AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Hello !
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Juan, El Matador !

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Will
Vampire

Will

Grade hiérarchique :
  • Soldat recrue

Points : 485
Messages : 99
Juan, El Matador ! Empty
MessageSujet: Juan, El Matador !   Juan, El Matador ! EmptyDim 17 Nov - 13:55

Juan était l’un de ces vampires qui n’en laissent rien paraître, qui ont l’air d’humains, agissant toujours comme l’homme qu’il avait jadis été et n’exprimant pas ses instincts de prédateur. Il n’était pas une bête. Il ne savait donc pas se battre, pas vraiment. Will n’avait rien à craindre d’un combat contre Juan, car même si l’Espagnol pouvait encaisser ses coups et les lui rendre, il était limité par son esprit civilisé, étroit. Il n’était pas prêt à mourir et, par conséquent, ne savait pas faire preuve de toute l’inhumanité d’un être qui se bat sans se soucier des conséquences. Quand Will se battait, il ne connaissait aucune restriction, pas même la peur d’y laisser la vie.

« Fait attention à Juan », lui avait dit Dieter et Will n’avait pas compris pourquoi. Il n’avait pas de raison d’avoir peur de l’autre vampire, puissant, mais tellement humain.

Il avait eu tort de penser ainsi.

Patient comme savent l’être les immortels, Juan n’avait pas agi tout de suite après l’altercation qui avait conduit Dieter à conseiller la prudence à Will. L’ex-nazi avait continué de vivre sa vie sans se soucier de l’ennemi qu’il s’était inconsciemment et involontairement fait. Jusqu’à un soir comme un autre où, en rejoignant sa chambre, il fut surpris de la découvrir déjà occupée. Will n’avait probablement pas de raison de craindre un combat contre l’Espagnol, mais Juan, si humain, avait de son côté une chose que Will n’aurait jamais pu prévoir : la force du nombre.

Ils étaient trois, incluant Juan. Trois vampires. Will était fort et indompté, mais toute sa pugnacité, aussi violente soit-elle, ne faisait pas le poids face à trois représentants de sa race alliés contre lui.

Il aurait été utopique de s’attendre à ce que Will comprenne la leçon. Il n’avait jamais joué le rôle de proie ; l’idée même qu’il ait quelque chose à apprendre de cette fonction ne lui vint pas. En outre, il n’entendit ou ne saisit pas vraiment les menaces – justifications ? – proférées par Juan. Néanmoins, cet événement conduisit Will à s’éloigner encore davantage de ses semblables, instinctivement et sans pleinement en prendre conscience. Il délaissa presque complètement le salon des vampires, ne visita sa chambre que sporadiquement...

L’ancien Allemand ne songea pas à se venger de ce qui était, à ses yeux, un incident isolé. Juan avait vraisemblablement décidé d’asseoir sa dominance, qu’il tenait de son influence sur d’autres vampires. Will n’avait pas l’intention de rivaliser. Il n’avait aucun désir de se retrouver au sommet d’une hiérarchie ; la solitude était bien plus invitante. Il ravala bien malgré lui sa fierté, teinté de l’âpre goût de la défaite, et tourna la page.

Et pourtant, ça ne les empêcha pas de recommencer...

Ce jour-là, comme presque tous les jours maintenant, le vampire se trouvait dans la forêt des elfes du cloître extérieur de la CAT, le plus loin possible des cabanes elfiques. La veille (quelques heures plus tôt à vrai dire), en lisière de cette même forêt, alors que son objectif avait été de se faufiler dans les cuisines pour y récupérer sa pitance, Juan et ses acolytes avaient à nouveau croisé sa route. Il était donc hors de question, aujourd’hui, qu’il quitte le couvert forestier. Tant pis pour la faim, il devait d’abord panser ses plaies. Ses membres supérieurs étaient endoloris et marqués d’ecchymoses sous sa veste, parce qu’on l’avait maîtrisé et qu’il s’était débattu ; une douleur musculaire de cause indéterminée à la cuisse gauche le faisait légèrement boiter ; mais c’était principalement son côté droit qui le faisait souffrir, suggérant qu’il avait peut-être une ou des côtes fêlées (cassées ?).

Couché sur le dos à même le sol, immobile au milieu des arbres, Will observa la canopée. Il s’était enfoncé dans la forêt jusqu’à rejoindre les plus gros arbres, dont le dense feuillage parvenait à cacher presque entièrement le faux ciel du cloître extérieur. Le temps était clément, ni trop chaud, ni trop froid, ni trop lumineux pour les yeux sensibles d’un vampire (il était trop tôt pour ça). Les feuilles des arbres étaient agitées par une brise discrète et même si les impressionnantes racines qui déformaient le sol sous son dos et l’humidité de la terre rendaient le tapis forestier inconfortable, ça avait quelque chose de... vrai, normal, sécurisant.

Le vampire replia sa jambe gauche affaiblie et la glissa sous la droite. Sa main gauche se posa mollement sur son estomac, vide, alors que la droite reposait tout aussi indolemment sur le sol à côté de lui.

Il avait passé des décennies seul, mais il ne comptait que sur lui-même depuis bien avant ça. Il n’avait pas eu besoin de devenir un monstre pour déterminer que les gens étaient sans valeur. Le fait de devenir vampire n’avait évidemment pas changé ce constat, et la CAT n’y était pas davantage parvenu. Mais Juan...

Serrant la mâchoire et fronçant les sourcils, le regard de Will, toujours fixé droit devant lui et donc vers le ciel, se fit meurtrier, accusateur, comme si le plafond du cloître extérieur avait été le responsable de ses malheurs. Il serra les poings et sentit ses ongles s’enfoncer dans la paume de ses mains. Il était dégouté et en colère. Parce que, vraisemblablement, Juan
le méritait, qu’il avait sournoisement trouvé le moyen d’avoir cette valeur, de s’insinuer dans l’esprit de l’ex-nazi pour occuper ses pensées et y attiser ces émotions.

Rappelé à l’ordre par une crampe intercostale à son flanc blessé, l’ancien Allemand se força à laisser ses muscles se décrisper, à abandonner sa vaine exaltation. Il se concentra sur la façon dont les feuilles des arbres, frissonnantes, reflétaient les premières lueurs du jour. Ici, il arrivait à ignorer la supercherie de la CAT. Au milieu de ces bois, il se sentait bien. Fermant les yeux, il se laissa bercer par les bruissements bien naturels de cette forêt qui ne l’était pourtant pas.
 

Juan, El Matador !

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
C.A.T. - Créatures Anonymes de la Terre :: Cloître Extérieur (2e Sous-Sol) :: Forêt des Elfes-