Mais qu’est que je fais dans le salon? se dit Aidan, alors qu’il s’aventurait dans le salon commun.
Il évitait les quelques personnes qui s’y tenait, la plupart ayant un certain degré d’intoxication. Il était agité, énervé, même. Il ne se sentait pas bien, un moton prit dans sa gorge, une boule tortueuse dans son estomac. Il avait besoin de s’isoler, mais sa chambre ne lui avait pas semblé être le refuge qu’il avait souhaité.
Il était très tôt le matin, il ne savait plus trop quelle heure, il se doutait que le couvre-feu allait bientôt demander à tout le monde de retourner à leur étage, mais il n’en avait pas envi… Il n’arrivait pas à dormir, se tournant et se retournant dans son lit. Ce n’était pas dans ses habitudes. Normalement, il s’endormait sans problèmes, n’importe où. Mais pas ces derniers temps… Il ne se sentait pas bien, nauséeux, égaré… Comme s’y une partie de sa vie était passée sans qu’il ne s’en aperçoive… (cela était surement dut au fait que sa créatrice n’a pas été très active dans les 5 dernières années) Il avait l’impression d’avoir raté sa vie, de ne pas être capable de réaliser quoi que ce soit.

Il déglutit de travers et trouva enfin un endroit à assez isolé à son goût, un racoin où on le laissera tranquille. C’était un endroit caché derrière une grande bibliothèque avec quelques coussins par terre. Un endroit pour que les Catiens puissent venir lire tranquillement leurs romans préférés. Sauf que ce genre d’information, Aidan n’en savait rien. Il avait juste besoin d’un endroit où essayer de calmer ses tremblements et cette angoisse qui lui tordait les entrailles.

Le jeune Sorcier blond se laissa tomber à genoux dans les coussins colorés et se roula en boule sur le côté, tenant ses genoux contre son torse. Un soubresaut le prit… un sanglot. Il se mordit la lèvre. Non… Il ne voulait pas pleurer. Il ne savait même pas pourquoi il avait envie de pleurer. Pourquoi il se sentait si mal tout à coup? Comme si le poids du monde lui tombait sur les épaules. Était-ce se dont un autre Sorcier lui avait dit qu’il faisait? Une crise de panique? Il n’en savait rien, il savait seulement qu’il avait envi de se creuser un trou et de disparaitre pour toujours.

Il pleura silencieusement, ne se faisant remarquer de personne et finit par s’endormir, une fois son chagrin ayant put s’exprimer. Lorsque les surveillants vinrent faire leur tour après le couvre-feu, il passa inaperçu, caché par les gros coussins. Ainsi, il ne se fit pas déranger dans son sommeil.

Une douce voix tira doucement Aidan de ses rêves. Pendant un instant, il crut que c’était sa mère, l’accent du Sud se ressemblait, mais les intonations étaient différentes. Il serra ses paupières avant de les ouvrir précautionneusement, la lumière de la pièce le fit grimacer. Il regarda autour de lui, déboussolé. Un oiseau blanc et noir apparu devant son visage, le faisant se rasseoir d’un bond, surprit. Ses pupilles s’étirèrent comme celles d’un chat sous l’effet de surprise.

« Lilou! Tu lui as fait peur. »  fit la voix qui l’avait réveillé.

Le Floridien tourna son attention vers sa provenance. Une belle jeune femme était agenouillée près de lui. Une Fée, se dit-il en remarquant sa petite taille et ses ailes de libellules relativement discrètes derrière son dos. Sans oublier son totem qu’elle avait éloigné du garçon-chat en le repoussant du dos de sa main. Lorsque l’oiseau s’envola pour aller se poser sur l’étagère d’une bibliothèque, Aidan dut retenir ses instincts de chasseurs. C’était très difficile à la C.A.T., considérant que s’il tuait un totem de Fée ou d’Elfe il tuait aussi son maître. Il avait donc essayé le plus possible d’éviter ces créatures depuis son arrivée, mais c’était très difficile à faire lors des repas lorsque la cafétéria était remplie de Fées avec leurs compagnons à plumes. Il s’était déjà fait gronder par Iliana, Émilienne et Séraphin, tous des assistants-chefs.

Tout ça pour dire qu’il ne se sentait pas des plus confiant à se retrouver à côté d’un oiseau qui pouvait faire réagir ses instincts félins sans préavis. Après avoir observé le volatil avec appréhension pendant un moment, il se tourna à nouveau vers la dame à ses côtés. Elle l’observait également, visiblement curieuse, mais surtout… inquiète? Mais pas inquiète pour elle ou son totem, mais inquiète pour lui. Son regard noisette aux stries de vert était perçant, confiant, comme ceux de beaucoup de chats qu’il avait connus. Il trouva ça surprenant. Il détourna bien assez vite les yeux, gêné de se retrouver dans cette situation. Au moins, il était habillé, signe qu’il ne s’était pas transformé durant la nuit.

Il se racla la gorge en cherchant du regard son PSP, avant de se rendre compte qu’il l’avait laissé dans sa chambre. Merde…

Il ne se sentait pas bien, il voulait partir. Il avait été découvert et ne voulait pas avoir à confronter cette Fée à la peau foncée. Elle avait beau sembler être attendrie en ce moment, il ne doutait pas un moment qu’elle pouvait être féroce. Et il n’était pas du genre à accepter d’être pris en pitié.

Ses yeux fixèrent le point de sortie le plus près et il dit, sans regarder la Fée : « Je dois y aller. »

Léanne observa l’adolescent se réveiller doucement et vit plusieurs émotions passer sur son visage. Premièrement, de la confusion, puis de l’angoisse, de la peur et puis finalement, il se referma complètement.

Le jeune homme devant elle avait perdu ses airs paisibles de lorsqu’il dormait. La Fée en regretta presque de l’avoir réveillé. Elle retient un petit soupire alors qu’il regardait autour de lui, à la recherche de quelque chose qu’il ne trouva pas.

Il évita le regard de Léanne avant de se tourner vers la sortie. Il sembla à la Fée, qu’il fut un animal blessé qui cherchait à fuir. Ainsi, son pouvoir ne faisait pas que lui permettre de se transformer, il influençait aussi son comportement… Intéressant.

Alors que le jeune garçon s’apprêtait à se lever pour partir. Léanne leva une main pour lui indiquer d’attendre.

« Hé… pas de panique. Je ne suis pas là pour te chicaner. Je ne veux que discuter. » dit-elle doucement en lui offrant un sourire sincère. « Je m’appelle Léanne. Je suis à la C.A.T. depuis longtemps. J’ai entendu parler de toi. Notre premier métamorphe depuis… herm un bout. »

Elle s’était rendu compte que de parler du décès du dernier métamorphe présent à la C.A.T. n’étai peut-être pas la meilleure des idées. Elle voulait gagner sa confiance, pas le traumatisé. Elle lui avait également partagé son nom, car elle ne savait pas s’il la reconnaissait. Il était à la base depuis peu et jusqu’à maintenant, Séraphin et Émilienne s’étaient occupé de son cas avec la chef des Sorciers adjointe (qui avait, d’ailleurs, accepté un nouveau poste et allait être remplacée d’ici peu), Illianna.

L’Afro-Américaine se demanda il avait quel âge. Il semblait plutôt jeune. Mais elle avait parfois de la difficulté à évaluer l’âge des humains. Ils avaient un cycle de vie assez différent des Fées, quoique l’enfance se déroulait pas mal de la même manière il lui semblait…

« Ouais… J’chu au courant. » marmonna le jeune garçon qui sans sembler plus à l’aise que tout à l’heure ne semblait quand même plus avoir l’intention de partir…

Il regarda Lilou, qui était en hauteur sur une étagère, puis ses mains. Léanne réalisa soudainement, une des raisons de l’inconfort du jeune homme. Séraphin lui avait parlé que le nouveau métamorphe avait de la difficulté à contrôler ses instincts félins et avaient à quelques reprises essayé d’attraper des totems de Fées et d’Elfes. Il lui avait dit qu’il faudrait peut-être considérer de demander à Joëlann de le confiner à son étage. La chef des Fées n’avait pas eut le temps de s’attarder au problème… Mais le métamorphe connaissait sa faiblesse et semblait craindre d’attaquer l’oiseau.

La Fée fit signe à Lilou et il s’éloigna en ronchonnant, sortant de leur champ de vision. Après s’être tendu à l’envol de l’oiseau, le jeune blond sembla se détendre à sa disparition. Léanne fut heureuse d’avoir réussie à le calmer, un tant soit peu.

« Je m’appelle… Aidan. » dit-il en croissant brièvement le regard de la chef.

Celle-ci accepta cette information d’un léger hochement de tête. Elle se réinstalla sur son coussin, s’assoyant en indien.

« Enchanté Aidan…. Si je peux me le permettre… qu’est-ce qui t’a poussé à dormir ici?  Ça ne semble pas très confortable. » fit-elle en posant ses coudes sur ses genoux et entrecroisant ses doigts juste au-dessus de ses chevilles.

Elle essayait de prendre la position la moins menaçante possible, ce qui ne lui venait pas naturellement! Elle voulait être encourageante et douce. Aidan semblait avoir besoin d’un peu de réconfort. Il semblait tellement déboussolé.