ? » demanda-t-il ensuite, tout innocent.

Léanne fronça le nez, elle ne pouvait pas dire non à cette face! Elle soupira et plaça le yukulele de façon plus confortable sur ses jambes en réfléchissant à quelle chanson elle se souvenait les accords et les paroles.

« C’est bon, une autre, mais elle ne sera pas en créole. C’est une chanson que Séraphin m’a apprit plus récemment. Je l’ai moins pratiqué par contre. En tout cas, elle va comme suit :»
dit -elle.
Elle se pencha vers sa petite guitare et plaça ses doigts sur les cordes avec sa main droite avant de se mettre à les gratter de sa main gauche.

https://www.youtube.com/watch?v=I3dbNgyZHLg&has_verified=1
(pIl faut l’écouter sur youtube directement, parce qu’il y a le mot : Fuck dans le titre)

La chanson se termina et Léanne resta silencieuse un moment, avant de se relever tout d’un coup. Elle prit son instrument et retourna vers sa commode pour le ranger.

« Bon! Il est assez tard. On devrait essayer de dormir. » fit-elle, dos à l’Ange. « D’ailleurs, si je changeais mon lit pour un plus grand, est-ce que tu viendrais dormir avec moi plus souvent? »

Et pas juste après avoir baisé comme c’était le cas en ce moment… Elle s’était rendu compte qu’elle aimait bien dormir à ses côtés. Sa présence avait quelque chose de réconfortante. Mais elle avait aussi remarqué que son lit était trop petit pour accommoder ses grandes jambes.

Un lit double régulier serrait probablement un peu grand pour les dimensions de sa hutte, mais un lit double de fée serait déjà plus grand et confortable. Ils n’auraient plus besoin de dormir l’un sur l’autre ou de se retrouver par terre au petit matin.

Elle réalisa toutefois que cette question venait un peu chambouler le statut quo de leur relation. Mais l’on pouvait être amis et dormir ensemble, non? Que serait les pyjamas party, sinon? Ouais, elle réfléchissait trop. Elle ne s’en faisait pour rien.

Cela ne l’empêcha pas, toutefois, de dire à Ajartiel, alors qu’elle revenait vers lui :
« Si tu n’aimes pas l’idée, on peut continuer à se contorsionner sur mon petit lit, aussi. C’est toi qui es pris avec le plus de courbatures le lendemain. Vieil homme! »

Elle lui tira la langue en s’assoyant sur ledit lit et ria. Elle se laissa tomber sur le dos et regarda le plafond, se demandant s’il allait, lui aussi se poser trop de questions. Normalement, c’était son travail à elle, mais les rumeurs l’avaient rendu aussi mal à l’aise qu’elle. Et au dernières nouvelles, il s’en préoccupait plus qu’elle, maintenant.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyLun 1 Mar - 23:48

« Parce que ça demande de taper sur quelque chose, hen? Tu ne me croyais pas capable de faire autre chose que frapper? Tsssss »

Léanne avait l’air offusquée, mais Ajartiel haussa juste les épaules en la regardant moqueusement. Évidemment qu’elle savait être douce, s’il le fallait, mais elle n’allait pas lui faire croire qu’elle n’adorait pas prétendre le contraire. Et, de son côté, l’Ange adorait prétendre qu’il croyait à de telles prétentions. Par ailleurs, il commençait à être capable de savoir quand est-ce qu’il avait franchi la limite qui mettait Léanne réellement en colère (même s’il était d’une nullité absolue pour deviner où était cette limite avant de l’avoir malencontreusement franchie) et quand est-ce qu’elle jouait la comédie. Comme prévu, elle retrouva rapidement le sourire.

Il fut néanmoins un peu surpris qu’elle se plie ensuite à sa dernière demande. Il n’y avait pas vraiment cru, mais, hey ! Il n’allait pas se plaindre.

Et c’était... Une chanson d’amour ? Vraiment ? Techniquement pas une sérénade, probablement. Il manquait la partie où elle décrivait le merveilleux bleu de ses yeux, le mirifique éclat de son sourire et le divin soyeux de ses cheveux... ou whatever. Ajartiel n’avait étrangement pas été le sujet de tant de sérénades, donc il ne pouvait que présumer. La chanson avait aussi un côté un peu déprimant, malgré le son léger de l’instrument qui l’accompagnait.

Ajartiel posa ses mains derrière lui sur le matelas et s’y appuya, observant Léanne avec un sourire amusé qu’il ne pouvait contenir. Oh, à partir de maintenant, il n’allait jamais (jamais !) rater une occasion de lui rappeler cet instant. Il n’y avait aucune chance qu’il la laisse oublier qu’elle lui avait un jour chanté une chanson d’amour au coeur de la nuit. Elle allait sûrement le tuer. Ouaip. YOLT. Ça valait le coup de mourir pour ça.

La chanson se termina et le chef des Anges devint perplexe devant le silence songeur de son amie. Il allait lui demander si ça allait lorsqu’elle se leva brusquement et s’éloigna. Ah ? Fini ?


« Bon! Il est assez tard. On devrait essayer de dormir. », déclara la Fée, ce à quoi Ajartiel répondit d’une moue déçue, même si elle ne pouvait pas le voir.

« D’ailleurs, si je changeais mon lit pour un plus grand, est-ce que tu viendrais dormir avec moi plus souvent? »

Euh... Quoi ?

La confusion peignit les traits de l’Hongrois. Surtout que "I miss those nights when you would come over; Spend all night just tryna get closer"..? Il se demanda s’il y avait un message cryptique derrière tout ça, avant de rejeter facilement l’idée. Il extrapolait sûrement des trucs faux. Léanne était une femme qui savait ce qu’elle voulait dans la vie et elle avait clairement fait savoir qu’elle ne voulait qu’une amitié. Donc peut-être qu’il avait juste trop réveillé la libido de la Fée ou quelque chose du genre.


« Si tu n’aimes pas l’idée, on peut continuer à se contorsionner sur mon petit lit, aussi. C’est toi qui es pris avec le plus de courbatures le lendemain. Vieil homme! », ajouta d’ailleurs l’Afro-américaine, ce qui était un peu une preuve. Forcément, avec plus de place pour bouger sans risque de tomber par terre...

Léanne lui fit une grimace joyeuse avant de s’allonger. Ajartiel lui retourna un sourire et oublia complètement le presque malaise. Elle demanderait bien un lit plus grand si elle en voulait un. Il n’y avait pas de raison qu’il soit impliqué dans la décision.


« Se faire traiter de veil homme par une femme de 200 ans. Outch. », se lamenta le Magyar en s’étendant lui aussi sur le lit (du mieux qu’il le pouvait, vu le matelas pas très grand).

Il glissa un bras autour de la taille de Léanne pour la rapprocher de lui et, comme un peu plus tôt, nicha son visage contre l’épaule de la Fée. Si elle voulait plus... bah elle aurait dû demander avant qu’il ne s’installe. Il n’était pas venu pour ça, ce soir, même si c’était une entorse au “truc” entre eux. Il était venu pour... ne pas dormir, entre autres. Tu parles d’un échec, d’ailleurs.

Une seconde, une minute ou une heure plus tard, il se réveilla brusquement, se crispant autour du corps endormi de Léanne. Il n’osa pas bouger, son esprit paniqué ayant besoin d’un instant pour superposer la familiarité des lieux à la confusion de ses rêves.

Éventuellement, il inspira lentement pour se calmer, redressa la tête, et, doucement, entreprit de libérer un bras sans réveiller Léanne. Il ne pouvait pas tellement bouger, s’il ne voulait pas perturber le sommeil de la Fée, mais réussit à essuyer ses yeux humides du revers de sa main sans se faire repérer. Du moins le pensait-il, jusqu’à ce qu’il perçoive un mouvement pas très loin. Une petite boule de plumes sur un perchoir. Ajartiel serra les dents, mécontent.


« Rajtam nevetsz, madár ? », murmura-t-il en direction de Lilou, avec un rictus contrarié que le Totem ne vit peut-être pas. Quel genre de vision nocturne ça avait un... cette espèce d’oiseau ? Bref.

Lilou ne pourrait pas comprendre la question cynique, mais... et bien, comme ça, les choses étaient un peu équilibrées.

Ajartiel n’avait absolument pas l’intention de se laisser piéger par le sommeil une deuxième fois. Il était, cependant, un peu (beaucoup) coincé. Il soupira, agacé, et observa Léanne dormir. Léanne bien vivante. Il n’était pas certain du contenu exact de son cauchemar. Des gens qui le trahissent et/ou qui meurent... et lui qui y passe aussi, éventuellement. Parfois il se réveillait avant d’en arriver à cette étape. Il n’avait pas envie d’essayer de se rappeler. Il était devenu bon pour oublier, une fois éveillé. Et, là, il était très bien réveillé.


« A semmiért utálsz. », ajouta-t-il à mi-voix, pour Lilou, d’un ton las. Il grimaça.

« Tu m’énerves. », termina-t-il, quand même un peu belliqueux. Parce que.

Ajartiel soupira à nouveau et reposa sa tête près de celle de Léanne, se résignant à devoir attendre. Il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle le voit... comme ça. Il retrouverait éventuellement un peu plus de contrôle sur ses émotions. Et là, il pourrait la réveiller pour partir. Dans cinq minutes... ou dix... ou peut-être quinze...


["Rajtam nevetsz, madár?" = "Tu ris de moi, l'oiseau ?"
"A semmiért utálsz." = "Tu me détestes pour rien."
Ce n'est probablement pas la bonne formulation pour Ajartiel, mais il y a une limite à ce que Wikipédia peut m'apprendre du langage hongrois du 16e siècle... Faique c'est ça. xD]
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyMar 2 Mar - 21:06

Après que Léanne l’ai chassé de leur hutte, Lilou était partit voler dans la fraicheur de la nuit. Il n’avait pas la meilleure des visions nocturnes, mais il était trop fâché pour aller rejoindre quelqu'un. Il se laissa glisser jusqu’à la mare aux grenouilles en grommelant et se posa au bord pour y boire un peu d’eau et se choper quelques insectes.

Il était furieux contre sa Fée et contre cet Ange qui essayait de la lui voler. En plus, elle prenait toujours le bord de ce grand emplumé! Jamais le sien! Il était passé où son ‘‘à la vie à la mort’’? À chaque fois que cet idiot venait, il se retrouvait poussé à l’extérieur, banni, renié. Certes, il n’était pas particulièrement gentil avec le chef des Anges, mais celui-ci n’avait rien fait pour se mériter une plus grande considération. Il l’ignorait pratiquement tout le temps et les quelques fois qu’il daignait remarquer sa présence, c’était pour le railler! Mais quelle insulte!

Il s’ennuyait de passer ses soirées seul avec Léanne à parler de leurs rêves, à relaxer. Mais elle ne relaxait plus maintenant, alors il avait essayé de la soutenir dans son travail, espérant un jour qu’elle s’accorderait un peu de répit. Et puis ce grand idiot qui avait un nid sale en guise de coiffure arrivait et Léanne prenait enfin du temps pour relaxer et rêver, mais il n’était pas inclus. Il était exclu de ces moments de bonheurs de sa Fée. C’était avec lui que Léanne devrait pouvoir relaxer! C’était avec lui qu’elle devrait pouvoir rire et sourire. C’était injuste qu’elle donne toute cette attention à cet idiot.

Un bruissement derrière lui l’alerta et il s’envola. Dans les airs il repéra la cause du bruit. C'était Nokomis, une petite Nyctale, Totem d’une Fée qui avait fait parti du même peloton que Léanne, il y a de ça plusieurs années. Son vol silencieux n’avait pas permis à Lilou de l’entendre arriver. La pie-grièche fit un arc de cercle au-dessus de l’oiseau et proie qui s’était perché dans un petit arbuste près de l’endroit ou il s’était tenu un instant auparavant.

Pardonne-moi, je ne voulais pas t’effrayer Lilou, je venais seulement voir si tu avais besoin de compagnie, fit la chouette, aimable.

Le Totem de la chef des Fées ne sut pas quoi répondre. Souhaitait-il avoir de la compagnie? Nokomis était agréable et il y avait longtemps qu’il n’avait pas prit de ses nouvelles. Pourquoi pas? L’autre option était de continuer à se morfondre seul, ce n’était pas des plus intéressant.

J’accepterais bien ta compagnie, acquiesça l’oiseau. Tu étais à la chasse? Je pourrais te joindre, même si je ne serais pas d’une grande aide dans cette noirceur.


La Nyctale s’envola et vient le rejoindre dans les airs. Lilou était toujours impressionné par le vol silencieux des strigidés.

C’est vrai! J’oublis tout le temps que tu manges aussi de la viande. La plupart des autres Totems sont dégoutés juste à l’idée de chasser, mais non, j’ai mangé. Si tu as faim, je peux te trouver quelque chose par contre…

Non, non, ça va, je n’ai pas faim, répondit Lilou un peu irrité de cette habitude qu'avaient les rapaces de toujours oublier qu’il était aussi un oiseau de proie.

Il était aussi un peu gêné, parce que Nokomis était tellement cool et il ne savait pas comment commencer la conversation. Un silence inconfortable s’installa entre-eux alors qu’ils volaient au-dessus de la clairière des Fées. Lilou s’assurait de suivre la chouette pour ne pas foncer dans une branche. Elle finit par briser le silence en disant :

Tu sembles perturbé. Tu t’es chicané avec ta Fée?


La pie-grièche renfonça sa tête et fit un petit piaillement plaintif.

Si je t’en parle, tu me promets d’en parler à personne, même pas à ta Fée? Demanda-t-il.

Nokomis tourna sa tête à près de 180° pour l’observer pendant un moment, puis se reconcentra à diriger le vol. Elle prit la direction d’un arbre solitaire et gracieusement, se percha sur une grosse branche. Lilou la suivit en faisant un peu plus de bruit.

Je te le promets sur la tête de ma Fée, fit l’oiseau de proie et pouffant ses plumes brunes.

Le Totem de Léanne soupira de soulagement avant de prendre la parole.

C’est à cause de cet idiot d’emplumé! Je ne sais pas ce qu’il a de plus que moi. Je suis aussi d’un grand réconfort! commença-t-il, sous le regard bienfaisant de de son interlocutrice.

***
Après une longue conversation avec Nokomis, où la chouette lui avait donné de précieux conseils, Lilou avait déterminé qu’il était assez tard pour pouvoir retourner à la hutte sans se faire chicaner par sa Fée. Il se faufila par la petite trappe située à la jonction entre le toit et le mur de la petite maisonnette et s’arrêta sur le rebord pour regarder ce qui se passait à l’intérieur.

C’était silencieux, seuls 2 respirations endormies se faisaient entendre. Bon, il était resté à dormir! Lilou leva les yeux au ciel en se laissant planer jusqu’à l’arbuste qui lui servait de perchoir. Il s’installa confortablement et s’endormit aussitôt.
***

Le Totem fut réveillé par des marmonnements et des petits bruits en provenance du lit. Il grommela en cachant son bec sous son aile. Ils ne pouvaient pas le laisser dormir en paix sans avoir à entendre leurs ébats? Il pensait qu’ils avaient fini!

Un mouvement brusque accompagné d’une rapide inspiration lui fit relever la tête. Oh? Ce n’étaient pas des ébats qu’il entendait? Quelqu’un semblait se réveiller d’un mauvais rêve. Son regard scruta le lit et il put distinguer le chef des Anges essayer de se replacer. Il s’essuya les yeux. Avait-il… pleuré?

Lilou sautilla vers la branche la plus près du lit et son mouvement attira le regard de l’Ange. Il se figea, surprit et soutient son regard. Il n’était pas habitué que l’ami de sa Fée l'observe, c’était… étrange.

« Rajtam nevetsz, madár ? » fit l’emplumé sur un ton cynique et las que l’oiseau ne lui reconnaissait pas.

La pie-grièche fit claquer son bec, agacé de ne pas comprendre. C’était étrange de se retrouver dans la situation inverse. Il l’observa en silence, se remémorant ce que Nokomis lui avait dit plutôt. Elle l’avait incitée à essayer de communiquer avec le grand blond, essayer de le comprendre. Juste à y penser, il en avait mal au cœur. Mais bon, s’il faisait un effort et que l’emplumé le repoussait, Léanne ne pourrait plus le blâmer!

« Tu m’énerves. » continua l'idiot après avoir ajouté quelque chose dans sa langue inconnue.

Ne t’inquiète pas, c’est réciproque,
fit Lilou en sachant que l’Ange ne pouvait pas le comprendre.

Nous pourrions nous dire que l’énervement d’Ajartiel était une amélioration à l’ignorance qu’il affichait normalement au Totem, mais Lilou ne le réalisa que le lendemain matin.

Il regarda l’idiot pendant un instant, agacé qu’il ne puisse pas le comprendre. Il avait beaucoup de choses à lui dire… Il décida de juste l’ignorer et se mit dos à lui pour essayer de se rendormir.

C’est en se grattant le cou avec sa patte, que lui revient en tête un moment avec James. L’ex-mari de Léanne avait eut l’idée d’ouvrir un livre devant Lilou et lui avait demander de pointer les mots qu’il souhaitait dire. Ce n’était pas des plus efficace, car deux pages ne contenaient pas tous ce que le Totem souhaiterait faire comprendre à son interlocuteur, en plus que, même s’il comprenait et pouvait même lire le langage humain, sa façon de communiqué était très différente. Il est a noté ici, que ce que dit Lilou dans le présent texte est une traduction approximative de pépiements, de petits cris et de langage non verbal, qui ne rends pas du tout justice à la façon dont les oiseaux communiquent réellement. Le sujet, verbe, complément ne venait pas naturellement à la pie-grièche. Heureusement, James était perspicace et avait finit par apprendre à déceler les émotions de l’oiseau assez vite, ainsi, ils avaient promptement oublié la technique du livre.


Lilou soupira. Peut-être est-ce que ça valait la peine d’essayer avec cet idiot emplumé? Sans réaliser qu’Ajartiel était prit sous Léanne, l’oiseau s’envola vers le bureau de celle-ci et de son bec, tira sur la chainette de la petite lumière de bureau, la mettant en marche. La luminosité était relativement tamisée, se concentrant sur le dessus de la surface de travail. Le Totem sautilla jusqu’à un cahier de travail que la chef des Fées avait laissé sur son bureau. Il prit la couverture dans son bec et à grands coups d’ailes et d’efforts, il réussit à l’ouvrir. Il espérait ne pas avoir fait trop de bruits, son but n’était pas de réveiller sa Fée. Les pages de papiers furent plus faciles à tourner par la suite.

Une fois qu’il arriva à une page ayant un bon nombre de mots, il se tourna vers le grand blond et sautilla sur place en lui faisant signe de son bec de venir le rejoindre. Il incita jusqu’à ce qu’il décide de se lever.

Pendant que l’Ange essayait de se déprendre de la Fée, son Totem essayait de chercher les mots qu’il pointerait à l’idiot. Maintenant qu’il avait un moyen de lui communiquer, il ne savait pas ce qu’il voulait lui dire… Il avait l’air malin! Il sautilla entre les deux pages ouvertes du cahier, cherchant les mots à indiquer à l’autre… Il finit par se décider.

Sous le regard de l’Ange, il pointa à plusieurs reprises, du bout de son bec, le mot : Pourquoi, puis le mot : aime, suivit de : pas et finalement : moi. Il repassa les quatre mots dans l’ordre quelque fois pour donner le plus de chances possible au crétin de comprendre et puis releva la tête vers lui pour entendre ce qu’il avait a répondre.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyMer 3 Mar - 23:21

Il y avait longtemps qu’Ajartiel était à la CAT. En fait, de toute sa vie, c’était probablement le plus long qu’il ait passé à un même endroit. Il était parti de chez son père un peu avant d’avoir seize ans, alors qu’il était à la CAT depuis... 2004 ? Donc à peu près seize ans. Peut-être qu’il pouvait s’installer un vrai lit, lui aussi...

Un petit bruit métallique suivi de l’apparition d’une faible lueur tira le chef des Anges de ses pensées (de toute façon pas très intéressantes) et lui fit redresser la tête. Sur le bureau de Léanne, Lilou s’agitait. L’oiseau renversa un livre et l’ouvrit, donnant l’impression qu’il voulait le lire. Ce qui était quand même bizarre. Certes, c’était un Totem, donc il devait être plus éduqué que le piaf moyen, mais quand même. Ajartiel le regarda faire avec perplexité.

Lorsque Lilou trouva présumément ce qu’il cherchait, il se tourna en direction du lit et se mit à sautiller et faire des mouvements de tête. On aurait dit qu’il voulait que l’Ange le rejoigne. Ajartiel avait du mal à croire que ce puisse être le cas, ne voyant aucune raison crédible pour l’expliquer (Lilou voulait qu’on lui lise une histoire, peut-être ?) vu que le Totem ne l’aimait apparemment pas, alors il hésita. Il regarda Léanne, essayant de juger des chances qu’il avait de réussir à sortir du lit sans la réveiller, puis reporta son attention sur Lilou, qui donnait presque l’air de s’impatienter.

Finalement, la curiosité eut raison du Magyar et il décida d’aller voir. Ce n’était pas comme s’il était particulièrement occupé, après tout ! Entre ça et juste fixer le vide en comptant les secondes...

Il étudia sa situation, rejetant tout de suite l’idée de se dématérialiser, étant trop fatigué pour ça. Le plus complexe, c’était son bras sous Léanne. Quoique la Fée n’était pas tellement lourde... Au final, il n’eut pas trop de mal à doucement la faire glisser sous lui pour se retrouver à quatre pattes au-dessus d’elle. Il se figea une seconde, s’assurant qu’elle dormait encore profondément (et s’amusant de l’air innocent qu’elle avait, dans son sommeil) et, à partir de là, s’extirpa du lit.

Une fois debout, Ajartiel s’approcha du bureau. L’hypothèse lui vint que ça aurait pu être une ruse juste pour l’éloigner de la chef des Fées, dont il regrettait un peu la chaleur soudainement, mais il était trop tard pour reculer. Et puis, Lilou s’agitait de plus belle. L’Ange s’arrêta à environ un mètre du bureau et observa l’oiseau effectuer un genre de chorégraphie bizarre. Il tapait du bec sur les pages du livre.

Est-ce que... est-ce qu’il pointait des phrases ?

Fronçant les sourcils, Ajartiel franchit la distance manquante jusqu’au bureau. Il s’y appuya à deux mains, en se pencha un peu vers l’avant, pour regarder le manège de Lilou. Les phrases ne faisaient pas de sens entre elles, donc ce devait plutôt être les mots...

Pas. Moi.


« Attends, refais-le une autre fois. », demanda l’Hongrois, honnêtement intéressé, quand Lilou s’arrêta pour le regarder, juste au moment où il captait.

C’était brillant ce truc ! Pourquoi personne n’y avait jamais pensé ?! Okay, concentration...

Pourquoi. Aime. Pas. Moi.

Ajartiel fronça les sourcils, incertain.


« Tu veux savoir pourquoi je ne t’aime pas ? », tenta-t-il.

Lilou confirma (probablement ?) et Ajartiel soupira en se frottant les yeux d’une main, fatigué. Il posa ensuite un regard sceptique sur l’oiseau en se demandant s’il se moquait de lui.


« Elle ne fait pas de sens, ta question. Tu es la moitié de Léanne. Pourquoi j’aurais quoique ce soit contre toi ? Vous venez ensemble. Comme... deux cerises ? »

Ajartiel marqua une pause d’une fraction de seconde pour considérer sa comparaison vraiment boiteuse.

« Je suis pas assez réveillé pour construire des métaphores élaborées, okay ? », se défendit-il.

Il jeta un regard à la chaise de Léanne, avant de décider de s’agenouiller devant le meuble plutôt que de s’asseoir sur le siège au format fait pour les Fées. Il croisa les bras, les posa sur le bureau et “dévisagea” Lilou, en supposant qu’on puisse dévisager un oiseau.


« C’est toi qui me déteste. Pas l’inverse. », continua l’Ange, ne sachant même pas pourquoi il lui fallait faire cette précision. D’après Séraphin, Lilou s’était indigné tout seul. Le Totem n’était même pas au courant d’être fâché pour rien ? Wow.

Après avoir jeté un regard derrière lui pour vérifier que Léanne dormait encore, Ajartiel étira un bras et attrapa deux livrets sans s’attarder à leur titre. Il les ouvrit sur le plan de travail, choisissant des pages avec beaucoup de mots. Comme ça, Lilou aurait plus de choix.


« Je crois pas qu’il y ait une seule âme qui vive à la CAT qui m’énerve réellement. Il en faut vraiment beaucoup pour que je n’aime pas quelqu’un. », commenta-t-il, se faisant.

C’était bizarre de parler à un oiseau. Mais, d’un autre côté, c’était la première fois qu’Ajartiel avait une “conversation” avec un Totem et l’amusement surpassait le sentiment d’étrangeté. Par contre, même s’il aurait probablement eu des questions à poser, aucune ne lui vint sur l’instant. Il avait plutôt envie de savoir ce que Lilou avait à dire. Alors l’Ange croisa à nouveau les bras et posa son menton dessus, observant l’oiseau avec intérêt.
Léanne Cissé
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyJeu 4 Mar - 22:49

Le grand emplumé c’était fait attendre. Le Totem de Léanne avait vraiment dû insister pour qu’il décide de se lever et de venir voir ce qu’il faisait. D’ailleurs, la Fée grommela dans son sommeil lorsque le chef des Anges se défit de son emprise. Elle se replaça et marmonna un : « Encore quelques minutes… » avant de retomber dans un sommeil profond. Le chef était sauf.

Lilou ne se sentait pas tout à fait à l’aise d’avoir l’Ange au-dessus de lui, comme un prédateur près à sauter sur sa proie. Il se contient, toutefois, sachant que l’homme ne le faisait que pour mieux lire ce qu’il essayait de lui communiquer.

« Tu veux savoir pourquoi je ne t’aime pas ? » fit celui qui prouvait enfin à Lilou qu’il avait au moins 2 neurones qui fonctionnaient.

Le Totem hocha la tête pour approuver sa déduction. Ce n’était pas si difficile, non?

« Elle ne fait pas de sens, ta question. Tu es la moitié de Léanne. Pourquoi j’aurais quoique ce soit contre toi ? Vous venez ensemble. Comme... deux cerises ? » spécula l’Ange.

Lilou pencha la tête sur le côté. Deux cerises? Vraiment? Et puis, il ne savait pas trop où voulait en venir le grand blond avec le reste de son affirmation. Oui, ils partageaient la même âme, mais leur comportements et opinions divergeaient, ce qui en faisait des êtres différents. Il était donc possible qu’en apprécier un et de mépriser l’autre. N’avait-il jamais compris cela? Le Totem de la chef des Fées adorait Séraphin, mais parfois, il n’arrivait pas à supporter Hiro. Léanne, de son côté, était bien plus souvent irritée par son cousin que le Totem de celui-ci.

Et jusqu’à maintenant, le comportement du Hongrois envers Lilou était bien différent de celui qu’il réservait à sa Fée. Il portait une grande attention à Léanne, alors qu’il avait un désintérêt évidant pour lui.

La pie-grièche fut soulagée lorsque l’Ange s’agenouilla et qu’ils se retrouvèrent au même niveau, au lieu qu’il soit au-dessus d’elle, menaçant. Elle se recula un peu, pour pouvoir mieux voir son interlocuteur. Elle était surprise qu’il lui porte autant attention. Était-ce seulement parce qu’elle avait trouvé un moyen de lui communiquer? Avait-il cru jusqu’à maintenant qu’elle n’était pas capable d’avoir des pensées complexes et des sentiments et qu’il réalisait seulement son erreur?

« C’est toi qui me déteste. Pas l’inverse. » finit par dire l’homme-oiseau après avoir observé Lilou pendant un bon moment.

Celui-ci gonfla ses plumes, irrité. Certes, il ne l’appréciait pas particulièrement, mais c’était parce que l’autre bipède avait commencé en l’ignorant volontairement! C’était complètement irrespectueux!

Mais, surprise, l’Ange fit preuve d’une grande considération en ouvrant deux autres livres qu’il ouvrit, aidant ainsi l’oiseau à communiquer plus facilement. Ce fut le tour à Lilou de dévisager son interlocuteur. Il pencha la tête sur le côté, agréablement surpris.

« Je crois pas qu’il y ait une seule âme qui vive à la CAT qui m’énerve réellement. Il en faut vraiment beaucoup pour que je n’aime pas quelqu’un. »
finit l’homme avant de croiser les bras pour observer le Totem, attendant la suite.

L’oiseau fut pris au dépourvu par l’évidente curiosité que l’Ange démontrait pour sa personne. Il avait cru pendant tout ce temps, qu’il le méprisait et qu’il l’ignorait volontairement pour qu’il se sente rejeter et ainsi pouvoir mieux garder Léanne pour lui-même. Est-ce qu’il s’était trompé pendant tout ce temps? Il devait en avoir le cœur net.

L’animal s’ébroua pour re prendre un peu contenance et sautilla sur les pages des trois cahiers pour l’aider à trouver comment il allait formuler sa prochaine question. Il ne devait pas oublier de préciser le sujet de sa question et le verbe. Cela prit plusieurs secondes à l’oiseau pour trouver les mots qu’il nécessitait. Mais après un moment, il croisa le regard de l’Ange pour lui signifier qu’il était prêt et rejoingit son premier mot d’un battement d’aile. Encore une fois, il commença avec Pourquoi. Puis, il tapa de son bec sur le mot Toit (il faut excuser sa grammaire, ça reste un oiseau). Il chercha ensuite le prochain mot, qu’il n’avait vu qu’à un endroit dans les 6 pages. Il le trouva et le rejoignit pour le toucher. Ignorer. Il finit avec le mot : Lilou, qu’il avait trouver dans le coin du cahier rempli de l’écriture de Léanne.

Il répéta le processus une deuxième fois pour donner la chance au chef de bien saisir les quatre mots et puis s’installa sur le mot : triste, sans le taper du bec celui-là. Il observa Ajartiel intensément, attendant sa réponse.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyVen 5 Mar - 23:07

Lilou secoua ses plumes dans ce qui pouvait autant signifier le rire que la colère ou la surprise. Comment est-ce qu’Ajartiel était supposé savoir ? L’Ange continua juste d’observer la petite créature devant lui tandis qu’elle sautillait d’un livre à l’autre.

Il était, évidemment, encore fatigué et il pencha la tête sur le côté, appuyant sa joue contre son bras. Il y avait peu de chances qu’il s’endorme agenouillé et il n’en avait pas envie, pour des raisons évidentes, mais le stress de son cauchemar s’estompait et il devenait plus difficile de résister. Heureusement, après une minute, Lilou parvint à trouver ce qu’il cherchait. Ajartiel redressa donc la tête, attentif.

Pourquoi. Toit. Ignorer. Lilou.

Ajartiel fut surpris, même s’il n’aurait probablement pas dû. Après tout, Séraphin l’avait déjà prévenu d’un truc du genre. Lilou aimait apparemment avoir de l’attention et il était vrai que l’Hongrois ne lui en donnait pas.

Par contre, “ignorer” était, de l’avis d’Ajartiel, un peu poussé. Il n’essayait pas de volontairement nier l’existence du Totem, quand même. Peut-être que ce n’était pas le mot exact qui reflétait les pensées de l’oiseau, vu qu’il était limité par le contenu des pages devant lui... Ça aurait été pratique qu’il sache écrire, tiens. Ou taper en code morse, peut-être ? Bref, il était possible également que Lilou interprète mal. Ajartiel ne cherchait pas à ignorer le Totem de Léanne et se considérait, au pire, indifférent à sa présence. Ils ne pouvaient pas communiquer l’un avec l’autre, ce qui était pas mal la base de tout, mais s’ils avaient pu, ça aurait été différent. Ajartiel était l’ami de tout le monde.

Face au regard perçant de l’oiseau, Ajartiel haussa les épaules.

Lilou pouvait communiquer, finalement. Il aurait pu le faire savoir plus tôt, d’ailleurs. Malgré cela, quel besoin avait-il de s’attirer l’attention du chef des Anges ? Ajartiel avait toujours cru que les Totems n’avaient pas d’intérêt envers les bipèdes autres que leur Fée ou Elfe, qu’ils vivaient leur vie de leur côté. C’était logique, non ? Jusqu’ici, aucun Totem n’avait essayé de lui parler, d’ailleurs. La preuve.

Après sa résurrection, le Magyar était devenu à moitié dingue devant son incapacité à se faire comprendre, au début. Il n’allait pas blâmer un oiseau de préférer aller jacasser avec ses pairs, des bestioles avec qui il était facile d’échanger, que de se frustrer contre des humanoïdes avec qui il ne partageait rien. C’était l’option de facilité, donc l’option de la majorité. Non ?


« Pourquoi est-ce que ça te dérange ? », demanda l’Ange, un peu stupidement, perplexe. « Pourquoi est-ce que je t’intéresse ? »

Peut-être que Lilou s’inquiétait pour sa Fée ? Mais il partageait la moitié de son âme, alors il devait bien savoir qu’il n’y avait pas de raison de s’angoisser. Léanne était une femme forte et indépendante. Ajartiel n’avait aucun doute qu’il y avait des limites qu’elle ne lui permettrait pas de franchir, dont celles susceptibles de la blesser. Dans le même ordre d’idée, leur “truc” avait très certainement une date d’expiration. Ajartiel-du-futur serait probablement déçu, mais, un jour, Léanne-du-futur passerait à autre chose, parce qu’il n’avait pas tant que ça à offrir, au fond. Si même lui avait conscience de ça, Lilou aussi, forcément. Les motivations de Lilou devaient donc venir d’ailleurs que de l’inquiétude.

Léanne était une femme pleine de courage et de volonté... Lilou devait être comme ça aussi, alors ? Peut-être qu’il ne voulait pas de l’option de facilité ? Peut-être que, contrairement aux autres Totems, il avait envie de se lier d’amitié avec des Humains, Sorciers, Anges ou Vampires ? Si c’était le cas, il y avait effectivement de quoi se vexer de ne pas être remarqué...

Cette réflexion amena Ajartiel à se demander si, en fait, Lilou n’avait pas du mal à se faire des amis, en général. S’il était comme sa Fée, il devait connaître d’autres Totems, mais pas être proche d’eux. Léanne bossait beaucoup trop pour avoir une vie sociale florissante à côté. Le désir d’attirer l’attention était une justification plausible au fait que Lilou ait participé à lancer une rumeur sur sa Fée... Est-ce que les Totems des Catiens voyaient les Totems de Chef avec respect ou avec un genre de dédain ? Dans tous les cas, ne serait-ce qu’à cause de ça, il devait être un peu à part de ses congénères... Il voulait un brin de sagesse Ajartiellienne ?

Le visage d’Ajartiel, affichant jusqu’alors une expression pensive, s’illumina d’un sourire.


« Ah ? Tu veux qu’on soit amis ? », demanda-t-il, joyeusement et en oubliant de baisser la voix.

Ami avec un Totem. L’idée était marrante. Est-ce que ça l’obligerait à traîner un dictionnaire ? Ce serait encombrant...


« Faudrait au moins un code genre... un coup pour oui, deux coups pour non ? »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyDim 7 Mar - 15:09

La réponse initiale de l’Ange ne fut qu’un haussement d’épaules, irritant au plus haut point Lilou. C’était tout ce qu’il avait à répondre? Des mois à être ignoré, à être considéré comme un vulgaire bibelot et c’était tout ce qu’il avait comme explications? Alors ce n’était même pas un plan volontaire pour le faire se sentir misérable? Le grand idiot n’avait tout simplement eux aucune pensée pour lui? Il ne lui était jamais passé par l’esprit qu’il était un être conscient qui avait envie et besoin d’interagir avec les gens autour de lui?

Plus il y pensait et plus son plumage gonflait avec sa colère. Il était à deux doigts d’exploser en cris et insultes, lorsqu’il fut arrêté par les questions de l’Ange : « Pourquoi est-ce que ça te dérange ? Pourquoi est-ce que je t’intéresse ? »

Le Totem dégonfla comme un ballon. Il ne s’était pas attendu à une telle question. Selon lui la réponse était évidente! Du moins, pour la première question. Pour la deuxième, il avait du culot ce bipède narcissique de croire qu’il était intéressant! Il était aussi banal que tous les autres blondinets blancs qu’il avait connus. C’est comme s’ils misaient tout dans le physique et ne se laissait rien côté personnalité! Tssss, non, mais! (Note de l’auteur : C’est l’irritation de Lilou qui parle ici, il est reconnu comme ayant une ‘‘légère’’ tendance à exagérer.)

Grognon, l’oiseau s’était tourné à nouveau vers les livres pour déterminer ce qu’il allait répondre aux questions de l’Ange. Il avait beaucoup de choses à dire, mais son moyen de communication le limitait. C’était agaçant, il ne pouvait pas communiquer avec le chef toutes les subtilités de sa pensée. Mais bon, c’était déjà mieux que de ne pas pouvoir lui parler tout simplement.

Il avait trouvé ses deux premiers mots quand l’homme dit : « Ah ? Tu veux qu’on soit amis ? »

Ces paroles eurent l’effet d’une douche froide sur la pie-grièche et la figea sur place. Ami? … AMI?!?

Sans entendre la suite de ce que dit l’Ange, Lilou s’envola et fonça sur la tête d’Ajartiel. En lui criant des obscénités, il attaqua à répétition le cuir chevelu du pauvre Hongrois, lui donnant, au passage, plusieurs coups d’ailes.

Non mais, il se prenait pour qui lui! Lilou n’avait pas besoin de son amitié! Il n’avait pas besoin de lui! Il voulait seulement qu’il lui offre le respect qui lui était du! Il fallait vraiment que ce soit un pur idiot pour penser qu’il se rabaisserait à son niveau! Mais quelle humiliation!

Ces quelques phrases résument les reproches que le Totem fit à Ajartiel durant son attaque.

Les cris et l’agitation eurent finalement raison du sommeil de Léanne. Elle se réveilla en sursaut et fut sur ses pieds en un rien de temps, prête à se défendre. Cela lui prit quelques secondes pour comprendre ce qui se passait, mais une fois que ce fut fait, elle s’envola et attrapa d’un coup son Totem dans sa main et se reposa en lui lançant un regard noir d’envie de meurtre.

L’oiseau se calma immédiatement et rentra la tête entre ses épaules, essayant de se faire le plus petit possible. Léanne releva ses yeux vers Ajartiel, son regard s’adoucissant.

« Est-ce que tout va bien? Qu’est-ce qui s’est passé? Je suis désolée, je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à t’attaquer… Ah, merde, je m’excuse tellement »
fit-elle en s’envolant à nouveau pour passer sa main libre sur la tempe meurtrie de son ami.

Elle sentit des petits pincements sur sa main qui tenait la pie-grièche et elle serra plus fort sur le corps de l’oiseau qui émit un petit cri meurtri. Léanne sera les dents en ressentant, elle aussi, la douleur qu’elle infligeait à son Totem.

Elle se reconcentra sur le Hongrois : « Je suis vraiment désolé… Dis-moi qu’est-ce qui s’est passé? »
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyDim 7 Mar - 20:06

Sans grande surprise, Ajartiel avait mal interprété les pensées de Lilou. Ce n’était pas tellement étonnant, vu combien l’oiseau était limité dans sa capacité à les exprimer à un Ange. La communication entre eux n’était pas plausiblement réalisable et, d’ailleurs, n’était-ce pas la raison pour laquelle le Magyar n’avait même jamais essayé, avant ce soir ? Vivre chacun de son côté faisait infiniment plus de sens.

Cette confirmation de ce qu’il savait déjà vint à Ajartiel sous la forme d’une volée de plumes et de coups de bec. Il leva les bras pour se protéger le visage, mais c’est Léanne qui vint le sauver. L’attaque s’arrêta aussi rapidement qu’elle avait débuté et Ajartiel posa un regard abasourdi sur la Fée, puis observa, perplexe, l’oiseau qu’elle tenait.

De toute évidence, Lilou le détestait encore plus que ce que Séraphin avait laissé sous-entendre...

Le Totem s’agita et piailla, tandis que Léanne s’inquiéta. Elle posa une main sur le visage de l’Ange, près de là où il pouvait sentir une blessure superficielle. En plein ce dont il avait besoin, avec son manque de sommeil !


« Je suis vraiment désolé… Dis-moi qu’est-ce qui s’est passé? »

Non. Ajartiel ravala sa frustration, repoussa la main de Léanne d’un geste nonchalant et tourna son attention vers elle, lui offrant un demi-sourire factice qui se voulait amusé.

« Ne t’excuse pas. C’est pas important. », fit-il, plus fidèle à son lui-même habituel qu’il ne l’avait été depuis qu’il était arrivé, quelques heures plus tôt.

Hannah l’avait imploré de trouver quelqu’un pour parler, une personne à qui s’ouvrir. Il avait mal pioché, visiblement. Il n’était pas logique qu’il soit le sujet d’un désaccord entre Léanne et son Totem. Elle devait suivre l’instinct de Lilou et il ne s’y opposerait pas. Peut-être que c’était effectivement mieux pour la Fée qu’il ne se mêle pas de sa vie, après tout. De l’avis d’Ajartiel, Léanne devait apprendre à se détendre et à apprécier le moment et il avait envie de lui montrer ça, la façon dont lui voyait le monde, mais son Totem était le mieux placé pour réellement savoir ce qu’il fallait à la Fée, non ? Il ne forcerait pas une amitié si la moitié de l’âme de Léanne était à ce point contre.

Il n’avait pas l’énergie de se tromper encore. Si Léanne ne pouvait pas être son amie, selon la définition qu’en faisait Hannah, alors il retournerait à la case départ. Le déni l’avait bien servi jusqu’ici. Hannah sous-estimait probablement sa capacité à s’en satisfaire. Elle était de bon conseil, mais elle ne savait pas tout. Enfin... “avait été” et “n’avait pas su”...

Le sourire d’Ajartiel s’agrandit, presque naturellement, ses nouvelles résolutions se mettant en place dans son esprit. Il ne laisserait pas la colère et la tristesse avoir d’emprise sur lui s’il décidait autrement. Il était LPM de l’entêtement aussi.


« Tu me laisses une longueur d’avance avant de le relâcher ? », demanda-t-il sur le ton de la blague en allant récupérer ses chaussures et en les enfilant rapidement. « Je vais aller finir ma nuit chez moi. »

C’était un mensonge. Il n’allait définitivement pas essayer de dormir après ça. Il devait, au contraire, rester éveillé à tout prix. Peut-être qu’il allait sortir de la base pour voler... Tant pis pour la CAT et ses règlements. Il préférait subir un sermon que de se retrouver seul dans sa chambre.

Sur une impulsion, il embrassa rapidement le front de Léanne et lui fit un clin d’oeil joueur en passant, avant de se diriger vers la sortie. Cette touche affectueuse n’était pas son genre, mais il s’agissait de la dernière fois où Léanne et lui étaient plus que la relation entre collègues qu’ils avaient partagée jusqu’à quelques mois plus tôt. Ça ne lui faisait pas plaisir et il avait bien l’intention d’ignorer les conséquences de ses actes jusqu’à la dernière seconde... qui devait probablement être le moment où la porte de la hutte se referma derrière lui.

Décidé à ne pas réfléchir, Ajartiel se dirigea d’un pas rapide vers les étages supérieurs de la CAT.
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MessageSujet: Re: Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin   Lorsqu'Ajartiel eut besoin d'un calin - Page 2 EmptyDim 7 Mar - 22:19

Dire que Léanne se sentait mal n’était même pas proche d’exprimer à quel point elle se sentait responsable de ce qui venait de se passer. Elle espérait de tout son cœur qu’Ajartiel n’allait pas le prendre trop mal, elle pourrait lui expliquer, lui faire comprendre pourquoi Lilou était aussi insupportable. Son Totem avait vraiment dépassé les bornes cette nuit.

Ses espoirs furent réduits en miettes lorsqu’elle vit son sourire. Son cœur tomba dans ses talons et elle sentit sa gorge se serrer. Un nœud se fit dans son estomac lorsqu’il lui dit :
« Ne t’excuse pas. C’est pas important. »

Elle savait à sa réaction que c’était un gros mensonge. Elle ne savait pas quoi faire, ils s’étaient tellement rapprochés cette nuit et là elle le sentait glisser entre ses doigts et remettre son masque souriant qui lui était insupportable.

« Ajartiel, je peux t’expliquer. Lilou, il… Il… » commença-t-elle sans réussir à exprimer sa pensée.

« Tu me laisses une longueur d’avance avant de le relâcher ?  Je vais aller finir ma nuit chez moi. » fit l’Ange.

Sa blague ne faisant qu’attrister d’avantage Léanne.

« Aja, non, ne part pas… Et le couvre-feu… Reste, stp… » la supplia-t-elle en se rapprochant pour attraper sa main.

Il la surprit en se retournant pour poser un baiser sur son front. Elle figea, surprise, des larmes remplirent ses yeux sans qu’elle ne puisse les retenir. Ce baisé semblait beaucoup trop à un aurevoir à son goût.

La surprise de la Fée permit à Ajartiel de partir sans qu’elle ne puisse le retenir. Elle regarda la porte se fermer derrière lui au travers des larmes qui se mirent à couler sur ses joues. Elle relâcha son Totem et se laissa tomber lentement sur ses genoux, hébétée.

« Lilou… Qu’est-ce que tu as fait? »
murmura-t-elle, la lèvre tremblante.

L’oiseau, ressentant la douleur de sa Fée, se faisait très petit. Il n’avait pas réalisé que Léanne tenait autant à l’Ange… Est-ce qu’elle l’aimait plus qu’elle ne le laissait paraître?

Léa… fit-il repentissant. Je ne pensais pas… Je m’excu…

« Sort. » le coupa-t-elle sur un ton monotone.

Léa, stp, nous pouvons en par...

« DEHORS!!! » cria-t-elle et pointant la porte faite pour l’oiseau.

Celui-ci, déchiré, décida de l’écouter, à contre cœur. Il s’envola mollement et puis, après un regard pour sa Fée, sortit de la hutte. Il faillit essayer d’aller voir l’Ange pour s’excuser et essayer de le faire revenir, mais se rappela qu’il ne le comprenait pas…

Après le départ de son Totem, Léanne éclata en sanglots, serrant son oreiller dans ses bras. Elle craignait d’avoir perdu son meilleur ami à cause de son manque de considération. Est-ce qu’ils seraient capables de surmonter ça? Est-ce qu’il accepterait de retirer son masque à nouveau avec elle? Où est-ce qu’elle et Lilou avaient trop brisés les pots pour pouvoir les réparer?

Le reste de la nuit fut très difficile pour la Fée. Elle ne se rendormit pas. Elle resta dans un état semi-comateux jusqu’au matin, où elle se prépara machinalement pour le travail. Elle passa au travers la journée comme un zombie. Lorsque Lilou la rejoint, elle ne le repoussa pas, mais elle ne l’accueillit pas non plus, elle l’ignora. Elle était encore trop fâchée pour réussir à lui parler. Elle finirait par le faire, mais elle aurait besoin de temps. Il n’aura pas d’autre choix que d’attendre.
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