Le contact des doigts du Chef des Anges sur son épaule chatoya agréablement la Fée qui était contente qu’il la laisse se coller contre lui. C’était chaud et confortable d’être dans les bras de quelqu’un…

Lorsqu’Ajartiel parla de sa barbe (ou de son manque de…), Léanne sourit tristement, en se disant que s’il avait put vivre quelques années de plus, il aurait probablement réussi à pouvoir se faire pousser une barbe plus respectable. Elle avait rencontré plusieurs jeunes hommes dont la barbe avait commencé à pousser convenablement vers la trentaine… Elle en avait aussi connu quelques-uns à qui ça n’était jamais arrivé.

Lorsqu’il retira sa main se son menton, Léanne approcha doucement la sienne de sa joue. Elle la caressa doucement sa peau, sentant la rugosité de quelques poils. Ce mouvement de sa part, fit glisser la main qu’Ajartiel avait sur son épaule vers sa poitrine, mais elle ne le remarqua pas, trop occupée qu’elle était à regarder son visage. Elle sourit doucement alors que son pouce se rapprocha des lèvres de l’Ange, les effleurant délicatement. Elle retira sa main avant qu’il ne décide de mordre son pouce et aussi parce que : Plumes!

Elle se tourna un peu pour faire face à l’aile que l’Ange avait déployée devant eux. Elle souriait comme une enfant en le regardant placer ses plumes.

« Je m’y connais pas en oiseaux. Peut-être que Lilou est coquet ? » dit Ajartiel.

Cela fit rire la Fée.

« Oh oui! Il est très coquet… Mais il préfère le qualificatif soigné. » répondit-elle en secouant la tête un peu exaspérée par son totem.

Ajartiel enchaina son explication en peignant ses plumes de ses doigts. Léanne se mordilla la lèvre inférieure en se retenant de faire comme lui. Elle ne se souvenait pas de beaucoup de choses de leur soirée de débauche, mais elle se souvenait combien douces étaient ses plumes…

« Je suis jalouse que tu puisses rétracter tes ailes. J’aimerais ça pouvoir faire pareil… »

Les siennes avaient beau être beaucoup plus petites, elles restaient quand même encombrantes parfois et surtout fragile! Ça lui permettrait aussi de pouvoir plus facilement passer inaperçue lors de missions. De tous les résidents de la C.A.T., les Faes étaient ceux qui pouvaient le plus difficilement se fondre dans la population humaine. Léanne faisait partit des rares qui avait réussie à vivre parmi eux, non sans difficultés.

« Tous les dimanches matin, on forme un grand cercle dans le salon, tous les Anges un derrière l’autre. Corvée d’entretien d’ailes. Comme les singes et les puces, tu vois ? » ajoute-t-il le plus sérieusement du monde.

L’Afro-Américaine éclata de rire. Elle était sûre qu’il disait quelque chose de sensé au début. Il l’avait bien eu!

Pour se venger un peu, mais surtout pour son confort, elle en profita pour aller glisser sa main droite dans le dos de l’Ange, sous son chandail. Elle avait froid à la main, vous voyez, et le dos d’Ajartiel était chaud. La chaleur réchauffa rapidement sa main et elle se mit à flatter distraitement la peau du Hongrois, dessinant du bout du doigt les contours de ses cicatrices.

Pour ajouter à ce qu’il venait de dire, elle l’observa avec un air menaçant et lui dit :

« Oh! Oui, je vois. C’est comme nous! À toutes les nuits de pleines lunes dans la hutte des aînés, nous faisons un sacrifice humain. C’est ce qui nous permets de garder notre apparence jeune et nos pouvoirs de guérison. »

Ajartiel ne réagissait qu’à moitié à son touché, qu’elle avoua étaient un peu comme des avances… Bon, ok! C’étaient des avances qu’elle lui faisait… Elle était encore en train d’assimiler les envies qu’elle avait pour lui. Il n’y avait pas si longtemps, elle était encore dans le déni de son attraction pour le Chef des Anges, alors c’était difficile d’admettre qu’elle lui faisait volontairement des avances....

Tout ça pour dire qu’il… se retenait? Il avait bien souris lorsqu’elle avait touché ses lèvres, mais là il se retenait de rire à la mise en scène ridicule qu’elle avait inventée pour faire suite à la sienne. Elle fronça les sourcils. Oh? Ainsi c’était un défi, hm? Il voulait faire comme s’il n’était pas intéressé? D’accord… Elle allait voir combien de temps il résisterait… Un sourire carnassier apparu l’instant d’une seconde sur les lèvres de la Fée, mais elle retourna rapidement à son rôle de jeune innocente.

Ajartiel rajouta une couche à leurs âneries et il était définitivement bon pour dire des bêtises. Il arracha un sourire à Léanne qui profita de son regard déviant pour mettre ses atouts en valeurs. Oh, il avait bien résisté! Il n’avait regardé qu’une fraction de seconde avant de retourner à ses ailes… qui commençaient à être très ordonnées… C’est qu’il les utilisait pour se distraire! Ce n’était pas une mauvaise idée, mais il y avait une limite à ce qu’il puisse peigner des plumes propres sans commencer à avoir l’air narcissique…

« Il faut absolument que ce soit un humain ou ça peut être n’importe quoi ? Et si c’est quelqu’un de moche, ça marche quand même ou ça vous prend des top-modèles ? Parce que je pourrais peut-être faire des recommandations de gens qui m’ennuient... »

Léanne releva un sourcil à ses paroles. Peut-être qu’il serrait le prochain, parce qu’en ce moment, Il commençait à l’ennuyer… Mais peu importe, son plan continuait… Son regard fut attiré par la bouteille qui était de l’autre côté d’Ajartiel. Quel dommage, parce qu’une envie soudaine de la boire lui prit. Pour l’atteindre, elle se pencha au-dessus des jambes croisées de l’Ange, son corps (mais surtout sa poitrine), s’accotant sur lui. Elle étira le bras et attrapa la bouteille. Pour s’aider à se relever elle fit exprès de poser sa main libre sur le haut de la cuisse du Hongrois, la lançant là un peu plus longtemps que nécessaire en se rassoyant.

« Oh, non, il n’y a que les humains que l’on prend en sacrifice. » dit-elle en apportant la bouteille à sa bouche, un sourire mesquin sur ses lèvres. « Les autres… nous les gardons pour en faire nos esclaves sexuels… »

Elle releva la bouteille et but tout ce qui restait de vin pétillant, ce qui était l’équivalent de quelques centimètres dans le fond. Une fois qu’elle eut finit, elle déposa la bouteille plus loin et essuya sa bouche en passant sa langue sur ses lèvres. Elle fit un sourire un peu arrogant à l’Ange.

« Peut-être que tu serrais intéressé à les rejoindre… Quoi que… tu es peut-être trop sérieux… trop Dur… pour ça? »

Léanne avait bien remarqué l’effet qu’elle avait eu sur l’Ange lorsqu’elle était tout près de lui. D’où son commentaire sur sa… dureté. Elle se sentait beaucoup plus confiante maintenant que lors des premières avances d’Ajartiel. Elle se sentait en contrôle de la situation et c’était probablement l’élément décisif qui faisait qu’elle ne ressentait plus l’hésitation qu’elle avait eut plutôt. Ça et aussi un peu l’alcool qu’elle venait d’ajouter à son système.

Le regard de désir que lui lança Ajartiel la surprit tout de même. Elle était impressionnée d’avoir réussi à lui faire autant d’effets si rapidement… Elle pensait qu’elle allait devoir le tester d’avantage… Mais elle ne rechignait pas une victoire facile…

Elle fut agréablement surprise lorsqu’il prit sa main pour y poser un doux baisé. La suppliant presque de passer au stade suivant. Ses mots n’étaient pas des supplications en tant que tel, c’était même une belle continuation de l’histoire qu’elle avait dite plutôt. Sauf que ses yeux n’arrivaient pas à se séparer d’elle et elle se sentait particulièrement désirée, un sentiment qu’elle n’avait pas ressentit souvent dans les dernières années.

Avait-elle été trop loin dans les tentations qu’elle lui avait fais subir? Elle aurait presque pitié de lui si elle ne désirait pas autant. Son regard sauvage derrière ses beaux yeux d’azurs, ses cheveux ébouriffés, ses belles ailes blanches qui les entouraient et le souvenir de sa musculature qu’elle avait vue il y avait un moment déjà… Tout ça lui fit rapidement oublier son sentiment de victoire lorsqu’il lui dit :

« Je suis volontaire, Léanne... Mais est-ce que, toi, tu auras le cran d’exécuter la sentence ? »

Léanne ne le fit pas prier. Elle glissa une jambe par-dessus lui pour s’asseoir face à son beau visage. Assise sur son bassin leurs regards étaient à la même hauteur… ou presque. Sa main libre passa sur la joue de l’Ange, elle lui sourit affectueusement.

« Je suis toujours prête pour un nouveau défi. » dit-elle en réponse à sa question avant de se rapprocher assez pour l’embrasser, d’abord un peu hésitante, puis avec plus de conviction.

Sa main gauche alla se cacher dans les cheveux encore un peu humides de l’Ange et la droite, qu’il tenait encore entre ses doigts un instant plutôt, se glissa par l’ouverture du haut du coton-ouaté d’Ajartiel pour aller explorer ces muscles qu’elle avait eut la chance de voir un peu plutôt.

Elle arrêta toutefois le baisé après un moment, son regard, soudain un peu plus sévère, cherchant celui du Magyar. Elle devait s’assurer de quelque chose.

« Je veux que tu me promettre que ça va rester entre nous, Ajartiel! C’est compris? Personne ne peut savoir! » l’avertie-t-elle.

Il fallait que ce soit clair entre eux avant qu’elle n’accepte de continuer plus loin… Même si s’arrêter comme ça était une torture pour elle aussi…

~ Etcétéra ! Petit interlude préservant le peu de vie privée qui reste à nos deux amis. Uh uh uh. ~

Durant leurs ébats, la tresse de Léanne s’était défaite, libérant son opulente chevelure noire. Elle l’utilisait à ce moment comme oreiller avec quelques vêtements semi-propres d’Ajartiel.

Elle était d’ailleurs blottie contre lui, logée en demi-boule entre ses bras, son front et ses genoux contre son torse. Elle dormit encore quelques minutes avant de sortir paisiblement du sommeil.  L’Ange put remarquée que lorsque Léanne commença à se réveiller, ses ailes se mirent à frémirent doucement. Elles allèrent jusqu’à émettre un petit bourdonnement lorsque la Fée s’étira et bailla, sortant lentement des bras de Morphée.

Il put la sentir sourire contre son bras, alors qu’elle était encore à demi dans les vapes.

« Tu m’as tellement manqué, James… » murmura-t-elle en passant sa main sur la joue, puis le cou de l’Ange.

Un frisson l’a parcourue alors qu’elle réalisa sa nudité. Elle essaya de se coller un peu plus contre sa source de chaleur, mais difficile d’en être plus proche qu’elle en était déjà… C’est son mouvement qui lui permit de sentir la douce texture des plumes sous elle. Elle cligna doucement des yeux pour essayer de comprendre où elle était. Ses pupilles s’habitèrent graduellement à la noirceur de la pièce. Seul un peu de lumière qui passait de sous la porte apportait un peu d’éclairage à la chambre.

La Fée retira sa main du cou du Hongrois et alla tâter les plumes qu’elle voyait autour d’eux. Elle n’était pas dans sa maison de campagne… Elle était sur le plancher? Se questionnant toujours sur sa location, elle essaya de percevoir le visage devant elle. Ce n’était pas James!

C’est à cette réalisation que les souvenirs de la veille lui tombèrent dessus comme une douche froide.

« Ah, merde… » fit-elle en se relevant, repoussant l’aile d’Ajartiel par la même occasion. Parce que oui, c’était bien le Chef des Anges qui était à ses côtés.

Elle s’assit et prit son visage dans ses mains avec un gros soupir. Pourquoi elle avait fait ça? Oui elle en avait eu envie, mais les conséquences que ça apportait… Elle jeta un regard à l’homme étendu à ses côtés et soupira à nouveau avant de se lever, grelottante. Elle essaya de chercher ses vêtements au travers de la pile dans laquelle ils avaient dormit, mais impossible dans cette pénombre. S’entourant de ses bras pour se réchauffer, elle alla jusqu’à la porte pour ouvrir luminaire de la pièce, la faisant grimacer par la force de la luminosité.

Ses pas retournèrent vers Ajartiel pour retrouver ses vêtements, sans un mot. Elle ne savait pas quoi lui dire. Était-elle déçue qu’ils se soient laissé aller à leurs désirs? Oui. Est-ce qu’elle le regrettait? Pas vraiment. Avait-elle envi d’en parler avec lui? Elle ne saurait dire. Elle était encore à moitié réveillée et son corps la faisait souffrir, lui reprochant d’avoir dormi au sol.

La Fée enfila ses sous-vêtements en silence, mais lorsqu’elle allait mettre son chandail, décida de faire autrement. Elle n’aurait probablement pas la chance de partager un moment comme ça avec quelqu’un avant longtemps, puisqu’elle ne considérait pas recommencer avec Ajartiel. C’est pourquoi elle décida de retourner s’asseoir à ses côtés et alla se blottir à nouveau dans ses bras avec la mine base.

« Nous n’aurions pas dut » dit-elle sur un ton monotone et un peu triste.

La Fée accota sa tête contre l’épaule d’Ajartiel. Ses cheveux crépus étaient partout et elle souffla sur une mèche pour la repousser de son visage. Yup, elle allait devoir les tresser à nouveau, ils étaient trop indomptables…

Le rêve qu’elle avait fait de son défunt mari, avant de se réveiller, avait été très agréable, mais le retour à la réalité était difficile pour la Chef des Fées. Elle sera les dents ne souhaitant pas faire subir ses larmes à Ajartiel. Pour éviter une crise de larmes en règle, elle avait autant envie de partir le plus vite possible de la chambre que de rester entre les bras et les ailes réconfortants de son ami. L’idée de recommencer une partie de jambes en l’air lui vient, pour essayer de se débarrasser de sa tristesse, de la remettre dans son petit tiroir caché dans le fond de son cœur et de l’oublier encore pendant quelques jours.

« Personne ne le saura ? » tenta l’Ange pour la réconforter.

Elle sourit à demi, son regard dans le vide, ses doigts flattant distraitement le bras qu’il avait mit autour de ses épaules.

« Que les gens le sachent ou pas, ils se sont déjà fait une idée. Je crois que la seule chose que l’on puisse faire c’est d’essayer de ne pas se voir en dehors du travail et d’attendre que les Catiens se tannent de ces rumeurs… C’est dommage. » Elle se tourna vers lui et mit sa main sur sa joue, son pouce passant sur ses lèvres. « J’ai beaucoup aimée notre nuit… »

L’envie de l’embrasser et d’oublier ses problèmes par le sexe lui revient alors qu'elle traçait le contours de ses lèvres. Elle fronça le nez, hésitant à repartir le tango.

Ajartiel ne semblait pas partager l’impression de Léanne qu’il serrait plus sage de ne pas se voir pour l’instant. Elle s’y attendait. Il devait espérer qu’ils puissent avoir d’autres nuits comme celle qu’ils venaient de partager. Elle aussi le souhaitait, même si elle craignait les répercussions que cela puisse avoir. Les Catiens avaient beau les imaginer en couple, elle ne se voyait pas partager sa vie avec Ajartiel Non, elle préférait ne partager que ses nuits avec lui et peut-être quelques matins… Elle secoua la tête en se disant qu’elle ne devait pas y penser en ce moment, ses idées n’étaient pas claires.

Le touché de l’Ange ramena son regard au sien, elle lui sourit alors qu’il essayait de replacer ses cheveux. Bonne chance! Ça lui prenait des heures pour les dompter, alors il allait devoir faire plus que de les repousser d’un doigt.


« En tant que mythomane expert, crois-moi... Les gens repèrent facilement ce qui n’a pas l’air naturel. » dit-il, lui faisant perdre son sourire.

Elle n’était pas sûre de le croire. C’était qu’il disait probablement cela parce qu’il n’avait pas envie de l’éviter. Hé, elle le comprenait, elle aussi avait envie de ‘‘s’entrainer’’.

Le sourire qu’il lui fit se communiqua à la Fée qui s’étira un peu et déposa un léger baisé sur ses lèvres. Elle se recula légèrement pour le regarder de sous sa tignasse avant de se relever. Elle ferait mieux de partir vite si elle ne voulait pas craquer encore pour son beau sourire. De plus, elle devait déjà être en retard sur son horaire de la journée et elle souhaitait s’excuser à Séraphin pour son comportement de la veille. Pour Lilou, elle estimait que c’était à lui de venir s’excuser.

« Je vais devoir y réfléchir à tête reposée. » négocia-t-elle en enfilant ses pantalons. « Pour l’instant, essayons de ne pas trop passer de temps ensemble et nous en reparlerons d’ici une semaine, ok? »

Et avec tout ça, la Fée n’était pas encore sûre si elle trouvait que c’était une bonne idée qu’ils baisent à nouveau. Certes elle en avait envie, mais elle ne trouvait pas que c’était une très bonne idée. Elle avait beau dire que ça ne changerait pas grand-chose si les Catiens savaient ce qui s’était passé dans cette chambre cette nuit, elle l’appréhendait. Il serrait préférable qu’ils ne leurs donnent pas d’autres raisons pour amplifier les rumeurs. Elle se demanda pourquoi on ne pouvait pas laisser sa vie amoureuse tranquille? Elle était une grande fille qui faisait ses propres choix et ils n’avaient pas à mettre leurs nez dans ses affaires!

Elle enfila son chandail et puis ses souliers, elle chercha son lacet de cuir qui était caché à quelques part dans la pile de vêtement de l’Ange. Pendant qu’elle cherchait à quatre pattes dans les habits d’Ajartiel, elle lui demanda :

« Tu crois que la rumeur se serrait répandue aussi vite si nous n’avions pas été deux Chefs de race? »

Après de méticuleuses recherches, Léanne trouva enfin son lacet de cuir. Elle se releva en le plaçant dans sa bouche alors qu’elle lissait ses cheveux en utilisant ses doigts comme peigne. Ce n’était pas la méthode la plus efficace, mais ça fit l’affaire. Elle commençait sa tresse lorsqu’Ajartiel répondit à sa question.

Elle grimaça à sa réponse très honnête. Ouais, elle avait probablement mal choisi son partenaire d’amitié avec bénéfices… Mais ça c’était assumer qu’elle avait fait un choix. Ce qui n’était pas vraiment le cas. C’était plutôt une situation qui avait mené à une autre et puis finalement ils s’étaient retrouvés à baiser. Si elle l’avait vraiment décidée, elle aurait probablement continué à se satisfaire par elle-même.

« C’est parti d’où, au fait ? La rumeur, j’veux dire. La personne qui l’a lancée...? », demanda l’Ange, la tirant de son questionnement sur ses décisions douteuses.

Sauf qu’elle n’eut pas le temps de retirer le lacet de sa bouche qu’il avait déjà assumé que c’était Éléonor… Comme elle l’avait fait, elle-même, la veille. Elle secoua la tête et prit le lacet d’entre ses lèvres pour attacher sa tresse.

« Tu sais qu’elle m’en veut ? », ajouta-t-il.
« Non? », répondit Léanne, un peu surprise.

Elle croisa son regard alors qu’il expliquait qu’il n’avait pas été très juste avec la Fée travaillant à l’infirmerie. Qu’avait-il pu faire de si horrible? On parlait quand même d’Ajartiel. À part des blagues de mauvais goûts et ne pas faire son travail, que pouvait-il faire qui lui apporte les foudres d’une Fée si sympathique?

Léanne prit sa veste et revient vers le Chef des Anges. Elle s’assit face à lui, curieuse, sa veste sur ses jambes.

« Éléonor a peut-être aidé à transmettre la rumeur, mais Lilou est le premier à en avoir parlée. Il voulait probablement raconter une histoire intéressante à ses amis qui sont, pour la plupart, des Totems de Fées et d’Elfes. », dit-elle pour lui raconter sa version des faits.

Elle se pencha par en avant, ses coudes sur ses genoux, installant son menton sur le dos de ses mains et offrant par la même occasion (sans le savoir), une belle vue dans son décolleté à Ajartiel. Ses ailes frémirent par sa curiosité.

« Mais dis-moi… qu’as-tu fais pour fâcher une de mes plus gentille Fée? », demanda-t-elle, intriguée.

« Je sais pas. »,répondit Ajartiel à sa question.
« Quoi!? » fit la Fée alors qu’un sourire retournait sur le visage de l’Ange.

Il n’en fallut pas plus à celui-ci pour qu’il se mette à expliquer son plan pour miner la crédibilité de la rumeur. Plus il parlait et plus Léanne était horrifiée. Non… Il ne pensait pas faire ça! Ils vivaient présentement les effets d’une mauvaise rumeur. Ils n’allaient pas s’arranger pour faire vivre ça à quelqu’un d’autre! Même si cette personne pouvait être la source de ces rumeurs… Léanne n’accepterait pas de faire traverser ça à Éléonor. Elle préférait la rencontrer seule à seule et lui expliquer la situation. Elle lui dirait le trouble que ça leur faisait et qu’elle était déçue qu’elle raconte aux autres des informations sur la vie privée des Chefs sans leur demander la permission (ce n’était pas pour rien qu’elle préférait prendre un moment pour laisser sortir sa colère avant de discuter avec quelqu’un qui lui avait fait du tort). Non! Elle n’accepterait pas qu’Ajartiel ternisse l’image de la Fée aux cheveux violets. De plus, elle voyait des trous dans son idées, elle ne pensait pas que ça fonctionnerait très bien.

Elle allait lui faire part de ses doutes et de son désaccord quand il l’embrassa. La Fée en resta bouche-bée alors qu’il s’éloignait. Elle le regarda chercher un chandail avec de gros yeux fâchés. Elle n’était pas du tout d’humeur pour des baisés volés.

Léanne se releva et voleta jusque devant l’Ange, elle se mit dans son champ de vision, le forçant à la regarder.

« Ne t’attends pas à ce que je t’aide avec cette idée ridicule. Éléonor est une bonne Fée qui travaille fort et qui nous aide beaucoup à l’infirmerie. Elle ne m’hérite pas que tu ternisses sa réputation comme ça! »

Il pouvait sentir qu’elle n’était pas de bonne humeur et qu’elle était agitée.

« Et ce ne serra pas juste les rumeurs d’Éléonor versus les rumeurs de Lilou! Ils ne sont pas les seuls à nous avoir vu à la discothèque! Et plusieurs Fées t’ont vu partir de ma hutte ce matin-là. En plus, les rumeurs ça n’a pas besoin d’une source fiable pour se répandre. Il est déjà trop tard Ajartiel et nous n’avons que nous même à blâmer. Nous avons été négligeant. » argumenta-t-elle avant de laisser sortir un long soupire. « Coucher ensemble, c’était le clou dans le cercueil, nous n’aurions pas du et nous ne devons pas recommencer. »

Elle s’éloigna de lui pour prendre sa veste qu’elle avait laissée au sol et l’enfila. Elle pinça les lèvres et laissa échapper un autre soupir, elle ne se sentait pas bien, comme si un poids pesait dans son estomac. Les mots lui étaient venus plus vite que ses pensées, mais elle sentait qu’elle avait raison. Au final, c’était de leur faute si des rumeurs s’étaient répandus. Elle le savait bien qu’elle ne pouvait pas se permettre de relaxer maintenant qu’elle était Chef. Elle devait se concentrer sur sa tâche. Ça avait été bien agréable de passer du temps avec Ajartiel, mais elle ne pouvait pas suivre son exemple. La vie le lui rappelait bien maintenant. Elle devait se rendre à l’évidence, cette nuit serait la seule.

« Ajartiel, j’aimerais partir. Est-ce que tu peux t’assurer qu’il n’y ait pas trop de monde devant ta chambre pour que je puisse sortir sans trop me faire remarquer? » demanda-t-elle d'un ton poli, mais froid, essayant de calmer sa colère (plus dirigée vers elle-même que vers l’Ange).

Il n’était pas le temps d’empirer les rumeurs…

Ajartiel sembla vouloir rester buté dans son idée, ce qui n’était pas si étonnant, mais ça enragea la Fée. Puisqu’il eut la très mature réaction de ne pas encourager cette engueulade qui pointait le bout de son nez, Léanne conserva sa colère pour elle. Elle ira probablement s’en libérer au gym ce soir-là.

Le ton que l’Ange utilisa pour répondre à sa demande de l’aider à sortir déplut à la Chef des Fées. C’était hypocrite de sa part puisque le ton qu’elle avait employé n’était pas plus sympathique… Malgré ce qu’il dit, elle douta qu’il essaye vraiment d’être utile, préférant la laisser s’arranger avec ses problèmes. Du moins, c’est ce qu’elle aurait fait dans sa situation, en étant en colère contre quelqu’un.

Elle sursauta en voyant le Hongrois passer au travers de la porte. Elle oubliait toujours que les Anges pouvaient faire ça! Pendant une seconde, elle était sûre qu’il allait se prendre la porte en pleine tronche! Mais peu importe, elle voulait sortir, elle n’avait pas le temps de s’imaginer Ajartiel se prenant une porte dans la face.

La Fée remonta sa capuche sur sa tête pour cacher son visage. Elle alla vers la sortie, s’assurant de ne pas voir d’ombres passer sous la porte et débarra la porte avant de l’ouvrir lentement. Elle passa sa tête dans l’embrassure de la porte pour vérifier si le champ était libre et il l’était, grâce à Ajartiel. Elle l’avait mal jugé.

Et il avait fait un bon travail! Elle en était surprise. Elle se faufila donc en dehors de la chambre et fit attention pour fermer la porte sans faire de bruit. En passant devant lui, elle fit un :

« merci » silencieux avant de s’éclipsé en vitesse vers les douches. Une petite voix dans sa tête lui fit remarquer qu’Ajartiel semblait plus mature qu’elle lorsqu’ils étaient en colère. Elle grimaça et décida d’oublier cette information alors qu’elle s’envolait vers le cloître extérieur.

[À suivre dans : Désastre thérapeutique]